Medieval : critique du sous-Vikings de Netflix

brave cpu

Petr Jákl, le réalisateur de Jan Žižka (ou Warrior of God, selon les sources), renommé Medieval au forceps (pour d'obscures raisons marketing on imagine), est un ancien judoka devenu acteur/cascadeur de films d'action. Il a été vu dans quelques trésors de l'humanité comme xXx, Alien vs. Predator, Bad Company ou encore Sex Trip (honnêtement le meilleur de la liste avec un cameo génial de Matt Damon), avant de devenir réalisateur à non-succès.

Si son premier film Kajínek lui a apparemment octroyé une certaine popularité dans sa République Tchèque natale, on ne peut pas en dire autant de son deuxième, Ghoul, un film d'horreur complètement inconnu passé au lance-flammes par la critique.

Ben Foster et Michael Caine sont dans un film tchèque en bois

C'est donc en toute logique qu'on lui a confié les rênes du film le plus cher de l'histoire de la République Tchèque, racontant l'histoire du héros national Jan Žižka, avant un atterissage en catastrophe sur Netflix. Mais ne nous moquons pas, après tout, la France est bien responsable de Vercingétorix, mollo donc sur les leçons.

Par ailleurs, il faut tout de même admettre que si Medieval a en partage l'ambition de faire un Braveheart tchèque - quoique remis à la sauce médiévale du XXIe siècle à savoir : faire tout comme Vikings -, au moins il ne descend pas au niveau du turbo nanar cancérigène non remboursé par la Sécu.

Engagez-vous, rengagez-vous qu'ils disaient à Écran Large

MEDIEVALLée de l'étrange

Une qualité autant qu'un défaut, car cela aurait pu conférer à Medieval un caractère divertissant. Mais non, Medieval est juste un film générique au possible, qui existe quelque part dans ce territoire brumeux entre le nul et le bof, là où l'on range ces films qui sont autant de nouvelles propositions de définitions du vide. En deux mots : Medieval existe, Medieval indiffère. Et malgré les belles inspirations évidentes piochées dans divers films historiques (notamment chez Ridley Scott) et un certain charisme se dégageant du casting, Medieval n'accomplit jamais rien, n'excite jamais.

On y revient, mais le film de Petr Jákl donne constamment l'impression d'être face à un gros épisode de Vikings, mais avec encore moins de moyens financiers et une photographie encore plus délavée. Peut-être y'a-t-il d'ailleurs une bonne série cachée dans l'histoire de Jan Žižka, mais en l'état, Medieval prend si peu la peine d'établir les enjeux de son histoire et de sa personnalité, qu'il est impossible pour le spectateur de se raccrocher à ce protagoniste sans caractère perdu dans une histoire sans saveur. Pire encore : le ton hagiographique du film confère à l'ensemble une tournure un tantinet ridicule, tant Medieval donne à son héros un incompréhensible traitement quasi messianique.

De la barbe de compèt ça

NOURRIR LE DIEU DANS LA MACHINE

A l'arrivée, Medieval est un film plein de péripéties et pourtant vide de substance, un récit qui tient certes debout (malgré quelques scènes confuses) mais sans histoire. Il se passe beaucoup de choses qui ne racontent rien, et c'est d'autant plus bizarre que sur exactement le même sujet, le jeu vidéo Kingdom Come : Deliverance avait réussi à délivrer une quête prenante. En creux, Medieval fait accidentellement apparaître une limite du cinéma par rapport à d'autres modes de narration, et par-là même établit presque un postulat esthétique intéressant.

On dit bien presque, car, à la fin du jour, Medieval n'échoue pas tant parce qu'il est le mauvais medium pour la bonne histoire, mais simplement parce qu'il est un mauvais film tout court d'un auteur (et oui, Petr Jákl est réalisateur, scénariste et même producteur) sans aucune inspiration. Un auteur qui est doté d'un sens de la narration extrêmement faible, singeant des codes classiques sans les comprendre, mais dont le simulacre artistique est suffisamment convaincant pour arnaquer un algorithme : du cuir, de la violence, de la boue, une photo cyanosée et des grosses barbes qui font roar. L'avènement du contenu et le déclin de l'oeuvre en somme, et encore une preuve que Netflix achète et revend du temps sous vide.

Medieval est disponible sur Netflix depuis le 8 novembre.