Heroes saison 3 : la saison de trop ?

Ilan Ferry | 30 décembre 2009
Ilan Ferry | 30 décembre 2009

Attention cet article contient des éléments clés de la 2ème et 3ème saison

Rançon du succès oblige, Heroes s'était planté dans les grandes largeurs via une 2ème saison handicapée par la grève des scénaristes (seulement 11 épisodes au compteur) mais aussi par le manque d'inspiration de scénaristes beaucoup trop confiants. Conscient que son show avait besoin d'un bon coup de fouet, Tim Kring rectifie le tir avec une 3ème saison bien plus fournie que la précédente.  Ainsi, dans un souci de revenir aux fondamentaux de la série, Kring s'est mis en tête d'offrir aux spectateurs non plus une douzaine d'épisodes mais 25 à l'image de l'épique 1ère saison qui en contenait déjà 23. Kamikaze, il ne se contente pas ici de découler un arc narratif mais deux qu'il scindera en deux volumes, un peu comme si il faisait deux saisons en une. Une initiative aussi audacieuse que risquée. Pari réussi ?

 

Héros ...

Quiconque a tenu jusqu'à la fin de la saison 2 se souvient que cette dernière se concluait par un cliffhanger énorme qui voyait l'un des personnages phares de la série voué à une mort certaine. Première bonne nouvelle : Heroes enchaîne directement  sur les conséquences de ce tragique événement là où d'autres shows auraient joué la carte de la frustration en nous entraînant sur un tout autre terrain. L'espace d'un moment on y croit tant cette nouvelle fournée démarre sur les chapeaux de roue en esquissant efficacement les divers enjeux. En l'occurrence force est de reconnaître que les scénaristes ont parfaitement respecté le leitmotiv du 1er volume de cette troisième saison. Intitulée «Vilains » (aka « Les Traîtres » en VF, tout de suite ça le fait moins !)  celui-ci s'axe sur les deux forces en présence amenées à s'affronter lors d'un combat qu'on nous promet homérique et digne de tout comics qui se respecte. Sauf  qu'ici les dés sont pipés et les rôles allégrement renversés. Pourquoi ? Comment ? C'est ce que tente de nous dévoiler Vilains. Nombre d'événements ponctuent ce début de saison à commencer par l'identité de l'homme ayant tiré sur Nathan qui est révélé. Un acte manqué puisque Nathan, bien en vie, est en proie à des visions dans lesquelles un Lindermann (le bad guy de la saison 1) miraculeusement ressuscité tente de l'entraîner, lui et une poignée d'autres héros, du côté obscur de la force. Pendant ce temps l'increvable Sylar continue son petit bonhomme de chemin jusque dans le fameux niveau 5 de la Compagnie où sont emprisonnées les pires râclures dotées de supers pouvoirs. Sa rencontre avec Angela Petrelli l'amènera à emprunter une voie inattendue. Echaudée par son dernier affrontement avec Sylar, Claire va quant à elle s'entraîner dur pour devenir comme son papounet, une impitoyable chasseuse de mutants. Enfin, Mohinder va amorcer une métamorphose digne de La Mouche, après avoir testé sur lui une formule aux surprenants effets secondaires. Des coups de Trafalgar qui sonnent comme autant d'actes stratégiques visant à grossir les rangs de deux camps opposés et intimement liés au destin de la famille Petrelli.

 



 Vilains...

Cependant, si cette 1ère partie marque une véritable volonté de la part des auteurs de revenir aux sources du « mythe » elle n'en est pas moins exempte de défauts totalement symptomatiques du déclin de la série. A l'image de la saison 2, Vilains pêche par un trop plein d'intrigues et de parcours parallèles qui auront tôt fait de lasser le public. On passe ainsi de l'agacement (Sylar tour à tour gentil ou méchant est un incroyable aimant à baffes) à l'indifférence générale (le parcours initiatique et chamanique de Matt Parkman) et ce ne sont pas les laborieuses aventures d'Hiro et Ando qui diront le contraire. Non, si ce 1er volume interpelle ce n'est pas tant dans son déroulement scénaristique et un discours quelque peu pesant sur le caractère immuable du destin, mais dans les thèmes qui y sont évoqués. Ainsi, à travers les destinées croisées de Nathan, Peter, Claire ou encore Mohinder c'est bien l'ambivalence de l'être humain et la fine ligne séparant le Bien du Mal qui est mis en exergue, tandis que l'apparition de Petrelli père comme über bad guy (interprété par un Robert Forster impérial), redonne un second souffle à une série manquant cruellement de méchant charismatique. Autre thème essentiel : la famille comme modèle antagoniste dont nos héros tentent vainement de s'extraire sans se rendre compte qu'ils s'en rapprochent de manière inéluctable. Les parents, Némésis suprêmes ? En voilà une idée qu'elle est bonne. Malheureusement celle-ci est totalement mise de côté lors d'un second volume que l'on peut aisément qualifier d'inutile.

 



... Et fugitifs

Bien qu'imparfait « Vilains » faisait office  d'honnête retour aux sources qui aurait pu gagner en efficacité si il avait été prolongé d'une poignée d'épisodes supplémentaires. Peine perdue puisque Kring en rajoute une couche avec « Fugitives » dont l'intérêt reste encore aujourd'hui très relatif. Prenant place quelques mois après les événements de « Vilains », ce second volume semble surtout marqué par le sceau de l'opportunisme et du manque flagrant d'inspiration des scénaristes. On y voit ici Nathan mener une traque aux mutants aux côtés de l'impitoyable Denko. Une storyline tout droit emprunté à X-Men (Nathan a des airs de sénateur Kelly) prétexte à une débauche d'effets spéciaux cheap dont le point culminant reste un  affrontement final façon Jean-Michel Jarre (avec pleins de sons et de lumières) mais dont on ne verra rien ! Pour le reste, cette demi-saison se contente de recycler paresseusement les ingrédients de ses prédécesseurs et force l'admiration dans sa propension à tourner en rond. A cela s'ajoute un nombre conséquent d'incongruités scénaristiques (le retour « surprise » d'un personnage dont la capacité à tout anticiper reste encore un mystère) et autres grossiers effets de manche aisément démontables.

 

 

On y croyait un peu le temps d'une demi-saison mais non Fugitives  vient nous ramener à cette dure réalité : la réussite d'Heroes n'aura au final été qu'un heureux hasard. Un constat qui n'a échappé à personne, puisque la saison 3 est sortie chez nous directement en DVD et Blu-Ray sans passer par la case TV.

 

Heroes, saison 3, disponible en DVD & Blu-Ray chez Universal Vidéo depuis le 8 décembre 2009.

 

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