Fumer fait tousser : critique des Power Rangers de Dupieux
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28 novembre 2022
- MAJ : 28/11/2022 16:54
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28 novembre 2022
- MAJ : 28/11/2022 16:54
Au Festival de Cannes 2022, Quentin Dupieux (Réalité, Le Daim, Au poste !) recevait une impressionnante standing ovation lors de la séance de minuit de Fumer fait tousser, une parodie absurde de sentai avec notamment Gilles Lellouche et Anaïs Demoustier projetée alors même que son film précédent (Incroyable mais vrai) n’était pas encore sorti en salles. Comment le public cannois a-t-il été séduit par le réalisateur ultra-prolifique qui, à l’heure où on publie, a déjà commencé le tournage de son prochain film ? Quantité peut-elle rimer avec qualité pour Quentin Dupieux, ou sa recette est-elle vouée à tomber dans la facilité ?
LOWER RANGERS
Benzène, Methanol, Nicotine, Mercure et Ammoniaque ne sont pas que les substances toxiques que l’on peut retrouver dans une cigarette. Ce sont aussi les cinq membres de Tabac Force, une équipe de héros qui luttent contre les méchants en les asphyxiant grâce à leurs pouvoirs toxiques. Dans leurs costumes moulants, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Jean-Pascal Zadi, Oulaya Amamra et Vincent Lacoste sont de dignes personnages de sentai, ces récits japonais dans lesquels un groupe de héros en combi casse de l’envahisseur mutant au déguisement douteux.
Justement, le film s’ouvre sur un affrontement entre les Tabac Force et un monstre pas très monstrueux qu’ils vont réduire en bouillie sanglante tous ensemble comme de vrais copains. Comme à son habitude, le réalisateur de Rubber se sent comme un poisson dans l’eau lorsqu'il navigue sur les codes du cinéma bis. Son regard à la fois moqueur et tendre sur le genre du sentai s’impose comme un parfait prolongement au ton décalé de sa carrière. Même paysages désertiques et ensoleillés, même malaise maîtrisé, même plaisir de voir des acteurs connus faire les idiots. On est chez le Dupieux qui gagne, et qui signe dans ces premières minutes de bagarre l’une des scènes les plus réussies du film, tant elle traduit fidèlement le ridicule des programmes dont la télévision des années 90 a abreuvé son jeune public.
Pause pas clope après le massacre
CHABAT FORCE
On regrette néanmoins que la parodie s’arrête ici, à peu de choses près, car le film délaisse assez vite son concept pour basculer dans l’intrigue à tiroirs, et utilise notamment la fameuse carte du feu de camp autour duquel les personnages vont se raconter des histoires. Chacun des récits équivaut à un petit film dans le film, avec scénario et casting à part entière.
Si la formule est d’abord assez plaisante, elle finit par donner l’impression d’un remplissage gratuit qui détourne le spectateur de l’histoire originale sans jamais le séduire autant. Dommage, car ces courts-métrages représentent autant de bonnes idées qui auraient mérité de faire l’objet d’œuvres indépendantes, courtes ou longues. Ici, rentrées au chausse-pied dans le récit principal, elles font office de confiture trop étalée sur la tartine d’un film qui s’éparpille.
"J'ai une blague à raconter, ça va vous occuper 10 min"
Néanmoins, même s’il y a à boire et à manger dans Fumer fait tousser, impossible de passer à côté du coup de génie du film, qui n’est autre qu’Alain Chabat. Enfin, non, pas tout à fait Alain Chabat, ce serait trop facile. Il s’agit plutôt de Chef Didier, la répugnante marionnette de rat qui sert de patron à nos pauvres rangers et à laquelle Chabat prête ses talents de doubleur. Seul personnage non-humain, il incarne si bien ce que l’esprit de Dupieux peut invoquer de plus drôle qu’il en est finalement le personnage le plus réussi du film.
Proche cousin (sûrement consanguin) du Mr. Oizo des clips du réalisateur, Chef Didier est un rat en feutrine pas mignon du tout, de la bouche duquel s’écoule constamment un liquide vert et visqueux. Détail qui ne l’empêche pas de donner ses consignes aux Tabac Force avec le sérieux d’un Charlie qui s’adresse à ses drôles de Dames, et ne l’empêche pas non plus d’être un véritable tombeur (car beaucoup de femmes en pincent pour les rats baveux, c’est bien connu, c’est le principe de l’hétérosexualité). Pour donner vie au rongeur, Chabat emploie sa désarmante sobriété dont le contraste avec l’aspect de la marionnette est hilarant, ce qui redonne un coup de boost au film chaque fois qu’il entre en scène.
