Prey : critique à la Predator sur Disney+

Mathieu Jaborska | 5 août 2022 - MAJ : 06/08/2022 22:57
Mathieu Jaborska | 5 août 2022 - MAJ : 06/08/2022 22:57

Disponible le 5 août sur Hulu aux États-Unis et Disney+ Star en France, Prey aura la lourde tâche de déterrer la saga Predator, (injustement) honnie depuis l'improbable The Predator. Parfois directement comparé au classique de John McTiernan par une presse hollywoodienne décidément de moins en moins digne de confiance, ce nouveau long-métrage mis en scène par Dan Trachtenberg (le sympa-mais-sans-plus 10 Cloverfield Lane) a-t-il les épaules pour relancer la franchise ? Pas vraiment, et c'est justement sa principale qualité.

Mais avant, notre classement de la saga Predator, du pire au meilleur film.

Prey à porter

Peu importe que le réalisateur du film 10 Cloverfield Lane, mais aussi du premier épisode de The Boys, soit aux commandes de Prey. L'idée même de voir Mickey poser ses sales pattes de rat opportuniste sur un monstre aussi culte avait de quoi faire grincer des dents. En dépit de quelques bonnes surprises, on sait à quel point la multinationale affectionne les univers étendus, les cliffhangers nostalgiques et tout autre procédé qui transforment les oeuvres remarquables dont elle s'est arrogé les droits en soap opera. Soit exactement ce dont Predator devait se tenir éloigné.

 

 

Sauf que Prey, autrefois connu sous le titre de production Skulls, est en fait un projet de longue date initié par la Fox indépendamment de son acquisition par Disney, pendant la production de The Predator. À l'époque, le lien avec la licence fut passé sous silence, du moins jusqu'à ce qu'un article de Deadline dévoile le pot au rose, au grand dam du cinéaste, qui aurait adoré jouer sur l'effet de surprise.

 

Prey : photoLa mort est dans le Prey

 

Et à la vision de son film, on comprend pourquoi. Justement aux antipodes du modèle hollywoodien du moment, il refuse de rajouter d'énièmes strates supplémentaires à la mythologie Predator, d'alourdir une franchise déjà un peu trop chargée ou même de tisser un quelconque lien avec ses prédécesseurs. En éliminant toute tentation démiurge et en choisissant comme toile de fond une période déjà encombrée d'enjeux politiques, il revient aux fondamentaux : un monstre, une héroïne, une épopée violente et personnelle et une chasse à l'Homme ininterrompue de 1h30 top chrono, générique exclu.

Un minimalisme qui le distingue instantanément de l'approche crétino-mégalo-bourrin de l'ami Shane Black et de ses élucubrations narratives les moins défendables (le traitement de l'autisme !). Ici, l'alien n'est plus un émissaire venu sur Terre glaner des buffs pour sa race, mais le bon vieux chasseur qu'on a appris à adorer et craindre devant la caméra de John McTiernan. Face à lui se dresse la jeune Naru, Comanche qui voudrait chasser aux côtés des guerriers les plus respectés de sa tribu. Pour prouver sa valeur, elle se lance dans une traque mystérieuse. Mais bien évidemment, la prédatrice va devenir la proie.

 

Prey : photo, Amber MidthunderNaru, tôt

 

La revenante

Pourtant proposé en Comanche sur la plateforme, Prey n'est donc pas particulièrement bavard. Se gardant bien de tirer de grandes conclusions du cadre historique, Patrick Aison (dont c'est le premier long-métrage en tant que scénariste) s'en sert principalement pour varier les terrains de chasse ou le gibier de sa vedette extraterrestre et pour concentrer les enjeux autour de son héroïne, interprétée par l'excellente Amber Midthunder. Rien de plus, rien de moins, juste un face à face finement motivé qui vire vite au survival, puis au jeu de massacre.

De son aveu même très inspiré par The Revenant, au point de rendre hommage à sa scène la plus célèbre, Dan Trachtenberg reprend sa charte esthétique avec plus ou moins de succès (la photographie vert-gris ne sied pas à toutes les séquences, n'est pas Emmanuel Lubezki qui veut) et s'essaie à un style de mise en scène forcément plus fluide que dans le huis clos qui l'a fait connaître au grand public.

