Sans répit : critique qui (Gastam)bide sur Netflix

Mathieu Victor-Pujebet | 25 février 2022 - MAJ : 25/02/2022 15:33
Mathieu Victor-Pujebet | 25 février 2022 - MAJ : 25/02/2022 15:33

Alors que Netflix (s')investit de plus en plus dans le cinéma français, un nouveau film d'action hexagonal débarque sur sa plateforme. Remake de l'excellent Hard Day de Kim Seong-hunSans répit s'intéresse à un policier corrompu - joué par Franck Gastambide - qui va être embarqué dans une spirale infernale après avoir accidentellement percuté un homme en voiture.

Dure journée pour Netflix

Le premier long-métrage de Régis Blondeau reprend donc l'intrigue et la quasi-entièreté des péripéties du film de Kim Seong-hun, en retravaillant cependant son ton. En effet, Hard Day avait la particularité de constamment booster la tension et la nervosité du thriller par une charge grotesque que le film exaltait bien volontiers. En résultait un film émotionnellement riche et, pour le coup, sans répit, qui s'amusait avec ludisme des situations funambulesques du personnage principal.

 

 

C'est ainsi que ce remake français pose un postulat de départ pas inintéressant : reprendre le récit du film coréen, mais en lui offrant une lecture plus grave et asséchée de son humour noir. Dans les faits, cette idée se retrouve vite parasitée par une veine tentative de doper certaines séquences - de confrontations notamment - avec des gimmicks déjà vus, mais qui ne font que boursouffler superficiellement l'action.

L'écriture lacunaire de Sans répit l'empêche donc de complètement spectaculariser le film original, le rendant parfois même incohérent et risible. Ce qui est pour le moins ironique puisque le long-métrage tente de balayer le comique de Hard Day en étouffant les élans presque burlesques de l'accumulation de péripéties du personnage. Le film n'est cependant pas assez bien charpenté pour pouvoir résister à ce remaniement qui l'empêche de réellement trouver son ton.

 

Photo Franck GastambideGastambide en héros d'action musclé ?  

 

le répit des techniciens

En effet, si Hard Day passionnait par sa souplesse de ton, Sans répit a du mal à choisir entre le polar âpre et réaliste, et l'actioner bourrin et musclé, l'empêchant ainsi de bien digérer l'héritage comique qu'il veut évincer. Cette hétérogénéité de registres est d'autant plus problématique que l'efficacité du genre dans le film est parasitée par un montage et un découpage hasardeux et superficiel. Les séquences d'actions sont surdécoupées, le tout filmé dans des décors complètement interchangeables captés sans grande conviction.

Il en est de même pour l'interprétation mécanique des comédiens, aussi éteints que leurs dialogues sont caricaturaux. La physicalité de Franck Gastambide est complètement étouffée par un jeu en sous-régime, de la même façon que Simon Abkarian et Michaël Abiteboul ont bien du mal à composer avec les archétypes sans âme et sans intérêt attachés à leurs personnages.

Par ailleurs, Régis Blondeau étant à l'origine chef opérateur (On a marché sur Bangkok, Mais qui a tué Pamela Rose et les deux Les Profs), on aurait pu au moins s'attendre à une attention minime à l'attractivité de l'image, sans pour autant parler de grand geste créatif et pictural... Non, le moindre recoin du cadre est éclairé, pas d'ombre, pas d'ambiguïté, pas de tension. Difficile donc de trouver une forme de technicité et de savoir-faire dans ce Sans répit qui se contente d'appliquer des formules et de le faire laborieusement.

 

Photo Franck GastambideQuand le réalisateur de Sans répit tente de diriger Franck Gastambide

 

Y a-t-il un flic pour sauver sans répit ?

Plus qu'un thriller très abouti, le Hard Day de Kim Seong-hun était également une attaque, simple, mais pas moins acide, envers la police sud-coréenne et sa corruption. Les membres des forces de l'ordre y étaient peints à la fois comme de grands guignols, mais aussi comme des gangsters prêts à tout pour sauver leur peau. Un système complètement corrompu y était mis en scène, où l'abus de pouvoir sonnait comme un sixième sens pour les protagonistes principaux.

Sans répit, quant à lui, se désintéresse complètement de sa peinture au vitriol des gardiens de la paix. Pire que ça, le film transforme le groupe mal aimable - mais que l'accumulation de rebondissements rendait attachant - de Hard Day en une poignée de lascars dont les méfaits sont toujours justifiés et amoindris de leur gravité.

 

Sans répit : photo, Tracy GotoasMême l'énergie de Tracy Gotoas ne vient pas à sauver son personnage

 

En témoigne le personnage de Marc. Son équivalent coréen était une figure conflictuelle à celle du personnage principal, mais, dans le film de Régis Blondeau, il devient le meilleur ami de Franck Gastambide et un gentil flic qui se remplit gentiment les poches pour le bonheur de sa femme à qui il n'a jamais pu offrir d'enfant. Sans répit évacue donc toute ambiguïté envers ses personnages, au point d'en devenir presque problématique.

On notera l'effort de Régis Blondeau et de son co-scénariste Julien Colombani pour tenter de féminiser un peu leur récit, notamment à travers le personnage de Tracy Gotoas. Dommage néanmoins que ça ne soit que par le biais d'une caractérisation qui ne va pas au-delà de la pauvre stagiaire victime de misogynie et de dialogues évidents et appuyés. Sans répit témoigne donc, une fois de plus, de sa maladresse à raconter quoi que ce soit sur le monde qu'il tente de dépeindre au-delà du simple thriller.

Sans répit est disponible sur Netflix depuis le 25 février 2022

 

Sans répit : Affiche officielle

Résumé

Sans répit est une tentative inaboutie de muscler le Hard Day de Kim Seong-hun. Mais au lieu d'être sans répit, le film de Régis Blondeau est surtout sans recul, sans artisanat et sans personnalité. Un long-métrage qui n'a d'autre intérêt que de servir d'argument aux détracteurs d'un certain cinéma de genre français, bien plus riche et stimulant que ce que Netflix nous en laisse voir ici.

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commentaires
guy
07/04/2022 à 17:12

sans repit film excellent merci a frand gastembide c est quoi ses ces critiqes par des imbeciles

Kelso
13/03/2022 à 23:30

Et bien, c'était très mauvais, c'est pas encore aujourd'hui que les français sauront faire de bons films d'action/thriller/policiers. C'est plat, mal mis en scène, un casting très très moyen (Gastambide en tête), un scénario mal mis en place (la version originale que je n'ai malheureusement pas vu doit être nettement meilleure), mal filmé, etc etc... je n'ai pas un mot positif pour ce film, et c'est bien dommage, j'essaie toujours de donner une chance au cinéma français mais chez moi ça ne marche jamais, c'est toujours une déception. Pourtant à une époque les français faisaient de bons films, mais ça c'était avant...

Kehinde
03/03/2022 à 11:59

Une chose qui m'a frappé, sur la bande-annonce et même sur l'affiche, il est inscrit "un film Netflix", et pas " un film de + *nom du réalisateur*".
Même si il est évident que le réal est ici un tâcheron, c'est quand même intéressant de constater à quel point la marque se substitue à la signature de l'artisan.
Surtout qu'il s'agit d'un premier film, et que ç'aurait été une manière de commencer à être identifié.

Gasterson
02/03/2022 à 18:52

Autant dire que ce film sent bien l'indigestion de biffetons. Je viens de résilier mon abonnement à Netflix qui devient un robinnet à m#$@e !

Crocodu24
02/03/2022 à 17:09

C' est pas faux

Zarbiland
02/03/2022 à 09:49

Gastambide c'est vraiment l'étron du cinéma français. Pattaya, Taxi 10, Validé et ce sans répit d'une nullité absolue.

Jinpa
01/03/2022 à 21:55

Un film completement incoherent ou rien n'est plausible. Vraiment à ne pas regarder.


01/03/2022 à 10:52

Je suis tombé sur le DVD original hard day de Kim seong hun par hasard le jour de la sortie sur Netflix de sans répit. J'ai lu le scénario qui m'a donné envie de l'acheter. Je l'ai regardé et apprécié. Après le visionnage j'ai cherché quelques choses de nouveau sur Netflix et je suis tombé par hasard encore sur sans répit sans savoir qu'il était le remake de hard day, je l'ai compris des lors des premières minutes de visionnage. J'ai trouvé l'ensemble pas mal, mais il reste une copie intégrale de l'original, aucune touche apporté. C'est dommage

Soleil
27/02/2022 à 10:51

Pas accrochée. Sans grand internet ce film. Très déçue.

Gibson
27/02/2022 à 10:29

Mdr la critique de "Mathieu Victor pujebet" comment tu veux etre objectif avec un type qui a à peine 20 ans je suis sur que c'est sa maman qui a corrigé les fautes d'orthographe.
Ce monde me désespère.
Le film était excellent j'ai passé un très bon moment.

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