On veut un duo avec Splinter
CLOPES ET CLOPINETTES
Et des coups de boost, le film en a besoin. Parce qu’à l’instar d’autres films du réalisateur, après un démarrage sur les chapeaux de roue et de bonnes idées disséminées à droite et à gauche, Fumer fait tousser abandonne toute réelle ambition de récit et peine à raccorder les wagons. Rapidement, le soufflé retombe : priver le spectateur de l’histoire qu’il était en train de suivre (et qui le faisait bien marrer) pour lui offrir des segments savoureux mais survolés, c’est extrêmement frustrant. La nonchalance de l’écriture trahit un refus de se fatiguer à conclure l’histoire et, paradoxalement, l’envie de faire une place au soleil à des idées secondaires, quitte à tout jeter dans le mixeur et livrer un film paresseux.
Dupieux quand tu lui parles de finir son scénario
Ce genre de formule fonctionne bien dans une économie qui était celle du Dupieux de Rubber et Wrong Cops, car le public des films de genre fauchés a un œil tolérant, si ce n’est aimant, pour les problèmes de production qui se voient à l’écran et se ressentent au scénario. Mais difficile pour le Dupieux actuel de plaider le manque de ressources. Sa réputation ne cesse de grandir et la moitié des stars du cinéma français caracole en haut de ses affiches – parmi les seconds rôles ici : Adèle Exarchopoulos, David Marsais, Grégoire Ludig, Dora Tillier, Benoît Poelvoorde…
Dupieux sait s’attirer la confiance d’acteurs qui font tout le piquant de ses films, et là aussi, il n’hésite pas à miser sur la quantité. Mais tenter de séduire par l’insouciance des films sans moyen, quand on n’en manque pas, ça fonctionne si on fait du pastiche comme dans la première séquence. Sinon, ça sonne un peu comme une arnaque.
Lecteurs
(2.4)28/06/2023 à 11:25
Je suis tombé sur ce truc par hasard mais vraiment bof. Ça traine en longueur et c'est pas génial du tout. Si la séquence avec Blanche qui sauve ce navet un peu trop bobo à mon goût. J'ai l'impression de voir un mec qui ne sait pas faire du Monty Python (dans sa scène d'intro) mais qui surfe sur une hype médiocre. Mais surtout que c'est mou !
28/06/2023 à 09:40
Film vu deux fois en deux mois. Autant j'étais incertain à l'issue du premier visionnage, autant le second m'a aidé à y voir plus clair. La séquence avec Blanche Gardin est sûrement la plus réussie, mais dans l'ensemble ça ne vole pas très haut. Quand on pense qu'à côté Dupieux réussissait à faire rire et émouvoir avec Incroyable mais Vrai, sorti la même année, c'est peut-être une invitation à tempérer le rythme de sortie de ses films. Mais je crois qu'avant toute chose, le bonhomme se moque de l'avis des autres et préfère tout simplement s'amuser avec ses copains acteurs et les jouets qu'il crée. Une certaine vision du cinéma, qui peut être rafraîchissante autant que décevante, pour quelques très bons films (Réalité, Wrong, Le Daim, Incroyable mais vrai).
05/04/2023 à 21:49
un moment va falloir le dire les films de Quentin Dupieux sont vraiment à chier !!! je sais bien qu'il faut du cinéma absurde et décalé bien franchouillard dont on peut être fier mais la lui un moment donné faut arrêté la blague ... Comment trouve t'il des financement pour nous pondre des bouses pareils ? a oui avec le système français qui permet à certain de ce gaver sur nos impôts alors qu'ils ne font aucune entré en salle ! Toujours cette petite caste qui bouffe toutes les subventions et laisse rien au jeune qui ce lance et font des demandes de financement et ce voit recalé
30/03/2023 à 23:41
Bouse cosmique. Et pourtant j aime bien d habitude l univers Dupieux. Comment flinguer une idée sympa et fabriquer du néant. Alors comment réunir un tel casting sur un film pareil...Simplement parce que pour les comédiens c est bien d accrocher Dupieux sur leurs cv. Si le mec s était appelé Dupont, je pense qu'il ne seraient même pas allés jusqu'à la page 10 de cette grosse purge.
20/12/2022 à 16:02
"Proche cousin (sûrement consanguin) du Mr. Oizo des clips du réalisateur, Chef Didier est un rat en feutrine pas mignon du tout, [...]"
Chef Didier est surtout un hommage assumé (à la limite du plagiat !) des Feebles de Peter Jackson.
Dupieux en a parlé dans son dernier "Vidéo Club" sur Konbini justement.
05/12/2022 à 10:50
@pop belle façon d'essayer d'argumenter, j'adore.
Évite de dire n'importe quoi si tu ne veux pas être contredit.
Je défends pas les films de Dupieux, je parle surtout de la production mais apparemment tu connais le système de fabrication/ production mieux que tout le monde, donc je laisse continuer de fabuler.
05/12/2022 à 10:02
@Hugo Flamingo un conseil : évite d’être prolixe ça n’intéresse personne et ne remplace pas l'objectivité.
C'est plus long qu'un script de Dupieux mais surement aussi creux.
J’espère que tu trouveras d'autres prétextes pour pérorer en société, personnellement j'ai mieux à faire.
