Suicide Squad: Hell to Pay - critique infernale

Christophe Foltzer | 5 avril 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 5 avril 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Il est quand même étonnant de constater que DC Comics et Warner n'ont aucun problème à adapter leurs super-héros dès qu'il s'agit de ne pas utiliser le DCEU et d'en faire des dessin animés. C'est toujours le cas avec ce Suicide Squad : Hell to Pay ?

Depuis quelques années, il est évident que les meilleures productions DC Comics sont à chercher du côté de l'animation. Après un très bon Gotham by Gaslight  et avant le super chelou Batman Ninja, DC et Warner décident donc de laver l'honneur du Suicide Squad avec ce Hell to pay, bien décidé à ne pas faire les mêmes erreurs que le film de David Ayer. Et ce, dès le départ, en installant d'emblée un ton bien plus adulte, sombre et violent que son homologue de chair et de sang.

Parce que oui, ce Hell to pay, comme pas mal des dernières productions de Warner Animation, n'est pas à destination des petits enfants, ne serait-ce que par les thèmes qu'il aborde. Ici, nous nous retrouvons donc avec une Amanda Waller atteinte d'une maladie incurable et qui demander à Deadshot et compagnie, réunis au sein de la Task Force X, de retrouver une carte mystique qui permettrait à son possesseur d'aller directement au paradis après sa mort. Evidemment, tout le monde la convoite, surtout que ce ne sont pas les enfants de choeur du DCEU qui apparaissent dans le film. Epaulé par Killer Frost, Copperhead, Captain Boomerang, Bronze Tiger et Harley Quinn, Deadshot va devoir se confronter à Zoom et Vandal Savage s'il veut accomplir cette mission qui pourrait, si elle est réussie, lui rendre sa liberté.

 

Photo Hell to PayLa Task Force X

 

PAVE DE BONNES INTENTIONS

Avec une longue introduction dans un train, Hell to Pay donne direct le ton : nous ne sommes pas là pour rigoler, nous ne pouvons faire confiance à personne et ça va beaucoup saigner. Car oui, à l'inverse du film Suicide Squad, ce long-métrage n'a aucune intention de se cantonner à un quelconque PG-13, profitant de sa diffusion en vidéo pour y aller à fond. Et c'est donc à un spectacle à la limite du gore que nous sommes conviés, ce qui ne nous dérange pas le moins du monde. Entre deux décapitations et quelques shoots dignes d'un film HK des années 80 bien vénère, Hell to Pay s'embourbe malheureusement très vite dans les méandres d'un scénario extrêmement mal raconté.

 

Photo Hell to payUn film qui se perd un peu trop dans sa provocation d'ado attardé à certains moments

 

Pourtant, l'idée était intéressante : s'attacher davantage aux personnages et à leurs motivations qu'à l'action elle-même. Sauf que voilà, les membres du Squad qui sont présents ne sont pas forcément les plus intéressants qui soient. Tout comme leurs adversaires d'ailleurs. On a vraiment l'impression d'être en présence de l'équipe B du DCEU, comme si DC et Marvel se réservaient les plus populaires pour leurs films live. Et c'est un problème puisque le film perd ainsi beaucoup de temps à nous présenter ces personnages pas familiers du grand public, à nous alourdir de quantités de flashback anecdotiques comme s'il fallait combler le temps du métrage pour qu'il puisse tenir debout.

 

Photo Hell to payHarley Quinn, insupportable, du début à la fin

 

MAIS ÇA RESTE MIEUX QUE LE FILM LIVE

L'autre souci, c'est qu'hormis Deadshot et une Harley Quinn particulièrement horripilante (faisant office de sidekick comique et sexy inutile mais là parce que le personnage est populaire) on comprend dès le départ que tous les personnages risquent de passer l'arme à gauche pendant l'histoire. Cela pourrait paraitre audacieux de la part de DC, de buter pas mal de héros et de façon très sale pour certains, mais c'est en réalité totalement inoffensif. Déjà parce que le film est détaché de toute continuité avec quoi que ce soit d'autre, donc ça ne compte pas vraiment, et ensuite parce que justement, les gars qui meurent, on s'en fiche pas mal, on les connait pas, nous n'avons aucun attachement émotionnel avec eux (à moins d'être un gros fan de comics) donc leur disparition ne nous occasionnera aucun choc.

 

Photo Hell to PayForcément, ça jette un froid

 

Si on ajoute à cela un récit un peu déconstruit mais très mal maîtrisé qui le rend on ne peut plus artificiel, un design général qui ne prend aucun risque et ne dévie jamais de la charte artistique propre à DC depuis 25 ans et une animation très rigide qui laisse penser que le film a été réalisé à la va-vite, sans parler du rythme très inégal de l'ensemble, on pourrait penser que Hell to Pay est une grosse déception.

Pourtant, il convainc sur pas mal de points. Son ambiance pour commencer. Crépusculaire par instants et limite contemplative par d'autres, elle confère au fim une atmosphère des plus étranges, renforcée par l'aspect road-trip qui dirige l'histoire. Ensuite, par les thèmes abordés, particulièrement intéressants. On y parle de mort programmée, de peur de l'enfer, de regrets, de rédemption, des thématiques riches et passionnantes qui s'expriment avec beaucoup de talent notamment dans la dernière partie du métrage, pour le coup réellement prenante. Et c'est bien dans ces instants désenchantés qu'Hell to Pay prouve sa grande ambition et ses belles qualités, lorsque Zoom nous parle de sa fin inéluctable, lorsqu'Amanda Waller se rappelle à sa propre mortalité, lorsque Bronze Tiger et Deadshot confrontent leurs points de vue sur l'existence et leur sort déjà décidé. Là, Hell to Pay existe, nous parle, nous touche, et c'est particulièrement brillant.

 

Affiche officielle

Résumé

Handicapé par une facture technique tout juste moyenne, une Harley Quinn horripilante et un manque de prise de risque global, Hell to Pay déçoit autant qu'il fascine par certains aspects. S'il n'est pas à la hauteur des précédentes productions animées de DC, il mérite quand même le coup d'oeil.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Fridrich
14/12/2021 à 13:07

We live in a society

Paehon
05/04/2018 à 16:28

Les films d'animations de DC se suivent, et ne se ressemblent pas.

En général Batman s'en sort mieux que les autres avec "Under the Red Hood" et l'adaptation de "Dark Knight Returns" même si Justice League War est génial et aurait dû être l'inspiration du film. A l'inverse je trouve "Superman contre l'élite" largement dispensable.

Assault on Arkham était assez sympathique, sans plus, on verra ce que ça donne avec celui-là.

corleone
05/04/2018 à 14:08

Bah difficile de faire mieux après le magistral Assault of Arkham mais ce sera toujours mieux que le film live, ça c'est sur.

Pseudo81
05/04/2018 à 12:38

Les films d'animation DC sont acclamé car seulement vue des fans Dc justement et pas par une masse de spectateur qui les trouveraient pour la plupart avec autant de défaut que le DCUE.

Ce film est encore plus ridicule que celui du DCUE et fabriqué a 100% pour un publique ado ou justement immature et pas du tout un publique mature (Au même titre qu'un American Pie)... Perso je n'ai vue que 3/4 du film tellement les perso n'existe pas ou son de grosses caricatures, l'animation est vraiment déplorable et le scénario ne tient pas la route ou les ficelles sont très visible...

votre commentaire