C(o)ogan's Bluff

Box-office français du 05 au 11 décembre 2012

Roulement de tambours messieurs dames. La meilleure moyenne de spectateurs par copie de la semaine on la doit au film Cogan distribué par un certain Metropolitan. De mémoire de b(é)otien cela faisait bien longtemps que l'on n'avait pas vu le distributeur à pareille fête. Certes, on ne parle à l'arrivée que de 125 000 entrées mais réalisées dans une combinaison de copies tout à fait appropriées. Alors on ne sait si cela vient du distributeur ou du peu d'enthousiasme des exploitants de salles, mais le fait est que la stratégie marketing est payante. D'autant que Metro n'a pas survendu le film en le faisant passer pour ce qu'il n'est pas à savoir un énième polar décérébré et interchangeable qui pollue leur énorme catalogue tout en s'appuyant à fond sur la star Brad Pitt et une presse plutôt positive depuis son passage à Cannes. De fait Cogan peut espérer une deuxième et une troisième semaine digne de ce pedigree de départ. En tout cas c'est bien tout le mal que l'on souhaite à ce film marquant une rupture dans le genre et portant en lui une lucidité du monde qui nous entoure tout à fait prégnante voire choquante à force d'être dans le vrai.

Un autre choc nous attendait avec la deuxième place du dernier Disney incapable de faire mieux que 300 000 entrées en première semaine (hors séances avant-première au Grand Rex). On pourra arguer que les vacances c'est dans 10 jours mais c'est aussi le cas pour Les 5 légendes qui ne lâche rien en deuxième semaine et encore moins sa première place. À titre de comparaison Raiponce, la dernière production Disney animation en date, ramenait 735 000 entrées en première semaine tout en sortant un 1er décembre. Entre le rachat des Studios de George Lucas, le crash John Carter, le succès des Avengers, la déconvenue Frankenweenie, 2012 aura donc été une année hiératique pour ne pas dire plus alors même que 2013 s'annonce déjà comme un cru on ne peu plus excitant (Le monde fantastique d'OZ, Iron Man 3, Monstres Academy, Lone ranger, Planes, Thor : The Dark world). Tout le paradoxe d'un Studio plus puissant que jamais.

C'est aussi la soupe à la grimace du côté de Kad et O qui se prennent les pieds dans le tapis de la Fuego en n'attirant que 50% des spectateurs qui s'étaient déplacés en 2003 pour le compte du premier opus. C'est d'autant plus flagrant que la combinaison de copies entre les deux films est quasi identique précipitant Mais qui a re-tué Pamela Rose et Gaumont dans les affres d'une fin d'année difficile. Pour ce dernier Intouchables est plus que loin avec seulement en 2012 deux films millionnaires : Les Kaïra et Les Lyonnais.

Anna Karenine tire par contre son épingle du jeu dans ce BO assez virile. Se positionnant comme Cogan sur un nombre de copies limités (compte tenu de sa double tête d'affiche Knightley - actrice fétiche du réalisateur anglais - / Law ici Vs Pitt là-bas) et jouant donc sur le côté élitiste du film, Universal comble d'aise les exploitants cinéma qui ont décidés de programmer la dernière adaptation du roman de Tolstoï dans leurs salles. Un résultat à plus de 100 000 entrées que ne devrait pas toutefois chambouler la hiérarchie établie par les deux premiers long de Joe Wright qui culminent à 492 400 entrées pour Orgueil et préjugés et 303 766 entrées pour Reviens-moi.

Hors top 10, Pyramide se prend un gros gadin avec le nouveau Corsini dont la dernière réalisation, Partir avec Kristin Scott Thomas et Sergi Lopez distribué aussi par Pyramide, avait dépassé les 500 000 entrées. Trois mondes attire moins de 46 000 spectateurs sur pourtant 170 copies (22 de plus que Cogan). Certes le film n'est pas fulgurant mais il faut dire que l'horrible affiche et une campagne quasi invisible n'auront pas aidé à booster sa notoriété. C'est dommage pour l'actrice Clotilde Hesme à la beauté diaphane qui pourra toujours se consoler avec les excellents score d'audience de la série Les revenants diffusée en ce moment sur Canal +.