 

Prey : photoDemain tout Comanche

 

Sans toutefois tenter de copier les plans-séquences interminables d'Iñárritu, il s'amuse à parcourir les étendues naturelles traversées par les personnages, à relier les différents décors entre eux avec sa caméra et même à utiliser l'invisibilité du Predator comme d'une lentille surnaturelle. Soulagé de ne pas avoir à présenter son antagoniste, il exploite d'emblée ses caractéristiques visuelles. De même qu'il ne laisse pas planer le suspens longtemps sur la nature de la menace, mais n'oublie pas pour autant de coller dans les pattes de son héroïne une bonne partie de la faune carnivore locale, histoire de faire durer le plaisir.

Bref, The Revenant lui sert de modèle pour le traitement du survival, jusqu'à la seconde partie, et son virage vers le cinéma d'action pur, effectué avec une délectation palpable et à grand renfort de moments de bravoure fort divertissants. Prey peut se targuer d'avoir un des bodycount les plus élevés de la saga, puisque le Predator n'hésite pas à trucider ses adversaires par brochettes entières lors d'affrontements bien bourrins.

On lui pardonne volontiers une overdose d'effets gores numériques et un climax aussi timide qu'imprécis : mine de rien, les petites séries B bien troussées, bien produites et modestes restent des denrées rares, surtout dans le cadre de grosses licences. Parfois, l'absence de révolution est déjà séditieuse.

Avez-vous vu ce lien amusant entre Prey et Predator 2 ?

Le film Prey est disponible sur Disney+ depuis le 5 août

 

Prey : Affiche française

Résumé

Qu'attendre de la saga Predator désormais, sinon une humble chasse à l'homme emballée avec rigueur ? Ça tombe bien, c'est très précisément ce que nous propose Dan Trachtenberg. Et ça suffit pour en faire une très bonne surprise.

Autre avis Antoine Desrues
Trachtenberg se réapproprie l'idée du huis-clos à ciel ouvert pour un survival malin qui transforme le Predator en monstre colonisateur. Une réinvention habile de cette icône malmenée du cinéma, pour une série B diablement bien troussée et efficace.
Autre avis Geoffrey Crété
Loin des errances délirantes (mais passionnantes) des suites de Predator, Prey remplit dignement sa petite mission de retour aux sources. Dommage que le film n'embrasse jamais véritablement sa dimension survival, et reste finalement si gentil.
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Lecteurs

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commentaires
Marc
19/08/2023 à 18:20

Prey le prequel de PREDATOR en Blue Ray le 3 octobre 2023 au US en France plus tard. Le film est excellent et NARU la première commanche avoir tué un PREDATOR en 1719

Arma
20/02/2023 à 11:40

Personnellement j'ai adoré. Mais je suis peu objectif car j'adore le lore autour de la série Prédator.

Cette mise en scène autour de cette tribu améro indienne m'a enthousiasmé. L'actrice est top. Les scènes et paysages magnifiques. Il y a aussi tout ces corrélations entre les croyances de certaines tribus indiennes d'amérique du Nord et ceux qui descendent du ciel. Bref pour moi le meilleur prédator après le premier.

Marc en RAGE
28/11/2022 à 12:39

PREY vu la qualité de ce film un prequel 1719 NARU une comanche dans le ciel un nuage on devine un vaisseau. Le PREDATOR apparaît sans son camouflage la chasse est ouverte. POURQUOI PREY LE MEILLEURS FILM SUR LA SAGA PREDATOR ON NE LE VERRA SUREMENT JAMAIS AU CINÉMA .

