Critique : Manhattan
« Il adorait New York ». New York, ses rues magnifiées par la musique de George Gershwin et Manhattan, hommage rendu par Allen à sa ville. Ambiance pleine de nostalgie pour un film que le cinéaste a voulu en noir et blanc. Rencontre et discussion chez "Elaine's", restaurant bien connu des new-yorkais où Isaac Davis passe une soirée entre ses amis et sa jeune petite amie que joue Mariel Hemingway. Mais c'est sans compter l'arrivée de Mary (Diane Keaton), journaliste arriviste qui classe Ingmar Bergman dans l'Académie des Surestimés et suscite de ce fait dans un premier temps l'antipathie d'Isaac. Le rapprochement des deux personnages s'établit au fil des spectacles, des promenades, des flâneries dans les quartiers de New York. Allen fait de sa ville le chaperon de cette histoire qui se concrétise réellement sur un banc dans une scène de romantisme pur. Ce plan devenu mythique dévoile l'amour du cinéaste pour sa ville qu'il semble cacher derrière les liens qui se tissent entre Isaac et Mary. Par un évident sens du plan, il montre son amoureuse sous son meilleur jour. Woody Allen filme un New York aseptisé : pas de danger lors des déambulations nocturnes, aucun sans-abri dans les rues, pas de confrontation à une réalité omniprésente chez Spike Lee par exemple. Car c'est avant tout l'âge d'or de la ville qu'il a voulu faire resurgir.
Le personnage de Mary incarne une volonté d'aller de l'avant et se révèle un moteur pour Isaac implanté dans sa vie, plus tourné vers le passé qu'entrain au mouvement. Il semble stagner alors que les femmes autour de lui avancent en permanence : Mary bien sûr mais aussi son ex-femme (séduisante Meryl Streep) qui vit pleinement son homosexualité et écrit un livre sur son passé pour mieux s'en détourner. Il semble ainsi que le réalisateur fasse honneur aux glorieuses années quarante et cinquante tout en prenant conscience du changement évident de New York. Une ville qu'il continuera à filmer dans ses longs-métrages suivants et dont il parvient rarement à se détacher. « New York était sa ville et elle le serait toujours ».
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(4.0)