Jesse Spencer (Dr. House)

Zorg | 17 janvier 2008
Zorg | 17 janvier 2008

Les doigts de pied en éventail, les yeux bleu azur et la tignasse blond cendré, pas de toute, Jesse Spencer est un australien « typique » qu’on imagine plus une planche de surf sur l’épaule à draguer les minettes qu’à tenir tête à un boss tyrannique dans un laboratoire exigu, un tube à essai dans la main droite et un traité de médecine dans la gauche. Petite entrevue avec le beau gosse de la série Dr. House, qui officie depuis mercredi 16 janvier en prime time sur TF1.

 

Attention aux spoilers : Cet entretien aborde différents éléments d’intrigue de la saison 3.

Propos et autoportrait (en fin d’article) recueillis au cours du 47ème Festival de Télévision de Monte-Carlo (juin 2007).

 

 

Vous avez souvent dit que vous êtes le mouton noir de la famille car votre père et vos frères sont médecins. Vous en êtes un vous aussi en quelque sorte. Pensent-ils que vous avez échoué dans la mesure où vous n’êtes pas un vrai médecin ?
Non, pas du tout. J’ai choisi devenir acteur. J’ai réalisé un jour que sans cela, j’aurais très probablement fait médecine par mimétisme envers ma famille. J’ai donc pris la décision la plus risquée que je pouvais à l’époque et mon choix s’est porté sur la comédie. Si j’échouais, je pouvais toujours revenir faire médecine, mais je n’ai pas eu à le faire car tout s’est bien déroulé pour moi.

 

Regardent-ils la série et essayent-ils de devenir quelle est la maladie du jour ?
Absolument. Ils y arrivent de temps en temps, mais c’est très difficile pour eux car on lance beaucoup de fausses pistes pour dérouter les spectateurs. Même en étant médecin, peu de personnes peuvent trouver la solution. Je travaille d’ailleurs beaucoup l’aspect médical pour tenter de comprendre ce dont les personnages parlent, car c’est du chinois la plupart du temps. La série va tellement vite… La façon dont on parle, dont on diagnostique… Croyez-moi, les personnages sont vraiment des super docteurs vu la somme de savoir qu’ils possèdent.



Vous a déjà-t-on arrêté dans la rue en vous prenant pour un vrai docteur ?
Pas encore, dieu merci. Et j’espère que cela ne m’arrivera pas.

 

 


Pourquoi le show est-il devenu si populaire selon vous ?

D’un côté, c’est un drame procédural très carré, dans lequel un crime a été commis par une maladie, et nous sommes chargés de trouver le coupable. C’est très direct. De l’autre, les personnages sont quand même mis en avant, même si House est un type qui ne s’intéresse pas aux sentiments du patient. Pour lui, le moindre détail est un indice pour résoudre l’énigme. C’est sa drogue. Ce n’est d‘ailleurs pas un héros banal. Il dit des choses que les gens aimeraient pouvoir dire sans en avoir le luxe. House ne peut pas s’empêcher d’admirer, pas seulement à quel point il est bon dans ce qu’il fait, mais sa propre audace, sa quête pour sortir des conventions et n’avoir peur de rien. C’est ce à quoi les téléspectateurs s’identifient. Ils veulent être comme lui, être à sa place, mais c’est impossible car on vit dans les contraintes imposées par notre société. Une honnêteté aussi intense est une qualité admirable. Même si on n’est pas d’accord avec lui, on ne peut s’empêcher d’admirer sa franchise quand il prend la parole.

 

Comment vous entendez-vous avec Hugh Laurie ? Est-il aussi dérangé que House ?
Hugh est un perfectionniste, tout comme House, mais c’est probablement leur seul point commun. Hugh est quelqu’un d’adorable, alors que House ne l’est pas vraiment.  C’est quelqu’un de très drôle ; il a fait beaucoup de comédie dans sa carrière et il s’en sert énormément dans sa façon d’appréhender le personnage. House peut être très sombre, très amer, donc Hugh se sert de ses antécédents comiques pour lui donner un meilleur jour.

 

Quand vous dites que Hugh Laurie est un perfectionniste, suggérez-vous qu’il veut refaire des prises ou qu’il demande des ajustements dans les scripts ?
Non, pas du tout. Je ne l’ai jamais vu demander une retouche dans un script ou quoi que ce soit d’équivalent. Il faut d’ailleurs rendre hommage aux scénaristes car sans eux, nous ne sommes rien. Ils font un travail fantastique et chaque semaine apporte son lot de surprises. Je ne sais pas comment ils font pour imaginer tout ça ; on travaille avec des gens très talentueux. En ce qui concerne le côté « perfectionniste », écrire et jouer sont deux choses très différentes. Cela prend du temps pour donner corps au script. Parfois, vous n’arrivez pas à trouver pourquoi une scène marche ou pas et ça se joue à des détails. Voir Hugh travailler m’apprend énormément car ce sont les petits riens qu’il ajoute qui font la différence : un geste, une expression, un regard… Et quand il y arrive, le résultat est fantastique. Il est très visuel, il sait exactement ce qu’il veut et il travaille pour l’obtenir. C’est formidable de jouer avec lui.

 

Est-ce que vous aimeriez avoir un « housisme » un jour ? Une réplique particulièrement cinglante ?
J’adorerais ça. Les auteurs m'en donnent des fragments de temps à autre, de telle manière qu’avec le temps et un peu de chance, mon personnage ressemblera un peu plus à House.

