Critique : Final Cut

Laurent Pécha | 30 janvier 2005
Laurent Pécha | 30 janvier 2005

Découvert au dernier festival de Deauville, Final Cut arrive dans nos salles écourté d'une quinzaine de minutes par rapport au montage vu en septembre 2004. Un drôle de paradoxe au regard du titre du film mais après une nouvelle vision, force est de constater que les changements (et donc omissions) opérés ne changent en rien notre sentiment vis-à-vis du premier film de Omar Naim (cliquez sur interview pour y accéder). C'est ainsi que son Final Cut parvient à être pratiquement constamment à la hauteur de son ambitieux scénario. Film sur la mémoire et ses transgressions, mais aussi vigoureux plaidoyer sur la toute-puissance de l'image, Final Cut a cette incroyable capacité à bluffer sans arrêt son public en l'entraînant toujours plus loin, jalonnant ainsi son récit d'étapes-coups de théâtre comme autant d'initiations déstabilisantes visuellement et auditivement.

En réussissant le tour de force, surtout pour une première œuvre, de s'entourer d'une distribution de tout premier ordre (Robin Williams, Mira Sorvino, Jim Caviezel) et d'un des meilleurs directeurs de la photo sur le marché (le génial Tak Fujimoto, chef op attitré de Jonathan Demme), Omar Naim assoit très rapidement son film dans des hautes sphères techniques et artistiques. À ce titre, sans être impressionnants esthétiquement (du moins en terme de fric à l'écran), la vision (réaliste) du futur que propose Final Cut est pour beaucoup dans notre adhésion au récit, à l'image du superbe design de la console de montage tout en bois qui sert à Alan Hakman pour faire ses « films souvenirs ». Ainsi plongé dans un univers des plus crédibles, on s'avère parfaitement conditionné pour apprécier l'énorme richesse du postulat inventé par le réalisateur-scénariste qui épate par sa maturité thématique. Même pas trente ans et le bonhomme se permet de tenter et surtout de parvenir à imposer une réflexion extrêmement habile et sacrement d'actualité sur l'importance primordiale (et donc le danger de cette...) de l'image (le souvenir est-il plus fort que l'image et sa preuve ? ou au contraire L'image peut-elle violer et déformer la réalité d'un souvenir ?,…).

Si on dénote encore quelques maladresses (les motivations du personnage de « méchant » interprété par Caviezel manquent de profondeur, celui de Mira Sorvino méritait un traitement plus développé même si en deux-trois scènes, la comédienne rappelle s'il est besoin, son talent immense, notamment dans une émouvante scène de rupture) et un rythme volontairement lent, le récit souffrant de toute évidence du fait que Naim n'ait pas joué davantage la carte du thriller, Final Cut possède trop d'atouts pour ne pas emporter l'adhésion. Et selon la formule consacrée, Omar Naim est donc un réalisateur à suivre de (très) près.

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