Lupin, dans l'ombre d'Arsène saison 1 partie 1 : cambriolage réussi pour Netflix et Omar Sy ?

Simon Riaux | 8 janvier 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 8 janvier 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58

C’est un des plus grands héros de la culture populaire française. Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur imaginé par Maurice Leblanc, débarque sur NetflixLupin - Dans l'ombre d'Arsène narre les aventures d’Assane Diop, adorateur du personnage, décidé à s’en inspirer pour mener à bien un spectaculaire vol de bijoux. Réinventée par Omar Sy, la légende bénéficie-t-elle d’un hommage à sa hauteur, ou d’un indigne sacrilège ? 

LIGUE OF LEGENDE 

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la nouvelle série française produite par Netflix aura été attendue au tournant. Entre les spectateurs refroidis par les précédents poids lourds de la plateforme (de Marseille à La Révolution), les conservateurs voyant d’un mauvais œil cette OPA sur une pierre angulaire de la pop culture hexagonale et les racistes de tous poils hérissés de voir Omar Sy incarner le personnage, ils étaient nombreux à attendre cette production le couteau entre les dents. 

 

 

Mais c’est avec une assurance étonnante que Lupin se joue de ses défiances, pour composer une relecture enthousiasmante de l’œuvre de Leblanc. C’est cette dernière qui constitue le cœur battant du projet, et demeure perpétuellement la clef de voûte de sa structure. Le personnage d’Assane Diop n’est pas seulement un écho réactualisé de notre prince des voleurs, mais avant tout un lecteur fervent. Et c’est par quantité de petites touches, le plus souvent bien senties, que le scénario distille cet amour sincère du matériau original. 

En répartissant une myriade de références directes et citations bien sûr, aussi réjouissantes que superficielles, mais surtout en digérant avec intelligence et simplicité ce qui compose les lignes de force du personnage. Une hérédité contrariée, le désir de laver son honneur, l’adrénaline provoquée par le projet de dérober les biens mal acquis de la vieille bourgeoisie française, la jubilation enfantine du déguisement et enfin la tension amoureuse du trio formé par Arsène, Clarisse et la Cagliostro sont autant de données que la série s’amuse à revisiter, avec malice et un sens de l’efficacité qui fait presque systématiquement mouche. 

 

photo, Omar SyOmar Sy, bientôt roi des rois ?

 

Sans verser dans un discours sociétal attendu, cette nouvelle version dresse des parallèles pertinents entre les origines du cambrioleur venu du Pays de Caux, dont la famille est réduite à néant par le mépris de classe, et le parcours d’Assane, lui aussi déterminé par les rapports de force qui ordonnent la France de la fin des années 90. 

Chose rare, de l’ensemble se dégage un amour sincère de la lecture, et de sa transmission. Et si Lupin ne fait pas franchement dans la subtilité en la matière, la sincérité avec laquelle ses personnages se transmettent les écrits de Leblanc sur plusieurs générations, pour s’émanciper et donner sens au monde qui les entoure, a quelque chose de profondément touchant. D'autant plus pour qui a connu l’émerveillement de découvrir les mésaventures du cambrioleur dans sa jeunesse. 

 

photo, Omar SyLupin contre les gestes barrière

 

SPEED RUN 

En confiant la mise en scène de son premier épisode à Louis Leterrier, la série Netflix a opéré un excellent choix. Plutôt bien produite, l’épopée du voleur n’en est pas moins à de larges encablures de la plupart des blockbusters sériels, d’autant plus qu’elle doit jongler avec un très grand nombre de décors, une alternance soutenue entre des espaces fondamentalement différents, ainsi qu’une vaste galerie de personnages, exigeant une caractérisation percutante et un dynamisme constant. 

Passé par des projets aussi différents que Le Choc des TitansInsaisissables ou Dark Crystal : le Temps de la résistance, le réalisateur maîtrise parfaitement son sujet, qu’il transforme instantanément en plaisant terrain de jeu. Sa caméra jongle avec les codes du divertissement anglo-saxon, les symboles de la culture franchouille, les clichés parisiens et la vélocité de son héros sans aucun temps mort. 

