Esprit cathodique - Numéro 11

Patrick Antona | 11 avril 2008
Patrick Antona | 11 avril 2008

Parce qu’il n’y a pas que le ciné et les DVD dans la vie. Et parce qu’il y a aussi la TV et qu’avec le nombre de chaînes hertziennes, cellesde la TNT sans oublier surtout celles du câble et du satellite, il y a de quoi devenir fou à éplucher les programmes pour trouver THE filmà voir confortablement installé dans son canapé. Ecran Large, par l'intermédiaire de son fin limier Patrick Antona, vous aide à vous y retrouver en vous offrant une sélection de ce qui serait sympathique de voir chaque semaine. Pas forcement le best of the best mais un melting-pot savamment préparé par le maestro. Voici le choix de cette semaine allant du 12 avril au 19 avril 2008.

 

 

 

Samedi 12 Avril

 

 

Ben Hur (version restaurée)

TCM

20 :45

 

Disparition de Charlton "Moïse" Heston oblige, les hommages se succèdent à la TV avec la diffusion de ses plus grands succès, en regrettant que des œuvres méconnues mais grandioses telles que La Main qui venge ou Quand la Marabunta gronde ne soient pas du cortège. Monument en Cinémascope et technicolor à ne pas rater, Ben Hur version 1959 (celle muette de 1925 vaut aussi le visionnage) est aussi l'occasion d'admirer la formidable course de chars, segment réalisé par un de ces génies méconnus de Hollywood indispensables à ce genre de machinerie, le cascadeur Yakima Canutt, qui effectue la fameuse cabriole par dessus le chariot.

 

 

 

 

 

 

Dimanche 13 Avril

 

 

S.P.L. : Sha Po Lang

 

Billy the Kid versus Dracula

Ciné Cinéma Frisson

 

Ciné FX

20:45

 

21:00

 

Excellent film d'action renouant avec le style sec et brutal des polars HK des années 90, SPL n'a pas eu la chance de connaître une sortie cinéma digne d'une production de ce calibre; les distributeurs français préférant nous abreuver de remakes US de film HK qui sont plus calibrés, eux, pour le rayon DVD. Mais ne boudons pas notre plaisir, celui primaire de voir  Sammo Hung, Donnie Yen, et Simon Yam se foutrent ardemment sur la gueule, et ce jusqu'au final assez nihiliste, le tout sans user des câbles qui ont fini par dénaturer nombre de scènes d'action martiales ces dernières années. 

 

Avec plus de 170 films de cinéma à son actif, et pratiquement autant d'épisodes TV, William Beaudine est de ces stakanovistes du cinéma américain qui abreuvaient sans relâche les doubles-programmes du samedi soir de westerns et de comédies bas de gamme. Point final, et d'orgue, de sa prolifique carrière, il commit en 1966 deux mélanges du genre western/épouvante avec Jesse James meets frankenstein's daughter et Billy the Kid versus dracula, films restés célèbres grâce à leurs titres. Il n'empêche que le fait de découvrir le papa de David Carradine en vampire transylvanien égaré dans un far-west de carton-pâte est un de ces plaisirs coupables que seule une chaîne comme CinéFX peut apporter, et ce pour moins de 75 minutes de votre temps. 

 

 

 

 

 

 

Lundi 14 Avril

 

 

Double impact

Shooting Dogs

NT1

Arte

20:45

21:00

 

Benoît Poelvoorde alias Lenny Bar le dit lui-même : « Double impact est le meilleur Van Damme car il y a deux Van Damme dans le film ». Comparé à ces précédents persos dans Kickboxer ou Full Contact, il est indéniable que le film de Sheldon Lettich marque un progrès certain dans l'évolution de notre karatéka francophone préféré, avec une intrigue s'inspirant du classique Frères Corses d'Alexandre Dumas et une réalisation plutôt soignée, prenant pour cadre Hong Kong. Encouragé par cette relative réussite, Van Damme nous refera le coup du frère jumeau à deux reprises, à quelque variante près, dans Risque maximum et Replicant, d'autres honorables réussites du genre qui démontrent qu'il y a toujours quelque chose de bon à tirer dans la carrière du belge le plus souple du cinéma. Et on attend beaucoup de sa confrontation avec son double médiatique dans JCVD (sortie le 04/06/08), espérant qu'il soit à la hauteur des ambitions espérées .

 

Deuxième film d'importance à prendre comme cadre le génocide rwandais, Shooting dogs, même s'il n'évite pas quelques lourdeurs narratives et que sa vision exclusivement « occidentale » de ce drame en renduit quelque peu la force, reste un film à voir d'urgence. Tout comme Hotel Rwanda, il permet de prendre toute la mesure d'un drame où la position ambivalente de l'état français est toujours sujet à caution, et qui est la preuve que les anglo-saxons sont toujours les plus prompts à s'inspirer des drames récents aux résonnances mondiales (Canal+ s'y est enfin attelé en 2007 avec le téléfilm Opération Turquoise).

