Away : critique en route pour Mars sur Netflix

Alexandre Janowiak | 4 septembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 4 septembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après un été 2020 assez morne côté séries pour Netflix, cette rentrée tombe à point nommé pour la plateforme qui compte bien relancer sa grosse machine à coup de films originaux (le nouveau Kaufman Je veux juste en finir ou le très attendu Le Diable, tout le temps) et de séries et saisons inédites. Avant le retour de Family Business ou la nouvelle création loufoque de Ryan Murphy, Ratchedla plateforme nous envoie donc dans l'espace destination Mars avec Away.

OBJECTIF MARS

Imaginez la mission Apollo 13 déclinée sur une saison entière avec, non pas la Lune, mais Mars pour objectif et vous obtenez Away. Le problème c'est que la durée d'un voyage vers la Lune dure environ 3 jours et que celle vers Mars oscille entre six et dix mois selon les scénarios. Autant dire que la nouvelle série spatiale de Netflix va jalonner d'embûches le parcours de ses personnages jusqu'à plus soif (ou le contraire justement) et vite devenir extrêmement redondante.

Évidemment, loin de nous l'idée qu'une future mission spatiale pour Mars sera une partie de plaisir pour son équipage et nul doute qu'il s'agira d'un périple périlleux. Pour autant, la série Netflix transforme surtout ce voyage en un véritable parcours du combattant franchement barbant tant on a l'impression d'assister en continu à la réparation du vaisseau, aux déboires et disputes des personnages. 

 

Photo Mark Ivanir, Hilary SwankMétaphore peu subtile du conflit américano-russe

 

C'est bien simple, dès l'épisode pilote, lors de leur transit pour la Lune avant de s'envoler pour Mars, les personnages se haïssent quasiment tous déjà suite à la gestion d'un début de feu dans le vaisseau. Puis dans l'épisode suivant, c'est finalement une guerre d'ego qui prendra place avant qu'un panneau solaire défaillant vienne semer le trouble, qu'une mononucléose foudroyante crée l'inquiétude avant d'être supplantée par les nausées de la commandante Ema (Hilary Swank), la tristesse d'être éloignée de sa famille à Noël ou de carrément craindre l'insuffisance d'eau pour le reste de leur mission.

Concrètement, en dix épisodes, l'équipage survit à une demi-douzaine de problèmes, une vingtaine de disputes et quelques grosses conneries scénaristiques : on nous fait sérieusement croire que le cosmonaute Misha (incarné par Mark Ivanir) ne voit plus rien, mais a réussi à tromper les contrôles d'aptitudes. Cette succession quasiment sans interruption de soucis techniques, psychologiques ou personnels ne fonctionne presque jamais et ressemble surtout à un moyen de meubler un voyage peu attrayant alors même qu'il a beaucoup à donner.

En effet, au deux tiers, cette saison 1 décide de rester concentrée uniquement sur deux problèmes majeurs : le manque d'eau et la disparition du convoi de ravitaillement. En se focalisant sur ces deux soucis, la série évite les divagations, appose de vraies problématiques à l'équipage et remet en question le bien-fondé de cette mission. La série prend une tournure plus humaine et politique, et si elle est, certes, mal exploitée a posteriori, elle était alléchante sur le papier, prouvant que la série a mieux à exposer.

 

photoLa NASA en PLS chaque seconde de cette mission tellement c'est la merde

 

UN MARS ET ÇA REPART (PAS)

À l'image de la regrettée The Firsttristement annulée au bout d'une seule saison déchiranteAway semblait suivre les traces de la série Hulu de Beau Willimon. Dans l'idée, elle semblait même en prendre la relève commençant justement là où l'unique saison de The First se terminait, c'est à dire dès le départ pour Mars. Il y avait donc le moyen de développer avec précision, profondeur et émotion l'impact psychologique d'un tel voyage sur les astronautes, mais aussi sur leurs familles restées sur Terre.

Clairement, la série de Andrew Hinderaker essaie tant bien que mal d'offrir une vraie dose psychologique et intime à ce voyage spatial unique et révolutionnaire. Durant toute la première moitié de saison, chaque membre d'équipages a le droit à son épisode spécial se focalisant sur leurs passés, leurs secrets, leurs envies... de la Chinoise Lu (Vivian Wu) obligée de cacher son homosexualité à son gouvernement et son mari au jeune botaniste britannique Kwesi (Ato Essandoh), jeune Africain adopté par une famille juive et porteur d'espoir de tout un continent en passant évidemment par Ema, la commandante américaine loin de sa famille et pourtant obligée de jouer un rôle de maman à distance.

