Critique : Rize

Sophie Hay | 9 septembre 2005
Sophie Hay | 9 septembre 2005

David Lachapelle est surtout connu grâce à ses photographies. Son univers vif, coloré et exubérant marque son originalité, très appréciée par le monde de la mode, du cinéma, de la musique et de la pub. Il a réalisé une multitude de photos, de couvertures de magazines et d'albums ainsi que de nombreux clips pour les plus grandes stars : Moby, Jennifer Lopez, Britney Spears… Tout le monde a posé pour lui : Uma Thurman, Cameron Diaz, Madonna, Marilyn Manson, David Bowie, Paris Hilton, Elisabeth Taylor, etc… En tant que réalisateur, David Lachapelle avait déjà réalisé un court métrage sur le krump, Krumped, présenté au Festival de Sundance en 2004. Rize en est donc la continuité.

Le film s'ouvre sur des images d'archives de Martin Luther King puis enchaîne sur celles montrant les violentes émeutes qui ont eu lieu à Los Angeles en 1992. Enfin, les images de Lachapelle (tournées en DV certainement) apparaissent. L'histoire se concentre tout d'abord sur un jeune black vivant dans la banlieue de Los Angeles : Tommy Johnson alias Tommy le Clown qui accepte un jour de faire le clown à l'anniversaire de l'enfant d'une amie. Désireux d'apporter une énergie positive dans son quartier défavorisé de South Central à Los Angeles, il a alors l'idée de monter une troupe de jeunes danseurs-clowns et de louer ses services pour les anniversaires d'enfants du quartier.
Il n'imaginait pas le succès qu'il allait rencontrer auprès des jeunes et de leurs parents. Une cinquantaine de troupe de clowns hip hop existent aujourd'hui un peu partout dans le sud de la Californie. Par ce biais, Tommy le clown a réellement créé une nouvelle danse qui permet aux jeunes d'extérioriser leurs angoisses et leur haine tout en amenant de la joie et de la vie dans leurs quartiers.

Lachapelle nous présente également d'autres protagonistes du mouvement : La Nina, Lil C, Miss Prissy, Dragon, etc… Lors des matchs de « danse », ils jouent à la perfection le jeu de l'humiliation. Ces derniers sont de véritables « acteurs » ! « Ça krumpe grave ! » diraient les addicted frenchies qui se trouvent au premier rang de la salle de projection de presse. On visionne alors un match qui a lieu dans un énorme stade bourré à craquer. C'est déjà dire l'importance de ce mouvement là bas ! L'ambiance est survoltée.

Le film est une succession de séquences inégales :
- Séquence « émotion » (clin d'œil à Nicolas Hulot ?) avec l'enterrement d'une petite fille tuée sans raison.
- Séquence « Je crois en Dieu » avec le témoignage d'une jeune fille qui affirme trouver de l'espoir en Dieu et que ce dernier l'aide même à mieux danser.
- Séquence « humour » avec la rencontre d'un vendeur de cercueil.
- Séquence « révoltante » avec un cambriolage chez l'initiateur du mouvement krump.
- Séquence « Communion avec la nature » où on voit un jeune homme dansé, tout seul sur la plage, face à l'océan pacifique pendant un coucher de soleil.
- Séquence « Style Lachapelle » où on voit les corps bruns huilés de plusieurs danseurs dans un ciel bleu pétant.
- etc…

Lachapelle nous situe le contexte et traite donc des problèmes de drogue que rencontrent les jeunes du quartier, de la guerre des gangs (les parents appartenaient déjà pour la plupart à des gangs), de la confrontation entre les différents quartiers de Los Angeles… Tout part de là. Ces jeunes n'osent pas sortir de leur quartier. Les habitants d'Hollywood, par exemple, les méprisent et ont peur d'eux. Le manque de communication et la peur de l'autre font que chaque communauté se replie sur elle-même. À South Central, la famille, la religion et la danse sont plus que jamais les seules raisons de vivre pour les nouvelles générations. En plus d'être intéressant par ses propos, Rize vous donnera une folle envie de danser. Faites donc danser vos méninges !

Résumé

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