Srx
11/11/2022 à 13:03

Tellement d’envolées lyriques inutiles c’est plus fatiguant qu’un message de modo discord à lire votre article

ropib
06/09/2022 à 12:19

Ce film nous rabiboche un peu avec la licence. On se dit qu'il est donc possible de faire autre chose que de la bouse.
Pourtant les producteurs semblent avoir réussi à imposer au réalisateur la scène d'introduction du Predator qui n'était pas nécessaire. De même il n'était pas nécessaire de le rendre visible sans arrêt. Certes son apparence étant désormais connue il n'est pas nécessaire d'entretenir particulièrement le suspens sur celle-ci, néanmoins son apparence étant connue il n'est pas non plus nécessaire de particulièrement la montrer : ce qui compte c'est que pour les humains cette apparence soit encore inconnue et que nous nous mettions dans leur peau.
> Plus d'invisibilité
> Plus de mystère sur l'arrivée du Predator
= ça aurait vraiment bien

Certaines scènes de combat étaient jolies. Cependant ils auraient pu prendre des acteurs francophones pour jouer des personnages francophones, et écrire des dialogues, même minimaux... pour les spectateurs francophones les scènes en question sont un peu douloureuses.
Enfin il aurait été sans doute possible de mieux filmer la stratégie des trappeurs, de les rendre un peu plus intelligents, voire un peu plus effrayants eux-mêmes pas juste par leur cruauté envers les animaux mais par la violence intrinsèque de la structure sociale industrieuse (qui n'est pas bébête). De même avec un peu plus de rythme et de construction, la réponse du Predator en serait ressortie plus impressionnante... lui-même est montré plus comme un guerrier que comme un chasseur, et c'est dommage. Je trouve qu'il y a une sorte de confusion qui s'est installée entre Predator et Klingon en fait. Il me semble intéressant que le Predator joue avec sa proie, lui laissant régulièrement une chance, plutôt qu'un rentre-dedans attaquant tous azimuts. On aurait pu imaginer voir les trappeurs mettre au point des pièges élaborés, puis découvrir que le Predator les observe, avec sa vision défaillante ne voyant pas bien les pièges, mais néanmoins les déjouant les uns après les autres et les retournant lui-même contre ses proies. Le fait que nous découvrions les pièges des trappeurs en même temps que le Predator, et que celui-ci en réchappe par la force brute, nous conforte dans l'idée qu'il est un peu nouille. Le fait que l'héroïne réussisse par la suite à retourner les armes du Predator contre lui-même ne nous impressionne pas particulièrement : c'est un guerrier qui fait des démonstrations de force contre des prédateurs, et qui se fait avoir par des chasseurs... au final c'est "normal" et il n'y a pas le retournement promis par le titre.

Je pense que cette transformation du chasseur en guerrier, l'enchaînement des démonstrations de puissance plutôt que la tension de la traque... c'est ce qu'ont compris les studios de la licence et des attentes des spectateurs. Alors que, quelque part, ce film, s'il avait mieux représenté les occidentaux industrieux, aurait justement pu dénoncer ce rapport à la puissance et à la domination, celui des studios (en eux-mêmes et qu'ils projettent chez leurs clients). Ce film aurait pu être vraiment bon, il est juste relativement bien... ce qui est déjà beaucoup relativement à la licence qui a fait vraiment servi de support à la nouillerie la plus infecte.

Miami81
31/08/2022 à 00:09

Belle surprise au final que cet inattendu Prédator. Une réalisation qui tient franchement la route, des acteurs qui se donnent à fond, un inventaire exhaustif (je pense) des armes du predator. Du pur fun.

andarioch1
29/08/2022 à 13:58

Les 20 premières minutes m'ont donné envie de traquer du cougar à red dead redemption 2.

BudSpencer
27/08/2022 à 00:12

C'est dommage, aucun personnage vraiment marquant, une réalisation molle et impersonnelle, du remplissage et une musique inexistante.
Un téléfilm typique des plateformes. Le predator fait son petit massacre, c'est déjà ça mais rien qui ne sera pas oublié dès le lendemain.

Matrix212
12/08/2022 à 23:42

Excellent film , on en veut plus comme sa , moi qui avait était déçu de la bouse produite en 2018 on a affaire cette fois à un film top bien gore et qui tient la route et reste très sérieux

villago
12/08/2022 à 16:21

et bien entendu, les méchants du film , hors comanches ou alien, sont des trappeurs français ( comme dans the revenant )

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