Star Wars : Visions saison 2 – la meilleure série Star Wars que vous ne regardez pas sur Disney+

La Rédaction | 4 mai 2023 - MAJ : 04/05/2023 14:32
La Rédaction | 4 mai 2023 - MAJ : 04/05/2023 14:32

Star Wars : Visions est de retour avec sa saison 2, qui laisse place à plus de variété. Critique des 9 épisodes sur Disney+.

Sorte de Love, Death & Robots à la sauce Lucasfilm, Star Wars : Visions s’est rapidement présenté comme une évidence, ainsi qu’une belle façon de prolonger la franchise avec diversité sur Disney+. Néanmoins, la première saison de cette série anthologique est restée à l’état de brouillon certes prometteur, mais trop attaché à des thèmes précis de la saga de George Lucas. En confiant à des studios d’animation japonais le soin de revenir aux sources du mythe et de sa multitude d’inspirations, beaucoup se sont contentés d’enfoncer des portes ouvertes (oui, Lucas s’est inspiré de Kurosawa, on sait...).

Avec sa saison 2, Star Wars : Visions a franchi un cap, et a décidé de faire appel à des studios issus des quatre coins du monde. Force est de constater que cette approche lui réussit grandement, autant pour la variété des formes et des styles (2D, 3D, stop-motion...) que pour la réappropriation de certains motifs de la saga, prouvant au passage l’universalité de cet univers foisonnant. Voici donc la critique détaillée des neuf épisodes de cette deuxième saison.

 

PhotoWallace et Kermit

 

Sith

Studio : El Guiri (Espagne) - Durée : 16 minutes

 

Star Wars: Visions : photoLa haine mène au Côté Obscur (et à un bon coup de pinceau)

 

Après avoir réalisé le génial court-métrage Alma (sorte de Toy Story qui vrille au cauchemar), Rodrigo Blaas et le studio El Guiri accaparent Star Wars avec une envie de pop-art. Pas étonnant que Sith soit le premier épisode de cette saison 2 (et son principal appel d’offres), au vu de sa 3D aux textures de peinture, qui n’est pas sans rappeler l’inventivité formelle de Spider-Man : New Generation.

Les arts plastiques sont même au cœur de la narration, au travers de ce personnage d’ancienne Sith qui ne peut pas empêcher le Côté Obscur d’envahir ses toiles. Avec ses couloirs immaculés petit à petit envahis par la couleur (on se dirait dans le jeu Antichamber), le court-métrage développe une réflexion passionnante sur le rapport entre Star Wars et la synesthésie, cette façon de relier – ou plutôt de mélanger – les sens et les émotions qui y sont liées.

George Lucas a engendré un code couleur immédiatement reconnaissable et lourd de sens, ne serait-ce qu’avec les lames des sabres-laser, ici utilisés dans un duel final magnifique. Les armes deviennent des pinceaux qui laissent déborder des éclats de lumière, au sein d’une proposition qui exploite au mieux la direction artistique et les décors de la franchise, tout en les plongeant dans une modernité que n'aurait pas reniée Kandinsky. Et en plus, il y a un petit droïde trop mignon !

Note : 4/5

 

La Caverne des Hurlements

Studio : Cartoon Saloon (Irlande) - Durée : 15 minutes

 

PhotoVous n'êtes pas prêts

 

La saison 2 de Star Wars : Visions démarre en fanfare. Après le superbe Sith, c’est un exercice de style totalement différent auquel se livre le studio irlandais Cartoon Saloon (derrière le magnifique Le Peuple Loup). On revient à une animation en 2D plus traditionnelle, mais qui n’en reste pas moins somptueuse. Réalisé par le co-créateur du studio lui-même, Paul Young, La Caverne des hurlements s’offre ainsi des panoramas grandioses et une ambiance féérique. Mais c’est par son scénario qu’il surprend le plus, et le mieux.

En effet, le postulat de base du court n’est pas des plus originaux, même s’il aborde déjà des thématiques intéressantes, avec ces trois jeunes protagonistes forcés de travailler dans une usine impériale. Alors qu’ils se lancent dans une quête initiatique, tout laisse à penser que l’héroïne va se découvrir des pouvoirs cachés et sera amenée à devenir une Jedi. Pourtant, La Caverne des hurlements opère un revirement passionnant et complètement inattendu, troquant son ambiance enfantine pour des inspirations bien plus sinistres, à la limite de l’horreur.

Son épilogue, lugubre et sombre, marque un dernier tournant qui laisse pantois. L’épisode s’accapare ainsi avec brio nos attentes (notamment en raison d’une première saison très balisée) et se les approprie à sa manière. C’est tragique, c’est beau, et c’est un sacré tour de force.

Note : 4/5

 

Dans les étoiles 

Studio :  Punkrobot (Chili) - Durée : 18 minutes

 

Star Wars: Visions : photoNever give up comme dit John Cena Tichina 

Après l'Espagne et l'Irlande, Lucasfilm a fait une escale au Chili pour son troisième court-métrage. Dans les étoiles est produit par le studio Punkrobot et réalisé par Gabriel Osorio, qui a remporté l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation en 2015 et ainsi fait remporter au pays et à l’Amérique latine sa première statuette pour une oeuvre d’animation. Avec cette histoire autour de deux orphelines dont le peuple a été massacré par l'Empire, le cinéaste fait une nouvelle fois preuve d'une belle maîtrise plastique hybride.

