Geostorm : critique Armaguignol
"On ne peut pas tout contrôler", annonce ironiquement l'affiche de Geostorm, décalque grossier de celle d'Inception. Phrase d'accroche on ne peut plus adaptée, tant le bockbuster catastrophe de Dean Devlin s'est progressivement métamorphosé en une allégorie de son sujet. Alors que la station orbitale chargée de nous préserver de cataclysmes impitoyables est devenue une arme de destruction massive, le seul individu capable de nous sauver est Gerard Butler.
GEOCROTTE
Réalisé par le complice de toujours de Roland Emmerich, Dean Devlin, le film entendait se placer dans la droite lignée de San Andreas, lequel avait prouvé que la série B de catastrophe au budget surgonflé avait encore un avenir à Hollywood. Idée pas foncièrement déconnante sur le papier, mais dont la mise en chantier a relevé d'un véritable chemin de croix.
C'était avant que Devlin ne se plante au point de forcer la Warner à repousser le film d'un an pour en retourner une grande partie avec Jerry Bruckheimer, que le projet ne passe 61 semaines en post-production, ne change deux fois de compositeur, et ne soit euthanasié par une séquence promotionnelle aussi énergisante qu'un concert de Gilbert Montagné un lendemain de prolapsus sauvage. N'essayant même pas de dissimuler la dimension anachronique de ce projet, qui évoque plus un remake déguisé de 2012 produit par des aveugles qu'un blockbuster ambitieux, le studio envoie la chose (au budget absurde de 120 millions minimum) au casse-pipe.
Et en découvrant Geostorm, l'étendue du désastre n'en n'est que plus évidente : rien ne fonctionne dans ce récit qui bouffe à tous les râteliers possibles et imaginables. Des frangins en conflit amenés à se rapprocher au couple que la destruction autorisera à dépasser ses limites, en passant par cet odieux clébard qui bien entendu ne mourra pas, aucun stéréotype ne nous est épargné. Absolument aucun.
Soyez donc prévenus, si vous entrez dans la salle avec l'espoir de découvrir un spectacle remuant et original, vous n'aurez droit qu'à un patchwork schizoïde de magma numérique générique. Jamais authentiquement spectaculaire, le film en est réduit à singer régulièrement Gravity pour s'acheter un semblant de modernité.
TEMPETE DANS UN VERRE GROS
En revanche, les nostalgiques de Roland Emmerich pourront très sincèrement s'amuser du « spectacle », tant il s'efforce de ne jamais déroger au programme immortalisé par le cinéaste teuton. Mais ce qui fait l'intérêt de Geostorm réside paradoxalement dans un de ses défauts majeurs. En effet, le métrage, dans la naïveté irresponsable avec laquelle il aborde ses thèmes premiers, fait presque office de jalon dans l'histoire du divertissement ravagé.
Car en négatif, Geostorm révèle les fractures et traumas qui ont bouleversé l'occident ces 20 dernières années. Après deux décades à se gaver quotidiennement d'images bien réelles de troubles climatiques, d'innombrables statistiques mortifères et témoignages des tragédies engendrées par les migrations de masse ou les bouffées de violence extrême engendrées par le terrorisme international, un spectacle de mort de masse asséné avec tant de naïveté semble désormais aussi obscène qu'absurde.
Le charisme du petit Gerard est demandé à la caisse.
L'incapacité de Devlin, Bruckheimer et la Warner à sentir combien ces séquences (dont le montage alterne entre l'atomisation meurtrière de mégalopoles et les flirts gras entre deux protagonistes évoluant dans l'espace) sont embarrassantes de bêtise, est stupéfiante. Tout aussi ridicule est l'aveuglement du scénario, nous expliquant que pour contrebalancer aux ravages engendrés par la pollution humaine, les héros ont inventé un gadget qui en dissimule les conséquences, plutôt que de modifier leur mode de vie. Ce que nous dévoile Geostorm, c'est combien notre monde et la représentation que nous nous en faisons a changé. Et on se dit que c'est plutôt une bonne nouvelle.
Lecteurs
(2.5)09/01/2023 à 10:04
@Billy
Armageddon a au moins l’excuse d’être d’une autre époque, comporte une galerie de personnages plus intéressantes, mieux écrits, et est surtout bien mieux mise en scène. Géostorm est un étron, un pèt bruyant et malodorant rayon blockbuster-film catastrophe. Armagedon est, malgré ses défauts, un film référence du genre du moins pour son époque.
09/01/2023 à 09:14
Assez d'accord mais toujours moins pire que le plug anal qu'est Armageddon.
09/01/2023 à 08:39
Bon billet lapidaire mais le niveau des commentaires par ici est consternant...
Comme quoi, la nullité d'une oeuvre appelle davantage de nullité chez ses thuriféraires.
26/01/2021 à 19:23
Devant la verve enflammée de Simon Riaux je viens de regarder la BA ; ça a l’air super gratiné sans oublié le moindre poncif du genre. A la vue de la situation actuelle prenons du recul et disons nous que c’est Un film écologique finalement !
26/01/2021 à 07:50
Une bien belle bouse..
22/01/2018 à 15:46
la preuve que j'avais mis mon cerveau en mode veille, il n'a pas repris pleinement son activité et j'écris n'importe comment : "...et c'est j'ai bien aimé..."
22/01/2018 à 15:41
J'ai éteint mon cerveau pour regarder et c'est j'ai bien aimé, le bon gros film cata sans intérêt qui permet de tuer 1h45.
09/11/2017 à 14:13
Je ne comprends pas la note au vu de la critique, c'était 2 étoiles max.. Ce film est une vraie catastrophe.. Je voulais juste voir un film catastrophe comme 2012, divertissant, sans prise de tête, au lieu de ça c'est juste un ramassis de n'importe quoi, j'ai dormis sur la dernière demi heure du film tellement c'était pathétique.
Bref 2/5 c'est bien payé..
06/11/2017 à 12:34
Bah comme c'est moi le chefaillon, si jamais je change d'avis et décide de me virer, je vous tiens au courant hein.
05/11/2017 à 09:56
Vu hier, comment dire... le plus marrant c le vice président qui prend un bazooka pour tuer le président des états unis, la je me suis dit on est au fond on ira plus bas, mais si on continue à creuser quand même