 

 

 

 

 

Mardi 15 Avril

 

 

Le fond de l'air est rouge (version remontée)

Red Corner

Arte

 

France 4

23 :00

 

23 :00

 

Ce mardi soir, le service public fait dans la complémentarité des programmes. A mon extrême gauche, en accord avec la commémoration des évènements de mai 68, Arte nous propose la nouvelle version du célèbre documentaire de Chris Marker, Le Fond de l'air est rouge, initialement sorti en 1977, vertigineux bouillon d'images narrés par Simone Signoret et Yves Montand sur les mouvements de révoltes des sixties et seventies. La version proposée par Arte est celle raccourcie à 3h00, avec en ajout des commentaires en intro et en final de Chris Marker lui-même.

 

A mon centre gauche, tendance partie démocrate, France 4 fait dans le divertissement avec velléités militantes avec Red corner, honnête thriller de Jon Avnet, qui a fait bien pire (regardez 88 minutes en comparaison !), et dont la diffusion tombe pile dans une période où les critiques commencent à pleuvoir sur la dictature chinoise. Même si Richard Gere, pourtant partie prenante du fait de son engagement pro-tibétain, joue comme une endive, Red corner se laisse voir sans déplaisir et permet d'apprécier le talent protéiforme de la délicieuse Bai Ling, dont vous pouvez admirer les photos ici .La belle est d'ailleurs persona non grata dans son pays (hormis Hong Kong) depuis ce film.

 

 

 

 

 

 

Mercredi 16 Avril

 

 

Soleil Vert

Apocalypto

Ciné Cinéma Star

Canal+ Cinema

20 :45

22 :25

 

On continue dans les hommages à l'acteur Charlton Heston (parce que l'homme dans les dernières années de sa vie a viré dans le nauséeux) avec ce classique de l'anticipation pessimiste qu'est Soleil vert de Richard Fleischer. Que ce soit pour la scène bouleversante de la mort de Edward G. Robinson que pour la vision prophétique d'un monde pollué et sous-alimenté qui malheureusement semble s'annoncer, Soleil vert est aussi novateur avec l'émergence d'un personnage qui deviendra alors récurrent dans la SF, celui du flic aux  prises avec un complot aux ramifications insoupçonnées, à Charlton Heston succèdera ainsi Sean Connery dans Outland ou Harrison Ford dans Blade Runner.

 

Que ceux que les élucubrations mystico-hysterico-sado-masos aux relents antisémites de La Passion du Christ ont laissé de marbre (dont je suis) se rassurent, Mel Gibson reste un sacré metteur en scène et Apocalypto en est la démonstration flagrante. Certes, la réalité historique est un peu malmenée et Mel Gibson s'inspire assez ouvertement du grand classique qu'est La Proie nue de Cornel Wilde, mais il a redonné avec son film toutes ses lettres de noblesse au film de jungle, tout en enfonçant le clou sur sa vision barbare de la nature humaine. Et si vous êtes friands d'aventures prenant place dans l'Amérique du temps des mayas, précipitez-vous sur le DVD des Rois du soleil avec Yul Brinner sorti il y a peu en zone 1, même si les sous-titres français y sont absents.

 

 

 

 

 

Jeudi 17 Avril

 

 

L'Ecole des Super-Héros

Vertical Limit

Canal+ Family

M6

20 :45

20 :50

 

A la différence de Spider-man 3 et des 4 Fantastiques et le Surfer d'argent , L'Ecole des Super-héros ne ment pas sur la marchandise et propose un film de super-héros estampillé Disney family des plus proprets et néanmoins spectaculaire. Disposant d'un casting des plus intéressants qui soit, avec Kurt Russell, Mary Elizabeth Winstead (oui, deux ans avant Boulevard de la mort), Bruce Campbell et Lynda Carter dans le rôle clin d'œil de la principale de ce lycée dédié aux jeunes super-héros, le film de Mike Mitchell emporte haut la main la palme du film sympathique à déguster en famille, plutôt que de se retaper les deux bouses susnommées. 

 

Nouvel avatar de Piège de cristal situé dans les cimes, marchant dans les traces de l'excellent Cliffhanger (on réussira toujours à caser un Stallone dans Esprit cathodique), Vertical Limit s'annonçait comme un des blockbusters de l'année 2000. Las, les promoteurs du film avaient oublié dans leur équation un paramètre indispensable pour tout film d'action réussi : un acteur charismatique ! Il est évident que la fadeur de Chris O'Donnell ne fait pas du tout l'affaire dans cette histoire de poursuite himalayenne pourtant bien troussée, on préférera de loin se concentrer sur les prestations de Robin Tunney et surtout de la trop rare Izabella Scorupco, du coup on sentira moins la morsure du froid et la torpeur de l'ennui.

 

 

 

 

 

Vendredi 18 Avril

 

 

La Montagne Sacrée

Arte

23 :35

 

Ce vendredi soir sur Arte, c'est soirée transcendantale à donf. Rien de tel que le chef d'œuvre d'Alejandro Jodorowsky pour apprécier la démesure ainsi que la clairvoyance du personnage, jouant autant avec les symboles de la mystique chrétienne qu'avec le spectateur, et dont l'achèvement se retrouve dans un final demeuré anthologique. La Montagne sacrée s'est affranchie avec le temps (le film date de 1973) de ses relents de philosophie baba-cool pour demeurer un des trips cinématographiques les plus aboutis où le grotesque côtoie le sublime avec aisance, préfigurant par son sens de la provocation le style à venir de David Lynch, tout en misant sur un volontarisme universaliste, héritage de la contestation de mai 68, et qui au demeurant se veut plus optimiste sur la destinée de l'homme.   

 

 


 

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