Traçant une ligne claire volontiers naïve, voire candide, le scénario comme la mise en scène dessinent au gré de ces cinq premiers épisodes un univers tout en ligne claire, presque Tintinesque dans ses élans. On appréciera notamment que cette première moitié de saison ne joue jamais les prolongations inutiles. Chaque épisode lance à son héros un nouveau défi, le pousse dans des retranchements inédits, ou le contraint à s’inventer une identité. 

 

photo, Omar SyVers le toit du monde ?

 

LIESSE ET PRÉCIPITATION 

Autant d’occasions pour les différents chapitres d’alterner entre divers épisodes littéraires, de revisiter les hauts-lieux de la mythologie de Lupin, plutôt que de suivre la mauvaise pente de quantité de séries contemporaines, qui préfèrent diluer leur action. Lupin mène son récit tambour battant et ne laisse jamais son spectateur souffler. 

Bien sûr, ces envolées et leur rythmique impitoyable ne va pas sans une collection de petites scories. Certaines séquences, beaucoup trop rapides, contraignent les comédiens au surjeu, on sent ici et là des dialogues qui auraient bénéficié d’une bonne session d’affinage (ce qui est d’autant plus regrettable que l’ensemble se tient bien à ce niveau).

 

photo, Ludivine SagnierUn personnage touchant, qui aurait mérité plus d'attention, plus tôt

 

De même, les personnages féminins campés par Clotilde Hesme et Ludivine Sagnier ne manquent ni de chair ni de piquant, mais sont nuancés et travaillés par l’intrigue un peu trop tardivement. Un constat d’autant plus regrettable que les flashbacks qui leur sont consacrés fonctionnent joliment, tandis que les rebondissements ou sous-intrigues qui les concernent permettent de considérablement nuancer le héros solaire incarné par Sy. Et quand on voit l’énergie communicative que le comédien injecte dans sa performance, on eût aimé que l’ambiguïté que distille le cinquième épisode quant à sa versatilité amoureuse intervienne un peu plus tôt. 

Ces limites ont beau être bien réelles, tout comme les raccourcis ou embardées que s’autorise régulièrement l’intrigue pour maintenir son rythme, elles sont bien indolores devant la dimension réjouissante du spectacle proposé, son amour du matériau original et le plaisir instantané qu’il procure.

La saison 1 partie 1 de Lupin, dans l'ombre d'Arsène est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 8 janvier 2021

 

Affiche française

Résumé

Enlevé, malin, mené à un rythme effréné, ce Lupin ne manque ni d'âme, ni de charme, tant et si bien qu'on lui pardonne aisément quelques erreurs de précipitation.

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commentaires
LunaImperia
12/02/2021 à 18:55

J'ai vu la série. C'est pas mal... mais il y a encore du chemin à faire pour rattraper les séries US et britanniques. Les acteurs jouent plus ou moins bien et l'historie n'est pas inintéressante. En revanche, la série a un côté "antiraciste" bien cliché avec les méchants blancs et le gentil noir (comme d'hab dans les séries et films français).

@Nadja Meuf, ton com est franchement raciste. Arrêtes de t'abreuver aux théories sur l'appropriation culturelle, le privilège blanc,... etc. Tout ça c'est des niaiseries facilement débunkables.

herode
30/01/2021 à 13:10

décidément Omar Sy n'est pas acteur, son jeu d'acteur tjrs le même peut importe le film...
La série en soit se laisse regarder mais vite vu, vite oubliée.

Carel34
25/01/2021 à 12:55

Bonne série Netflix, peu de temps mort, des personnages intéressants et développés , une intrigue qui nous accroche, Omar Sy en grande forme, juste en bémol quelques incohérences ou facilités , mais sinon foncez !!

star22
14/01/2021 à 00:50

J ai adoré la série il y a de l’intrigue et j ai hâte d avoir la saison deux. Omar sy joue très bien dans la série et je ne comprends pas les critiques gratuites.

