Alien vs. Predator : critique monstrueuse

Vincent Julé | 26 septembre 2004 - MAJ : 04/03/2020 14:28
Vincent Julé | 26 septembre 2004 - MAJ : 04/03/2020 14:28

L'attente a été longue, très longue, depuis ce fameux crâne d'Alien dans la salle des trophées de Predator 2. Un mélange d'excitation et d'anxiété. Cette rencontre augurait le meilleur, mais pouvait occasionner le pire. Les souvenirs d'un Frankenstein contre Dracula, de Mothra contre Godzilla ou de Kramer contre Kramer (!) se bousculaient dans nos têtes. Rien de mémorable, jusqu'à l'année dernière et Freddy vs Jason. Ce match a priori éléphantesque entre deux icônes du cinéma d'horreur accouchait en fin de compte d'une souris. Une potacherie à mi-chemin entre le slasher et le teen-movie, où nos héros (chéris) se caricaturaient à l'extrême – Freddy jouant au flipper grandeur nature avec Jason. Le pire était donc à craindre pour la suite.

Malgré tout, le succès de Freddy vs Jason au box-office US, assuré par son seul titre, fut le feu vert à un autre projet, le seul, l'unique : Alien vs Predator. Pas besoin de revenir sur les monuments que sont ces deux franchises, et donc sur notre état mental à la suite d'une telle annonce. Le jeu vidéo, tonitruant, était déjà une promesse avant l'heure. Le rêve de voir, sur grand écran, ces deux monstres sacrés se foutre sur la gueule – car il n'est question que de ça – devenait réalité.

 

photo

Cet espoir tourna court à la nomination, au scénario et à la réalisation, de Paul W.S. Anderson, coupable de Mortal Kombat et Resident Evil, ancrés dans toutes les mémoires comme les meilleures adaptations cinématographiques de jeux vidéo (glurps). Au désespoir profond des premiers jours (heures ?), s'ensuivit une indifférence croissante, au fur et à mesure du développement du film. Que pouvait-on vraiment attendre d'un budget de 60 millions de dollars, là où il aurait fallu le double, entre les mains d'un manchot ? Rien, et la confirmation, aussi prévisible soit-elle, reste douloureuse.

Paul W.S. Anderson réussit en effet l'exploit de multiplier les mauvais choix. Faire abstraction des précédents films est une chose, prendre le spectateur pour un idiot en est une autre. Or, il annihile tout mystère ou effet de surprise en montrant les créatures face caméra dès le début, puis suit à la lettre, et lourdement, le cahier des charges des Alien et Predator : les « facehugger » (dans un horrible effet bullet time), le sang acide (3 ou 4 fois pour bien comprendre), l'invisibilité (en veux-tu, en voilà), la vision thermique (dégueulasse), etc.

 

Alien vs. Predator Sanaa Lathan

 

Ainsi, pendant une bonne heure, la bande de bras cassés réunie par Lance Henriksen (en pré-Bishop) se balade dans des couloirs, se faisant zigouiller les uns après les autres… hors champ. La grande classe ! À 20 minutes de la fin, moment inoubliable, le scientifique du groupe balance le plus sérieusement du monde : « Tout ceci commence à avoir un sens. » Il enchaîne ensuite avec un « L'ennemi de mon ennemi est mon ami », qui finit d'enterrer le film, puisque le Predator s'allie à un humain, nous privant définitivement du monstrueux mano à mano qu'on était en droit d'attendre (le film s'appelle bien Alien vs Predator ?). Pourtant, cette histoire de chasse aux aliens dans les pyramides incas, mayas ou égyptiennes avait du bon. Un court flash-back nous rappelle d'ailleurs ce qu'aurait pu être ce combat de titans. Malheureusement, la seule vraie confrontation du film, placée au bout de 55 minutes, se résume à une vieille empoignade, plan-plan, sans aucune folie visuelle.

 

Alien vs. Predator Poster

Résumé

Le plus navrant dans l'histoire, c'est que ce formatage d'un Paul W.S. Anderson, ou d'un autre, sur de tels projets rêvés, n'empêche pourtant pas un succès commercial immédiat. Selon cette logique, le pire est donc peut-être à venir. On en « tremble » d'avance !

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