Critique : 7h58 ce samedi-là

Sandy Gillet | 10 septembre 2007
Sandy Gillet | 10 septembre 2007

On avait laissé Sidney Lumet en très bonne compagnie, entouré qu'il était d'une histoire vraie où la mafia new-yorkaise s'étripait à coup d'effets de manche et d'avocats et un Vin Diesel employé brillamment à contre-emploi. Jugez coupable était en effet un film de prétoire comme seul le cinéaste en a le secret depuis 12 hommes en colère en 1957 devenant d'ailleurs avec le temps la marque de fabrique incontournable pour qui veut s'essayer au genre que cela soit sur grand ou petit écran.

Before the Devil's knows you're dead, traduit en français par un 7h58 ce samedi-là assez juste puisque le titre original est tiré d'un toast irlandais au final incompréhensible pour qui n'est pas un initié ou accessoirement de New york*, raconte comment on peut voler ses propres parents que l'on aime même quand on a passé l'âge de piquer dans le porte-monnaie de sa maman. Et autant dire que les choses ne vont pas biens se passer permettant à Lumet du haut de ses 83 ans de continuer à parler de son prochain avec une lucidité intacte. Si l'on est donc en territoire archi balisé pour qui connaît un peu la filmo du cinéaste, il n'en reste pas moins que sa propension à mettre en valeur ses acteurs n'en finit pas de donner des leçons à bon nombre de ses collègues chevronnés ou non.

Il suffit simplement de se pencher sur le cas Philip Seymour Hoffman que l'on n'a plus besoin de présenter tant on sait son talent immense. Et bien dire qu'il arrive encore à nous étonner dans un registre qu'il lui est pourtant connu montre à quel point le cinéaste sait encore y faire usant de son expérience de metteur en scène de théâtre qu'il a toujours été. Le reste de la distribution est d'ailleurs à l'avenant avec un Ethan Hawke au diapason et une Marisa Tomei en bimbo paumée sur le retour que l'on n'avait pas vu aussi belle et juste depuis bien longtemps.

Alors bien entendu le scénario, aussi bien ficelé qu'il soit, manque un peu de peps et de tension passé de l'écrit à l'image. C'est que les ficelles de la mise en scène sont connues et commencent à être éculées. Les mauvaises langues diront que l'âge aidant il est difficile de se remettre en question, voire plus... À cela nous dirons qu'ils aillent découvrir en salles l'inédit The Offence datant de 1973 qui s'il fait preuve d'une audace formelle qui n'est plus de mise aujourd'hui chez Lumet permettra tout de même de se rendre compte à quel point l'homme est fidèle à ses engagements cinématographiques tournés vers l'auscultation de l'âme humaine et à son côté sombre, forcément très sombre.

 
* Le titre original est tiré d’un toast irlandais qui dit en suspens cela : « May you be in heaven half an hour... before the devil knows you're dead » (Puisses-tu atteindre le paradis une demi-heure avant que le diable n'apprenne ta mort).

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