Malheureusement, l'exploration de leur histoire est fondée très largement sur une ribambelle de flashbacks terriblement ennuyeux. En résulte un montage et une narration jamais percutants et toujours très lancinants. La série ne trouve jamais un vrai bon rythme de croisière et malgré des histoires assez fortes sur le papier, ne réussit jamais à créer une véritable émotion.

 

Photo Josh CharlesDes apartés terriens pas inintéressants, mais qui envahissent le récit

 

On pourra souligner quelques séquences qui permettent d'offrir de beaux moments d'espoir au milieu du vide intersidéral : les sorties dans l'espace sont globalement de jolis succès. Away parvient à y construire de vrais instants cruciaux pour l'équipage et le renforcement de leur lien tout en lâchant les chevaux visuellement, et ce jusqu'à l'amarsissage tant attendu. Rien de comparable avec Gravity ou Seul sur Mars - qui ne jouent pas dans la même cour -, mais l'esthétique est travaillée et procure quelques sensations fortes, instants de grâce (cette eau se transformant en glace instantanément) et une certaine fascination.

Il est clair que la musique envahissante vient parfois gâcher la délicatesse de ses instants si précieux où le silence est infini et la vie inexistante en apportant une dose artificielle d'émotions. Toutefois, quand elle est mieux réfléchie, plus mesurée, elle devient un véritable atout pour les personnages et le récit en accentuant les sentiments des astronautes et également ceux de leurs proches restés sur Terre. En résulte la très belle séquence finale, à la fois intime et gigantesque, juxtaposant la prouesse humaine d'une telle mission et en même temps sa petitesse face à l'immensité de l'univers.

 

Photo Hilary SwankHilary Swank déterminée

 

Car oui, loin d'être une série SF, Away ressemble surtout à une fiction réaliste des enjeux, risques et conséquences personnelles d'une telle mission sur Mars. C'est sans doute sa plus grande qualité tant elle s'active à rendre l'ensemble plausible et concret. Mais c'est en même temps son plus gros défaut tant elle empêche la série de vraiment décoller, plus concentrée à dépeindre le portrait d'une mère séparée de ses proches que celui d'une astronaute accomplie.

Away est disponible sur Netflix depuis le 4 septembre 2020 en France

 

Affiche Française

Résumé

Loin d'être une série de science-fiction, Away se veut une oeuvre sur la conquête spatiale très réaliste tentant à la fois d'en décrire les enjeux mondiaux et les impacts intimes. Malheureusement, la création Netflix n'arrive jamais vraiment à y trouver un équilibre pertinent et captivant. 

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Lecteurs

(3.8)

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commentaires
lilaD
17/09/2020 à 19:04

je regarde away le soir pour m'endormir. j'adore la SF, les documentaires sur l'espace, j'ai tout vu, j'adore, j'imaginais la série prometteuse dans la même veine que Life sans le monstre, gravity sans georges, ou seul sur mars, interstellar, appolo.. à la place on a des mélos, de la vie des gens dans l'espace et la terre, c'est l'aventure pour Mars mais on en entend jamais parler , aucune science, des trucs insensés et grossiers, la communication par exemple, ou l'autre qui appelle sa fille sur son portable au lycée, le gars de la NASA qui leur parle comme si il était à la maison en faisant un poker, des clichés à n'en plus finir, la femme forte commandant qui finit par se faire respecter par le russe expérimenté parce-qu'elle a osé des trucs que même georges n'aurait pas fait, le gars noir, le blanc, l'indien, la chinoise, on a oublié personne ? c'est bon on continue. la famille unie sur terre, le mari qui a un avc au mauvais moment et qui se bat pour marcher, la fille ado, des histoires niaises, on voit les gens en gros plan, Hilary en gros plan, on sait qu'elle de belles dents maintenant, j'aurais aimé des frissons, un commandant plus commandant, de belles images de l'espace et cette aventure vers MARS ! mais y'a pas mars on s'en fout, il y a une bande de rigolos qui sont astronautes avec des problèmes de santé, l'autre qui vomit d'entrée (astronaute..) des problèmes de couple, des problèmes tout court, un 8 clos avec des flash back à rallonge d'un ennui mortel MAIS c'est une série qui m'endort et m'apaise donc c'est pas si mal ..

hanni_84577
14/09/2020 à 07:49

Super série basée avant tout sur la relation humaine dans un tel contexte... mais aussi technologique suite à de divers problèmes matériel (après crédibles ou pas je ne sais) ceux qui attentent du genre bataille de l'espace ne regardez pas ce n'est pas pour vous.

