Breaking Bad : Comment te dire adieu ?

Alexandre LETREN | 4 octobre 2013
Alexandre LETREN | 4 octobre 2013

Pour un auteur, terminer une série n'est jamais chose facile. D'abord, il faut savoir quand le faire et comment le faire. Satisfaire les fans, résoudre les intrigues en cours et offrir une fin satisfaisante à une série que l'on a porté durant plusieurs années. 

Pour nous, public, dire adieu à une série que l'on a profondément aimé et qui, jamais ne nous a déçu, est un déchirement. Mais les adieux sont plus faciles quand la série se termine en apothéose, donnant pleine satisfaction au public que nous sommes. On a alors le sentiment que les auteurs ne nous ont pas trahi. Et pourtant, l'amateur de séries que je suis a souvent eu l'occasion d'être déçu par des fins de séries (X-Files, Millennium ou dernièrement Dexter nous ont vraiment donné la sensation d'être floué). Mais incontestablement, ça ne sera pas le cas avec Breaking Bad. Vince Gilligan nous a offert une fin juste parfaite pour sa série.

Volontairement, j'ai choisi de ne rien révéler sur ce final. D'abord parce que le délai de prescription est loin d'être passé. Mais aussi, et surtout, par respect pour vous qui avez sans nul doute envie de découvrir cet épisode dans les mêmes circonstances que celle et ceux qui l'ont déjà vu. 

 

 

Mais ce qui est fort en visionnant les 55 dernières minutes de ce qui restera comme l'une des plus grandes séries télévisées, c'est le sentiment de devoir accompli. Breaking Bad a atteint de manière extrêmement logique le bout de sa route. Vince Gilligan est parvenu à maîtriser sa série jusqu'au bout. Cet ultime épisode permet à Walter de solder ses comptes avec tout le monde. Il les solde soit à la manière de Walter White, soit à la manière de Heisenberg... Mais il les solde. A ce titre, Bryan Cranston livre une partition en tout point remarquable. D'abord par la transformation physique qui s'opère chez lui. Si on reprend l'évolution physique du personnage depuis les débuts jusqu'à maintenant, elle suit de manière extrêmement intelligente la « carrière » de Walt comme criminel. C'est saisissant. Et dans ce dernier épisode, Walt apparaît fatigué, usé. Les traits marqués par ce qu'il a vécu et par la maladie, il m'a rappelé par moment le personnage de Christian Bale dans The Machinist.

 

 

Mais bien que sur le déclin, Walt n'oublie pas pour autant d'être Heisenberg quand il le faut. Bryan Cranston parvient à faire passer ces deux personnalités seulement par le regard. Plusieurs fois, on a des plans serrés sur les yeux de Walt et on sait immédiatement à quelle personnalité on aura affaire. Le regard doux, plein de repentance lors de son dernier face à face avec Skyler, ou le regard dur de Heisenberg au volant de sa voiture et qui va solder ses comptes. Cranston sait passer par tous les états et nous les faire vivre. En une scène au début de l'épisode, il passe de Walt à Heinsenberg... avec les mêmes personnes ! De la demande de pardon à la menace glaçante. Jusqu'au bout, Walt aura été Heisenberg. Pourquoi ? "Parce ça me plaît !" [...] "Je me suis senti vivant !". L'aveu de Walt en forme d'épilogue.

Un personnage qui aura cherché à tout le temps justifier ses actes et qui décide de ne plus tricher et de baisser les armes. La maladie aura permis à Walt de sortir de la condition dans laquelle il est au début de la série et, paradoxalement alors que la maladie le condamne à une mort certaine, de se sentir vivant pour la première fois de sa vie. 

 

 

Mais ne nous y trompons pas, Walt reste un monstre. Heisenberg n'est pas le seul responsable de tous ses actes. Pour se sentir vivant, certains font des choses dingues mais la voie que Walt a choisi presque "facilement" est celle de la criminalité, agissant de plus en plus sans aucune logique et sans aucune raison. Car même si au début, Walt se donne pour justification d'aider sa famille après son départ, cette raison ne tient plus quand il s'agit de conserver ce pouvoir qu'il s'est créé. Pourtant, malgré tout, et grâce au talent de Vince Gilligan et ses auteurs, Walter reste jusqu'au bout un personnage pour lequel on s'inquiète. Et un personnage pour lequel on est bouleversé de voir faire ses adieux à la toute fin de l'épisode. De quelle manière ? Il faudra bien entendu voir l'épisode pour ça mais lorsque le rideau tombe sur Walt et sur la série, on ressent une grande tristesse, un grand vide et une profonde reconnaissance.

Tristesse de dire au revoir à des personnages aussi passionnants et que l'on a aimé. Grand vide car on est conscient du fait qu'une série du niveau de Breaking Bad ne risque pas de revenir de si tôt (et c'est d'ailleurs ce qui les rend si exceptionnelles).

Une profonde reconnaissance envers ces personnes (auteurs, réalisateurs, comédiens,...) qui ont travaillé sur la série et qui m'ont considéré, moi téléspectateur, comme quelqu'un d'intelligent. Car il faut une sacrée dose de respect pour les téléspectateurs pour leur offrir une série d'un tel niveau qualitatif. Merci Vince Gilligan d'avoir cru en nous et nous avoir fait un si beau cadeau. 

 

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commentaires
crorkzz
31/05/2015 à 03:07

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crorkz mattz
07/04/2015 à 11:49

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