Critique : Quatre étoiles

Erwan Desbois | 1 mai 2006
Erwan Desbois | 1 mai 2006

Si 50 000 euros vous tombent dessus par surprise suite à un héritage, qu'est-ce que vous faites ? Pour Franssou (Isabelle Carré), professeur d'anglais parisienne à la vie banale et légèrement terne, la décision est rapide : avec cette somme qui est à la fois « beaucoup et pas beaucoup », elle va aller prendre du bon temps sur la Côte d'Azur. Descendre à l'hôtel Carlton de Cannes, y siroter des coupes de champagne à volonté, louer une belle voiture décapotable pour flâner dans les environs : autant de plaisirs dont Franssou fait la découverte avec un appétit grandissant, qui va l'amener à changer de plus en plus.

À l'image de ses illustres ancêtres hollywoodiens des années 30 et 40, Quatre étoiles est une ode décomplexée à la douceur de vivre et au bonheur qui jaillit lorsque l'on se décide à tordre les règles établies et à n'en faire qu'à sa tête. Sa temporaire aisance financière associée à son insouciance naturelle offrent à Franssou les conditions pour adopter cette attitude ; et c'est comme un poisson dans l'eau qu'elle se meut dans l'univers factice et au final ludique de la Côte. Comme le dit à son propos l'un des personnages, « elle a l'air de bien s'amuser » entre les escrocs à la petite semaine et les pigeons de ces derniers, des nantis pleins aux as qui ne savent que faire de tout cet argent.

L'escroc, c'est Stéphane (José Garcia), dont les activités vont du faux imprésario de stars au vendeur de maisons qui ne sont pas à vendre. Le pigeon, c'est René (François Cluzet), ex-pilote de F1 qui cherche une villa avec un garage suffisamment grand pour accueillir ses huit voitures de collection. Une fois le trio Franssou – Stéphane – René posé, le réalisateur Christian Vincent (dont c'est la première véritable incursion dans la pure comédie, après une première l'an dernier avec le sympathique Les Enfants) déroule avec fluidité un scénario riche en rebondissements et en réparties savoureuses, et taillé pour faire la part belle aux acteurs. Ceux-ci s'en donnent à cœur-joie : les seconds couteaux sont tous irrésistibles de drôlerie, et les rôles principaux forment un trio… quatre étoiles.

Du côté des hommes, François Cluzet rend son personnage tour à tour ridicule et attachant avec une égale conviction ; et José Garcia, en séducteur bourru à la Cary Grant, a pour une fois l'occasion de mettre son immense talent comique au service d'un rôle plus étoffé qu'une simple mitraillette à blagues. Face à eux, Isabelle Carré est une fois de plus parfaite. Déjà hitchcockienne dans Entre ses mains, elle remet le couvert ici, mais en séductrice espiègle tendance Grace Kelly dans La Main au collet plutôt qu'en blonde trouble. Un changement de registre réalisé sans effort apparent, pour une performance à l'image du film : glamour, enjouée et joyeusement amorale.

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