02/12/2022 à 08:46
@pop : tu balances comme ça des inepties sans savoir du tout de quoi tu parles.
''Pourquoi ils veulent tous tourner dans ses films ?
Parce que c'est rapide, pas très exigeants, et qu'il y a un fric fou à se partager "entre-soi".''''
1) Alors déjà s'il est rapide et efficace, c'est qu'il est professionnel (je parle d'un point de vue de la production et du plan de travail qu'il doit respecter)
2) pas très exigeant : qu'en sais tu, as tu été sur l'un de ses tournages et tu t'aies rendu compte qu'il enchainait les prises sans réelle conviction ou sans savoir ce qu'il veut comme résultat ? Peut-être étais tu avec lui en montage alors et tu as constaté qu'il prenait n'importe qu'elle scène sans se soucier de choisir la meilleure ?
3) j'ai pas le temps et l'énergie de te faire un cours de production, et tu sembles en savoir tellement plus que moi... donc je vais tenter de t'expliquer, mais si tu n'enregistres pas l'info, je suis vraiment désolé pour toi, je ne peux pas comprendre à ta place (et de toute façon une fois encore, tu tires des conclusions non fondées avec une haine que tu n'arrives qu'à justifier et disant des mensonges que tu inventes) : il n'y pas un fric fou sur les films de QD, il a très longtemps été largement en dessous des budgets moyens (ce qui fait pas mal d'argent mais encore faudrait il comprendre comment il est réparti, et pas que dans les salaires des stars, je reviendrai là dessus après) ; aussi, on peut s'en prendre autant qu'on veut à ce monsieur, mais ce n'est pas un banquier, ce n'est pas lui qui cherche les financements, ni ne trouve des partenariats et co prod, mais c'est une boite de production qui s'associe à une autre boite ou plusieurs prod, + les aides des régions (là encore demandées par les prods), + les 'film fund', + detax de tourner dans tel pays, + l'argent investi par le distributeur etc etc etc.
4) au niveau des acteurs : je ne peux m'engager sur le salaire des vedettes du dernier film, mais saches que justement, les actrices et acteurs s'engagent avec lui parce qu'on ne leurs propose pas ce genre de rôle ailleurs et que ça les botte de ouf donc acceptent de tourner avec et pour lui, même pour 10 fois moins qu'ailleurs. Des contre emploi qui les excitent, mais certainement pas la fiche de paie.
5) quant à l'entre soi : je peux comprendre ta rage qu'il ne t'ait pas appelé, ou moi ; et oui le cinéma français c'est du copinage, mais que ce soit chez lui ou ailleurs ou même dans les films d'auteurs ou les comédies avec christian clavier, c'est la même chose ; à la différence, que QD, lui, réussit un savant mélange de profils qu'il réunit la plupart du temps pour la première fois à l'écran.
6) et pour boucler la boucle, niveau argent et efficacité et entre soi : là encore comme très souvent, sur ce film, il est scénariste, réalisateur, chef op, et monteur : et non il ne cumule pas 4 salaires de chef de poste ; mais financièrement, je peux t'assurer que en faisant ça, c'est des 100 000aines de milliers d'euros d'économiser et qu'il réussit ainsi à rendre son film produisible et qu'il le mène à terme.
On peut ne pas aimer le gars, son attitude, ses films, mais je crois que pour vraiment le critiquer, il faut un peu plus argumenter. Je constate une haine dingue envers ce gars alors que (je ne citerai pas de noms, on va me reconnaitre au boulot) d'autres réal s'en mettent vraiment plein les fouilles, pour des résultats à la fois artistiques et en terme de nombre d'entrée, catastrophique.
“C’est une entreprise bien difficile que de faire rire les honnêtes gens. Et les autres donc !” J-C Carrière
01/12/2022 à 09:52
Pourquoi ils veulent tous tourner dans ses films ?
Parce que c'est rapide, pas très exigeants, et qu'il y a un fric fou à se partager "entre-soi".
J'ai pas encore eu le temps de visionner Mandibules, il a tourné 2 nouveaux films depuis...
01/12/2022 à 01:59
J'ai vu tout ces films, car oui Quentin Dupieux propose un cinéma assez "différent" en France. J'ai vraiment aimé Steak, mais je pense que c'est plus pour son casting qu'autre chose. Et concernant ses autres films, je les ai vu mais vite oublié, rien ne me reste.
J'ai vu Incroyable mais vrai il y a peu, ça suis le même schéma.
On est clairement dans de l'entre-soi, du copinage de baubaus parisien hors sol qui savent qu'il faut absolument avoir tourner dans un Dupieux car ça fait son effet sur le CV. Comme le late show d'Alain Chabat. Alors oui je préfère bouffer ça qu'une énième bouse avec Clavier mais c'est quand même pas glorieux, je trouve ça vide.
Et pourquoi Jean Pascal Zadi est partout. Il est très mauvais acteur ce mec. Et il s'est fait refaire les chicots donc plus aucun intérêt.