Rira bien qui rira le dernier
11/01/2021 à 22:36

Tout d'abord bonsoir,

C'est deux choses différentes que d'aimer ou pas un film et de critiquer un noir qui joue un rôle (de blanc). Ici omar s'y ne joue pas le rôle d arsene lupin.,il campe un personnage qui le copié pour assouvir sa vengeance. Alors pour les commentaires de racistes qui prennent n'importe quel sujet pour se défouler sur le net. Vous devriez apprendre à décortiquer un écrit pour en saisir le sens et le contexte avant d'essayer je dis bien essayer de sortir un ramassis de conneries. A bon entendeur salut...

Snake
11/01/2021 à 20:04

La vraie question est quelle série ne cartonne plus vu la stratégie rodée de Netflix. On sait qu'ils interprétent leurs chiffres comme ils veulent et le classement est celui qu'ils veulent. Et ca marche vu que c'est au moins le 10eme article que je lis dans la "presse" comme quoi Lupin est un carton dans le monde. Une stratégie bien rodée je vous dis, où la daube la plus infame peut faire un carton ! Je ne critiquerai pas Lupin que je n'ai pas vu mais l'alliance du tacheron Leterrier (les navets Insaisissables dont Lupin semble une copie) avec le médiocre Omar Sy ne m'ont pas du tout donné envie.

greg67
11/01/2021 à 18:59

J'avais envie d'aimer. Omar Sy est bon, quelques personnages sont pas mal. Mais le reste est très caricatural pour un public adulte. Pour des enfants entre 8 et 14ans je pense que ça doit plaire.
Dommage je ne vais pas continuer après l'épisode 2.

J'ai enchainé un épisode de Lupin avec un de Narcos, ça fait un choc de retrouver des acteurs crédibles...

Nadja
11/01/2021 à 16:40

Votre vidéo me donnerait presque envie de regarder la série... Mais il y a vraiment trop de critique médiocre. Pas négative, méchante, gratuite, teintée de racisme, mais médiocre au sens premier : moyen. A en jauger, ce serait au mieux un "bon" divertissement, d'une excellente qualité dans le paysage audiovisuel français mais qui se tiendrait à peine si on la compare aux séries européennes en général, ou même internationales. Je vais donc passer ma route, sauf s'il y a un énième confinement et que j'ai fini les séries que je suis et celles qui ont l'air de valoir le coup plus que ce "Lupin".

@Monsieur Rigolo
Oh oui, ce sera marrant quand un personnage historique, disons une femme transgenre noire, sera jouée par un homme blanc. Ou une figure des Droits civiques, métisse, sera jouée par une actrice blanche. Ou un messie du Moyen-Orient sera joué par un blanc. Ou une reine du Moyen-Orient sera joué par une blanche. Oh, attendez : ça a été fait et c'est fait depuis bien longtemps. Vous connaissez le blackface ? Vous saviez que les femmes ne pouvaient pas être actrice à l'époque Victorienne en Angleterre et qu'on travestissait les hommes à la place. Intéressez-vous à l'histoire, ça remplira votre tête vide :) Ça me fait toujours rire qu'on puisse être aussi virulent quand un personnage FICTIF change de genre ou de peau pour une adaptation (sachant qu'une adaptation est une vision propre à celui qui la réalise, son regard et sa propre lecture de l’œuvre de départ) mais qu'on refuse de voir que depuis les grandes découvertes, l'appropriation culturelle et le changement des personnages réels est la spécialité d'une seule et unique ethnie...

Plaga
11/01/2021 à 12:16

Après trois épisodes, la série est digne des productions TF1. Vous m avez donné envie de la découvrir car vous la décriviez sans temps mort avec une intrigue intéressante. C est du Sherlock leader price. C est mal joué, filmé platement. Je suis assez attaché au scénario et tout est caricatural, déjà vu. Il n y a rien qui tient sans le dieu du scénario. Son plan de cambriolage du premier épisode est débile. Son passage en prison entrée sortie est absurde. Rien ne tient. Heureusement on a par petites touches un fort message social et humaniste où Lupin dénonce le racisme de cette bourgeoisie nauséabonde. Je peux pas en écrire plus sans rentrer dans le détail mais série vraiment médiocre.

Petit Diop
10/01/2021 à 20:04

M'intéresse pas les séries policières.

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