 

Votre personnage avait une relation difficile avec son père, il en a une tout aussi difficile avec House. Le verrait-il comme un père de substitution ?
Absolument. Je voulais jouer le Dr. Chase comme un gars qui n’est pas contre House en permanence, car c’est déjà le cas de beaucoup de monde. Je me suis donc dit qu’il devait apprécier House, qu’il recherchait certainement son attention, pour être comme lui, ou, à défaut, lui prouver qu’il pouvait faire comme lui. Ca permet de donner une vrai couleur au personnage ; c’est très agréable de jouer un type qui n’est pas un benêt, mais plutôt un mec qui pense d’abord à lui, qui veut faire avancer sa carrière. Il recherche quelque chose chez House, il n’est pas là par hasard.

 

Comment réagiriez si vous ou un de vos proches se retrouvait face à House ?
Si l’on se fie à son tableau de chasse, il a raison 9 fois sur 10, donc je lui ferais probablement confiance.

 

Cela vous arrive-t-il de regarder d’autres séries médicales, comme Grey’s Anatomy ?
Non, je ne sais même pas ce qu’ils font.

 

Vous connaissez Urgences tout de même ? 
Oui, ça m’est arrivé d’en regarder un épisode ou deux.

 

 

Vous embrassez une petite fille dans un épisode de la 2ème saison. Etait-ce difficile à faire ?
Oui, c’était très difficile, mais je suis très content d’avoir eu une telle opportunité. C’était une très jeune fille, j’ai beaucoup réfléchi sur la manière de procéder, mais ça s’est très bien passé. J’aime beaucoup la manière dont on a joué la scène car c’était totalement chaste, même s’il demeurait une part de gêne. Malgré cela, il y a des gens à qui cela n’a pas plu du tout ; un type a même voulu engager des poursuites envers la Fox et moi-même. Mais la scène était très correcte, il y a tellement de violence à la télévision de nos jours ; il y a bien pire que ce que nous avons fait.

 

Avez-vous reçu du courrier en provenance d’hôpitaux ? De personnes malades ou de professionnels de la santé vous félicitant de votre travail ?
Oui, c’est très curieux car on a reçu beaucoup de remerciement en provenance de diverses fondations, comme la Lupus Foundation of America, pour le simple fait d’avoir sensibilisé le public à cette maladie, vu qu’on suspecte le lupus dans pratiquement chaque épisode par exemple. Cette espèce de rengaine a des effets surprenants car les gens viennent nous remercier d’avoir parlé d’une maladie peu connue et, en quelque sorte, d’avoir travaillé pour eux. Il est difficile de prévoir les conséquences de notre travail, en bien comme en mal, mais pour nous c’est très positif la plupart du temps. C’est très gratifiant, car en tant qu’acteur, on n’est pas là pour sauver la planète, on est là pour divertir les gens, mais que notre travail ait des retombées positives, c’est bon à savoir.

 


 Votre relation dans la vie courante avec Jennifer Morrison a-t-elle inspiré celle entre vos personnages, les Dr. Chase et Cameron ?
Non pas du tout. Les scénaristes ont imaginé cette relation entre les deux personnages sans savoir que nous nous aimions de notre côté. On a voulu rester caché au début, pendant environ trois mois, puis ça a fini par sortir. C’est privé, donc comme nous sommes collègues, c’est à double tranchant. On prend des précautions, particulièrement vis-à-vis de la presse.

 

Vous avez été inclus l’un et l’autre dans la liste des 100 personnalités les plus belles par le magazine People. Quel effet cela fait-il ?
C’est très bizarre. Je ne sais pas trop comment réagir vis-à-vis de ça. C’est la face cachée du métier d’acteur.  Quand on débute dans le métier, on fait notre boulot, et le revers de la médaille, c’est la publicité et tout ce qui va avec, comme parler de ce que vous faites tous les jours. Ce qui doit arriver dans pas mal de domaines, je suppose, comme pour les sportifs célèbres ou plein d’autres encore.

 

Est-ce que c’est compliqué de partager travail et vie privée avec la même personne ?
Oui, un peu. On ne vit pas ensemble. On passe beaucoup de temps en commun sur le plateau, et on rentre chacun chez soi en sortant du boulot. On a très peu de temps en dehors en fin de compte.

 

Vous avez tourné ensemble sur Flourish, un petit film indépendant (inédit en France). Quelle était la différence par rapport aux tournages de Dr. House ?
On a très peu travaillé ensemble sur le film car les personnages sont séparés en permanence. On doit avoir une scène en commun, où elle me projette sous la douche assez violemment, donc l’expérience était limitée.  C’était agréable ceci-dit de faire quelque chose de nouveau professionnellement-parlant.

 

Vous avez l’intention de vous orienter vers le cinéma à l’avenir ?
Dès que j’en aurais la liberté, absolument. En ce moment, c’est difficile car le show consomme énormément de temps et d’énergie. Je suis à fond sur House.

 

Que va-t-il se passer dans la saison 4 ?
On ne sait pas encore car les scénaristes sont en train de démarrer l’écriture. A la fin de la saison 3, ils ne savaient pas comment ils allaient enchaîner sur la suivante.

 

Vous n’avez vraiment pas la moindre idée ?
Ils nous ont dit, après le renvoi de Chase et les démissions de Cameron et Foreman, que nous allions revenir. On ne va pas aller pointer au chômage, les personnages vont revenir, mais on ne sait pas encore comment en cet instant. Je ne peux que faire des suppositions. Peut-être House va-t-il réaliser qu’il a besoin de nous trois pour nous faire revenir, et qu’il va devoir faire de pénitence pour ça.

 

Va-t-il y avoir de nouveaux personnages ?
Oui, House  va devoir recruter une nouvelle équipe, mais on ne sait pas encore qui restera dans la série ou pas. Ca promet d’être intéressant, ca va changer la dynamique au sein du show. L’aspect procédural restera intact, mais ça va mixer un peu les choses.

 

 
Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.