Critique : Bad Lieutenant - Escale à la Nouvelle-Orléans

Laurent Pécha | 4 septembre 2009
Laurent Pécha | 4 septembre 2009

Faire un remake du Bad Lieutenant d'Abel Ferrara est une idée assez farfelue pour intriguer. On l'est encore plus quand les deux maîtres à bord sont Werner Herzog et Nicolas Cage. Un mariage pour le moins étonnant tant les deux hommes ne semblaient en apparence pas faits pour se rencontrer. Deux heures après la projection, on se dit qu'ils avaient plus en commun qu'on l'imaginait. Non pas que ce nouveau Bad Lieutenant soit un grand film qui ferait oublier le précédent. Mais plus dans l'idée que l'univers des deux hommes a accouché d'une oeuvre curieuse à mi chemin entre le nanar (c'est Millenium qui produit et on n'échappe jamais vraiment d'où l'on vient) et une relecture décalée du film noir.

Oubliez en tout cas l'oeuvre originale car les points de comparaison se résument au titre du film et au fait que le lieutenant en question est également additif à toutes sortes de drogues. Pour le côté bad, en revanche, on comprend vite que Cage sera un enfant de coeur face à Keitel. Il a beau se faire branler par une jeune femme et obligé son copain à regarder ou menacer de flinguer une vieille avec son magnum s'il ne parle pas, rien n'y fait. Tout est ici fait dans la démesure et le grandiloquent et c'est le rire qui prend très nettement le pas sur la stupeur. On retrouve bien là le côté too much cher à Nicolas Cage et que Herzog a parfaitement assimilé et voulu (il l'a confirmé en conférence de presse). Bad Lieutenant est ainsi un festival des excentricités cagiennes sans toutefois, et les amateurs vont sans doute le regretter, une coupe de cheveux délirante dont il a le secret. Le personnage a des problèmes de dos : Cage marche constamment tordu, une épaule nettement au dessus de l'autre.

Le lieutenant perd les pédales quand il est sous drogue, Herzog filme des iguanes en gros plans sur une musique de blues. Le duo se renvoie la balle constamment, se fichent de l'intrigue policière qu'ils racontent, et flirtent constamment avec un esprit parodique parfois très réjouissant. Accessoirement, ils tentent une peinture d'une Amérique en restructuration (on est dans La Nouvelle-Orléans post ouragan Katrina) mais sans jamais vraiment y croire.

Les seconds rôles passent par là, Eva Mendes fait la jolie plante susceptible d'humaniser notre anti-héros, Val Kilmer se contente de l'ouverture et la conclusion du film. Mais tout tourne autour de Cage qui retrouve le plaisir d'en faire des tonnes sans être vraiment ridicule. Tout ça parce qu'il a ici trouvé un cinéaste tout aussi dingue que lui. Ferrara-Keitel ou Herzog-Cage, tout est une question de point de vue...comme toute histoire de cinéma !

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