Le Territoire des loups : critique survivor

Simon Riaux | 1 février 2017
Simon Riaux | 1 février 2017

Aussi sympathique que nous soit Joe Carnahan, le réalisateur de Narc, ses prestations derrière la caméra de Mise à prix, ou encore L'Agence tout risques nous avaient laissé un certain goût d'inachevé. La faute à de trop grandes espérances ? Un talent surestimé ? Des projets aux limites trop évidentes ? Depuis que le cinéaste clame s'être lancé dans l'aventure The Grey (Le Territoire des loups chez nous) pour des raisons purement artistiques, on comptait sur le film pour nous apporter une réponse.

Un homme seul, armé, déambule sous le blizzard, à travers le squelette de tôle et d'acier d'un site pétrolier, champignon toxique érigé au cœur de l'Alaska. Le désespoir qui étreint les premières minutes du long-métrage s'abat sur le spectateur tel un vent glacé, et ne le lâchera plus jusqu'à l'ultime photogramme. Le Territoire des loups a beau être un survival pur jus, n'espérez pas faire le voyage sans encombres. Ici, nulle famille à protéger, aucune solidarité acquise, les bons sentiments de rigueur ont été oubliés au vestiaire. À l'image de l'impressionnante nature que Carnahan filme sans user de CGI ou raccourcis artistiques à la mode, le traitement de cette aventure n'entend épargner ni ses personnages, ni le spectateur, sans pour autant recourir à la cruauté. Un naturalisme empreint de fatalisme qui rappelle les meilleures pages de Jack London, celles de Construire un feu.

 

 Neige sanglante pour partie de chasse

 

Pour autant, le film ne se limite pas à un ride dépressif, et à plus à offrir que des vies brisées comme dans En pleine tempête. Il nous narre un formidable affrontement, un duel à mains nues contre la destinée. Poursuivis par une meute de loups affamés, nos survivants vont non seulement tenter de sortir de leur territoire, mais tenter de leur rendre coup pour coup. C'est cette ivresse du combat, ces pugilats enragés, dont l'issue certaine ne décourage jamais les belligérants qui confèrent à l'ensemble une puissance remarquable.

 

Un instinct de survie jusqu'au-boutiste qui culmine dans quelques séquences remarquables, la lecture d'un poème entêtant, les dernières secondes de vie où la douleur s'efface, la confrontation silencieuse de deux meutes prêtes à en découdre. Tout cela évoque un autre monument littéraire, le péché d'orgueil d'un Achab résolu à défier Dieu jusqu'aux portes de la mort, dans l'inoubliable Moby Dick de Melville.

 

 

Liam Neeson vs Wild 

 

Pour autant, Le Territoire des loups ne saurait prétendre au sans faute. Trop long, il souffre d'une structure équilibrée mais répétitive, où chaque chapitre égraine les disparitions, sans jamais briser cette routine. La photographie de Masanobu Takayanagi a beau s'accommoder merveilleusement de la surabondance de blancs, elle passe au second plans lors de discussions inutilement étirées autour de feux de camp. Si les personnages forment autant de pans d'humanité auxquels renonce progressivement Liam Neeson, le dispositif, aussi pertinent soit-il, manque de fluidité.

 

On pourra s'attarder sur les maladresses et erreurs de Le Territoire des loups, mais ce serait oublier sa puissance, et la dévotion absolue du metteur en scène à son sujet. Il y a ici plus de cinéma que dans tous les précédents films de Carnahan.

 

PS : Restez bien jusqu'à la fin du générique du film, une séquence (importante) vous y attend.

 

 

Résumé

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Lecteurs

(3.4)

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commentaires
tom's
02/02/2018 à 02:00

Un grand survival,d'une autre époque mais du niveau de Délivrance, profondémént humain,formidablemnt mis en scene;le contexte enneiger le froid ect, je ne savais pas pour la fin que je viens de voir merci ecran large d'ailleurs au passage j'en profite pour dire que je trouve le site sympa,les news sont fraiches un peu accro et je suis quelqu'un qui est sur coming soon au reveil c'est dire merci les gars continuez comme ca .

Matt
01/02/2018 à 20:00

Liam Neeson est assez épatant. Malheureusement un rôle assez proche de la vérité. A noter une incroyable séquence de crash aérien génialement mise en scène.

Mx
01/02/2018 à 19:52

Non, après il y a eu night run et ballade entre les tombes ,aussi.

Concernant le film, il est vrai que c un film magnifique, le scénar ne casse pas des briques, mais le traitement profondément humaniste le pose direct comme un survival rare, et différent.

Le melleur carnahan avec narc.

Vivre et mourir en ce jour..

Flash
01/02/2018 à 19:42

Dernier bon film de Neeson !

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