Diane
13/09/2020 à 00:49

Super série, j'attends la suite avec impatience.
Bien ficelé, bien écrit, acteurs très bien choisis, Hillary Swank parfaite...
Davantage de séries de cette qualité, ce serait bien.

vouvinch
12/09/2020 à 10:58

D'un ennui mortel..... j'ai passé tous les moment dramatiques et pathétiques inutiles..... trop de divagation pseudo mélancolique et dramatique, des astronautes fragiles, alors qu'à regarder Thomas Pesquet, se sont des gens hors du commun qui maîtrisent leurs émotions. Ici, on a un commandant de bord pleurant du début à la fin. Je ne suis pas sûr que l'on prendrait des cosmonautes ayant des enfants par exemple.
On attends toujours que cela va se concentrer sur le voyage, et vivre par procuration le voyage, mais ça ne prends pas. Il y a trop de passage inutile en ennuyant. Je n'ai pas besoin d'une deuxième saison, j'ai ma dose d'ennui.

Tkotn
11/09/2020 à 00:09

Le premier épisode est bourré d’incohérence pour une mission aussi longue avoir déjà des doute sur l’équipage au bout de 2 jours de voyages...
Les ficéle sont trop grosses
J'ai pas eu le courage d'aller plus loin, surtout pour suporté du melodrama je suis loin de la famille ect ect
Et maintenant il y a toujours des homosexuel "caché" dans les séries, le jeux en viens meme a trouver le bon lors du pilotes!

Nobre
09/09/2020 à 21:25

Une série partiellement réussi. Les personnages sont intéressants, les décors bien foutus et les fx pas mal du tout. Cependant, ça pleurniche un peu trop en effet mais pour un connaisseur, il y a quelques incohérences qui boudent vraiment le plaisir du visionnage. Pas particulièrement les délais de transmission puisque ils sont expliqués dans la série et plutôt bien respectés jusqu’à une certaine distance. Cependant, l’historique des perso laisse gâche beaucoup en crédibilité. Même si la série aborde bien le manque, l’éloignement, le cloisonnement la sociabilité d’une telle mission et la gestion des imprévus insérant au voyagé on peut se demander comment une telle mission préparée depuis des années laisse t’elle partir des astronautes avec de telles failles blessure dans leur passé et de failles psy? De même, les équipes au sol, je cherche encore leur utilité dans la série. On est très loin d’un Apollo 13 avec un Houston omniprésent prêt à imaginer les lire des scénarios. Ici, tout le monde subit les événements, personne n’anticipe et aucun ne propose de solution cohérente pour palier aux avaries éventuelles. HS tente bien de garder le contrôle en tant que capitaine mais pour la gestion des priorités on est loin de Another Life et très loin de Seul sur mars. Dommage. Aller ça se regarde bien quand même mais il manque un truc

Netflixfan
07/09/2020 à 19:00

Ca pleurniche beaucoup trop. J'ai zappé au fil des épisodes afin d'arriver à l'amarsissage et passer à une autre série moins soporifique. Je recommande aux insomniaques qui devraient ne plus avoir de soucis de sommeil en regardant cette série.

Stivostine
07/09/2020 à 10:22

Ca vaut pas Raised By Wolves mais ca a l'air solide et carré, a quand une tite critique de Line of Duty https://www.ecranlarge.com/series/1119698-line-of-duty

Furling
07/09/2020 à 10:17

Les scénaristes n'ont jamais vu d'outillages d'astronautes.... j'ai arrêté avant la fin de l'épisode 2, du n'importe quoi

Thejhi
07/09/2020 à 08:28

Décidément, histoire de faire un ou deux jeu de mots, ce critique descend une série exceptionnelle, douce, originale et intelligente. Non, rien n'est à plat dans cette série à voir absolument, sauf la fatigue du critique qui aurait mieux fait d aller bailler ailleurs que devant ces images somptueuses et cette belle aventure humaine qui lui est passé totalement au dessus de la tête. Ne vous laissez pas distraire par cet article faussement intellectuel, barbant pour le coup, acide et crépusculaire mais envolez vous plutôt vers Mars avec cette équipe humaine et touchante. On espère vite une nouvelle saison exactement dans le même esprit.

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