Dans un mélange d'images de synthèse 3D et d'animation en stop-motion, le film convoque une esthétique post-apocalyptique suffocante, dont l'effet est sublimé par les matériaux et environnements tangibles qui apportent un relief supplémentaire. L'ambiance y est corrosive, avec un ciel bouché par des vapeurs épaisses et des eaux souillées par les déchets toxiques. Tout est sombre, contaminé et poussiéreux, de la terre devenue stérile aux uniformes autrefois blancs immaculés des soldats de l'Empire. 

L'histoire quant à elle n'aborde rien de très original et ne sort pas du carcan narratif classique de la licence en opposant la peur et la résignation à l'optimisme belliqueux face à l'envahisseur. En revanche, elle trouve son sens au vu du passé du pays, qui a lutté contre le colonialisme et la dictature, donnant ainsi au récit une plus forte résonnance politique. On peut cependant regretter que le propos écologique sur le massacre de la biodiversité soit à peine effleuré pour se recentrer presque immédiatement sur les pertes humaines.

Note : 3,5/5

 

Je suis ta mère

Studio : Aardman (Royaume-Uni) - Durée : 14 minutes

 

PhotoLa Menace Fantôme, sans menace et en mieux

 

Parmi les courts-métrages les plus attendus de cette seconde fournée, celui produit par Ardmann était en tête de liste. La réputation du studio anglais n'est plus à faire, tandis que le fait de voir la maison mère de Wallace et Gromit et Shaun le mouton s'emparer de l'univers de George Lucas était une promesse des plus curieuses. En plus de son animation en stop-motion et de ses couleurs pastel caractéristiques, cette histoire (plus courte que les huit autres) est aussi la plus singulière et rafraichissante

Exit les grands dilemmes moraux, la bascule entre le Côté Obscur et lumineux de la Force ou l'autoritarisme de l'Empire, Je suis ta mère balaie toute la mythologie d'un revers de main pour proposer à la place une pastille comique et beaucoup plus légère comme le jeu de mots du titre l'annonce d'emblée. Le but est de s'amuser à gentiment désacraliser tout ce qui peut l'être, tout en reprenant des figures familières et ancrées dans l'imaginaire collectif (à l'instar des Wookies ou des milles easter eggs qui composent les arrière-plans).

Le pilote Wedge Antilles devient ainsi un présentateur télé en mal de réputation, tandis que les soldats et représentants de l'Empire sont transformés en duo mère-fille riche et insupportable dont la coupe de cheveux est une référence évidente au casque de Dark Vador. Mention spéciale également pour l'Étoile Noire miniature et le droïde de sécurité impérial qui manipule le drapeau de la course. C'est impertinent tout en restant généreux, soit tout l'intérêt de décloisonner la saga pour la confronter à d'autres techniques, d'autres influences, et surtout d'autres tonalités. 

Note : 4/5

 

Voyage au bout des ténèbres

Studio : Mir (Corée du Sud) - Durée : 21 minutes

 

Star Wars: Visions : photoDes idées sombres plein la tête

 

La première saison de Visions s’était entièrement tournée vers le Japon. Lucasfilm se rend cette fois-ci chez le voisin sud-coréen pour Voyage au bout des ténèbres, qui renoue avec les inspirations visuelles de la première vague d’épisodes. Studio Mir est un habitué des collaborations hollywoodiennes, puisqu’il a notamment animé plusieurs productions de Warner Bros., comme la saison 3 de Harley Quinn.

Voyage au bout des ténèbres assume donc sa dimension totalement spectaculaire. En s’aidant de toute la liberté permise par l’animation, l’épisode déploie une énergie délirante dans ses scènes d’action, qui prennent une ampleur épique de tous les instants. Le choix de présenter une alliance entre une jeune pilote et un Jedi blasé fonctionne à merveille, avec une dynamique efficace. Mais la vraie trouvaille est ici l’antagoniste, un mystérieux seigneur Sith qui tente de rallier le Jedi à sa cause. Non seulement son design est terrifiant, mais son fouet laser permet de très beaux moments de bravoure durant les combats.

Comme beaucoup d’épisodes cette saison, Voyage au bout des ténèbres explore le thème de la fine frontière entre Côté Obscur et Côté Lumineux. Ce n’est pas le plus original, ni le plus profond dans son approche, mais son ambiance désespérée et ses visuels grandioses en font un divertissement superbe, à ranger dans le haut du panier de ce que Visions peut offrir.

Note : 4/5

 

L'espionne qui dansait

Studio : La Cachette (France) - Durée : 19 minutes

 

Star Wars: Visions : photoNope

 

Avec Mune, Love, Death & Robots et surtout l’indispensable série Primal, le studio français La Cachette a imposé un style paradoxal, porté par la délicatesse et le raffinement de ses traits durs et marqués, souvent au service d’une violence tout aussi belle et terrifiante. Il y a là une forme de simplicité, avant tout pensée pour mettre en valeur la pureté du mouvement animé. