Fear Street - Partie 3 : 1666 - critique pressée d'en finir sur Netflix

Raphaël Iggui | 16 juillet 2021 - MAJ : 19/07/2021 09:53
Raphaël Iggui | 16 juillet 2021 - MAJ : 19/07/2021 09:53

Après le climax hautement séduisant du deuxiéme volet, Fear Street - Partie 3 : 1666 doit désormais répondre à toutes les interrogations en germe depuis le premier épisode tout en ayant un boulevard pour enfin s'amuser avec les différents genres que la trilogie a convoqués. Malheureusement, ce dernier chapitre conclut la série avec les mêmes tares que le premier volet. Attention SPOILERS ! 

1666 problems 

A la fin de Fear Street - Partie 2 : 1978, le personnage de Deena se retrouvait ainsi en 1666, enfermée dans le corps de Sarah Fier, la sorcière qui serait à l'origine de tous les malheurs de la ville de Shadyside. Un tel climax laissait présager un jeu d'écriture un peu plus malin que les deux premiers volets, utilisant le passé pour rejaillir sur le présent, décortiquant des thématiques aux résonances contemporaines à la lumière des dynamiques sociales de cette époque révolue. Un jeu d'aller-retour pas très novateur, mais qui aurait eut le mérite de donner un peu d'épaisseur au film. 

Le long-métrage vous laisse vous accrocher à un tel espoir pendant quelques minutes, tous les personnages de 1666 ayant la même apparence que ceux de 1994 et 1978 réunis. Fear Street - Partie 3 pourrait décider d'en jouer et de flouter les frontières de la réalité pour son héroïne, mais ce tour de passe-passe visuel n'est là que pour permettre au spectateur endormi depuis le premier volet de ne pas se sentir perdu. Jamais cette symètrie n'est pensée ou mise à profit. Les djeuns vivent des trucs de djeuns, se roulent des patins, se bourrent la gueule et se défoncent avec des baies ; le tout dans une Rave forestière version version pères fondateurs. 

 

Photo, Benjamin Flores Jr., Kiana Madeira"Hé tu cherches pas des baies ? Promis, elles viennent d'Amsterdam."

 

Même constat quand à la relation de nos deux protagonistes lesbiennes. AmmoniteThe World to ComePortrait de la jeune fille en feu...ces dernières années ont vu des films replaçant la sexualité lesbienne dans des contextes historiques pour mieux interroger sa représentation dans nos sociétés contemporaines. Une piste que semblait suivre la trilogie Fear Street dès le premier épisode qui se déroulait en 1994, où lesbianisme rimait avec exclusion sociale. 

Les événements inexpliqués du village vont trouver leur justification, la corruption supposée Sarah Fier, pointée du doigt suite à un flirt à l'érotisme de station service avec la fille du pasteur. Une dynamique classique de peur de l'inconnu et d'ignorance mélangées qui méne à une violence irraisonnée. Seulement, on ne voit jamais le cheminement mental de la communauté et son délitement, la perte de repères qui les ménerait au point de non-retour. Tout le monde accepte tacitement d'étriper ces deux jeunes femmes et aucune réflexion n'est menée, ni dans le scénario ni dans la population de la colonie. 

 

Photo, Kiana MadeiraUn passé qui apporte un éclairage limité

 

Idem sur la question des différences entre les deux villes, le fossé social, économique, etc. qui existe entre Shadyside et Sunnyvale. Fear Street - Partie 3 raméne finalement les déterminismes à une explication très simple et très nord-américaine dans l'esprit. Toute cette histoire n'est le fait que d'une seule personne, pour la survie et le prestige de son nom de famille. Les autres sont méchants mais surtout parce qu'ils sont bêtes, lui il est vraiment méchant. Un rebondissement ultra-manichéen qui supprime toutes possibilités d'interroger le collectif tout en distribuant facilement les rôles. 

Les gens de Shadyside sont un peu des ratés et des exclus, mais en fait, c'est justement ça qui leur donne la force parce que personne ne les attend au tournant. Un discours peu étonnant quand on sait que Netflix cible surtout les têtes blondes avec des poils et de l'acné, mais qui fait déplorer le choix d'engager la géniale Gillian Jacobs pour un rôle assez banal, ponctué de une ou deux saillies d'un badass light 0%. Une réflexion qu'on pourrait élargir à toutes les dimensions que la trilogie souhaitait explorer. 

 

Photo, Julia Rehwald, Emily Rudd, Fred HechingerQuand t'aimerais vraiment que ça s'arrête. 

 

Requiem pour un massacre 

Au vu des prémices installés lors des précédents épisodes et toutes les figures du cinéma d'horreur que convoquaient les deux précédents volets, on était en droit d'attendre une conclusion pleine de bruit, de fureur et d'hémoglobine. Tous les tueurs possédés depuis 1666 allaient enfin converger pour constituer une équipée sauvage de la boucherie humaine. Et peu importe qu'ils finissent en barbaque, ou qu'ils transforment nos héros en carpaccio, la foule veut du sang et se fout de sa provenance

Malheureusement, notre long-métrage Rated R joue encore une fois la carte de la timidité. Au début du film, le premier meurtre a beau se dérouler hors caméra, son résultat suffit presque à installer un sentiment glacial. Pas d'effroi ni de terreur, mais un malaise qui vous grimpe la colonne vertébrale comme un scolopendre. Malheureusement, le seul malaise qui se prolongera au-delà de cette scène, c'est celui induit par la carence en tripaille et d'hémoglobine. 

 

PhotoLe spectateur lambda après le visionnage de ce film

 

La quantité de viscères et de litres de sang déversés ne constitueront jamais des critères de réussite d'un film, d'horreur ou autre. Mais quand on prétend s'attaquer au slasher, surtout en convoquant moult figures avec moult accessoires rigolos, autant s'en donner à coeur joie. Lors de son troisiéme acte, le film pose une idée absolument géniale sur la table pour finalement mieux l'abandonner quelques secondes plus tard. On n'en dira pas trop, mais imaginez juste Freddy contre Jason multiplié par trois. 

Une idée sous-exploitée, à l'image de toutes les figures convoquées par le film. Figurants de luxe, nos tueurs ne sont même plus des silhouettes menacantes, mais des esquisses aparaîssant de temps en temps du côté de l'écran. Des apparitions qui tiennent plus de la citation que de la présence concrète, finissant même par être évincés de ce climax par notre méchant humain tout pourrave, malgré tout le capital sympathie que peut avoir Ashley Zukerman

 

PhotoPlus de sang sur cette porte que dans tout le reste du film

 

Il y a quelques mois, en mars 2021, on se demandait si le traitement de la franchise Star Wars par les studios Disney n'était pas le symptôme d'une pop-culture malade. La question se pose d'autant plus à la fin du visionnage de cette trilogie Netflix. La plateforme est désormais un mastodonte du divertissement et nombreux sont les producteurs, réalisateurs, acteurs...à se tourner vers elle. Fear Street est symptômatique de beaucoup de produits issus du N couleur cerise. 

On prend un domaine de la pop-culture un peu identifié (ici, le cinéma d'horreur et R.L. Stine) dont on importe des éléments sans chercher à les comprendre. On les transpose dans drame pour teenager, en faisant un peu d'oeil aux thématiques progressistes chères à l'époque à travers des thématiques dans l'air du temps qu'on interroge de manière très superficielle. On mélange les deux en rajoutant des codes de séries garantissant l'accrochage du spectateur ainsi que des gimmicks de monde étendu et le tour est joué. Un raisonnement dommageablement cynique pour un téléfilm de luxe qui aurait pu faire un très bon film. Gardez le casting si vous faites un remake, c'est l'un des seuls bons éléments de la trilogie. 

 

 

Affiche

 

Résumé

Malgré un casting qui essaie, l'ennui et le déjà-vu pointent vite le bout de leur nez. Une conclusion qui file à mille à l'heure, sans prendre le temps de se focaliser sur quoi que ce soit, laissant le spectateur s'abandonner à des ronflements polis mais résolus. 

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Lecteurs

(3.7)

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commentaires
marmelin
08/09/2021 à 11:32

Vu la trilogie....pas terrible et surtout le dernier acte est truffé d'erreurs

Sinon y a que chez moi où la définition était degueulasse et les scenes sombres quasiment illisibles ? (Je suis quand même équipé d'un oled 4k panasonic et de la fibre)

Megaalexis
19/07/2021 à 01:12

J'ai adoré cette trilogie et encore plus le dernier film, un très bon divertissement.

Fallait pas attendre les 15 premières minutes
18/07/2021 à 18:50

Excellente trilogies j ai passer un bon moment

Jojo
17/07/2021 à 15:50

Bravo Leigh Janiak, c'était plutôt "Goode" comme trilogie !

Respect pour le code Konami et The Offspring.

Kirito99
17/07/2021 à 15:19

J'ai adoré les 3 films en déplaise à ceux qui font des critique négatives que sa soit celles rédiger par une ou plusieurs personnes du site ou ceux des gens! Moi j"ai beaucoup aimer cette trilogie et c'est le le principal !

Brice
17/07/2021 à 14:49

J'ai tenue 15 min sur le 1er avant de m'apercevoir de c'était un énième scream like, donc carrément plus pour moi surtout que je sais pas ce que vaut le reste mais les premieres minutes du film j'ai trouvé l'humour vraiment bas de gamme et pas drôle. Je suis même pas sur d'avoir tenu 15 min en faite tellement les premiere minutes m'ont paru longues. Après je peux comprendre qu'il y ai un public pour ça je suis sûrement devenu trop vieux pour ça

Momo
17/07/2021 à 09:05

Toujours obligé de placer leurs "agendas" et en faire une "lutte" dans leurs productions..

Oleander
17/07/2021 à 05:34

J'ai "persisté" 50 minutes sur le 1er film avant de me rendre compte, entre 36 coups d'œil à mon téléphone, que mieux valait revoir un des classiques qu'il tentait de singeait que ce résultat sans âme.

Bravo à votre critique et la pertinence du propos sur le cynisme de Netflix et son approche auprès des spectateurs, ça rentabilise le temps perdu. Cette plate-forme ne me sert qu'à savourer les vieux films et quelques séries plaisantes.

NicoMaj
17/07/2021 à 00:04

Euhhh... Gillian Anderson dans Fear Street ?!... J'ai bien lu ? Je viens de voir les 3 films mais pour moi aucune trace de cette actrice. Ou alors son rôle est si infime que je l'aurais loupé ?

Fear street beurk
16/07/2021 à 20:28

J ai regardé le premier jusqu'au bout, en espérant un rebondissement, mais rien...

J ai stoppé le massacre à moins de la moitié du deuxième opus.

Le troisième, ça sera sans moi.

Et Netflix, je vais finir par résilier.
J ai vraiment l impression de payer des prod maison de plus en plus moisies.
Et je ne veux plus payer pour des rédifs de films qui passent tous les ans sur tf1

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