Critique : [Rec] ²

Laurent Pécha | 23 décembre 2009
Laurent Pécha | 23 décembre 2009

Rec 2, c'est le Evil dead 2 de Rec. Voilà, merci et au revoir ! Tout est dit ou presque effectivement avec une telle tagline mais c'est celle qui vient instantanément à l'esprit à la fin des 85  phénoménales minutes de montagnes russes que nous ont proposées le duo Balaguero et Plaza.

Le premier Rec avait déjà placé la barre haut, vous savez, celle que le cinéma de genre français n'arrive même pas à voir sans attraper un spectaculaire torticolis. Rec 2 reprend tout le concept et l'univers de son prédécesseur mais passe en mode survitaminé. A l'instar de Cameron et Aliens, à qui les compères ibériques font référence avec leurs policiers armés jusqu'aux dents venus découvrir ce qui s'est passé dans l'immeuble infecté, Rec 2 n'a qu'un objectif : appuyer constamment sur la pédale d'accélération.

Si le premier film ne mettait déjà pas beaucoup de temps pour nous plonger dans l'action, le second fait encore plus fort : à peine trois-quatre minutes d'exposition et on est prêt à sursauter et trembler avec les nouveaux infortunés héros venus affronter les « enragés » de l'immeuble. Suite on ne peut plus directe (ça commence juste une poignée de secondes après la fin du premier) , Rec 2 joue justement dans sa première partie magnifiquement bien avec notre connaissance des événements qui ont précédés. On est en terrain connu et on sait que ça va charcler à tout va. On guette les attaques éclairs des monstres et on n'est pas déçu tant le renouvellement du processus de mise en scène de la saga frise le génie.

Balaguero et Plaza ne se contentent pas de reprendre les recettes déjà éprouvées pour faire juste « un » 2, ils inventent une nouvelle grammaire visuelle à la cohérence et l'efficacité titanesques.  Il n'y a plus ici qu'une caméra mais quatre, celles que les policiers ont sur chaque casque. Une démultiplication de notre point de vue qui devient redoutable tant l'immersion devient saisissante. On ne peut plus échapper au danger, il n'y a plus aucun répit puisque dès qu'une caméra ne montre « rien », les deux cinéastes passent à une autre, plus proche de l'action. Ca incruste une image dans une autre, ça zoome dans une autre qui prend le dessus, on est manipulé avec intelligence (Rec 2 est le film le plus cohérent, et de loin, de la vague des faux-vrais films à la première personne) et on jubile devant le rythme démentiel. 

On n'a même pas le temps de se demander comment les auteurs vont tenir la distance qu'ils enchaînent les idées délirantes. Rec 2, c'est ainsi le premier film FPS (first person shooter) qui déchire tout sur son passage. En une séquence glaciale et tétanisante, le duo explose tous les Doom de la terre.  Mais, Rec 2, c'est aussi un film avec un scénario qui créé sa propre mythologie et l'on découvre, médusés, les liens qui unissent de plus en plus la suite à son modèle (mais chut, on ne vous dira rien !).

On aurait encore d'autres arguments à mettre ici sur le papier pour vous dire pourquoi Rec 2 est « juste » le meilleur film horrifique de la décennie. Mais ce serait alors gâcher votre futur plaisir de spectateurs. Alors une dernier pour la route, si vous avez aimé la fin de Rec et son ultime plan, vous allez hurler de plaisir devant celui de Rec 2, maître étalon de l'horreur moderne.

 

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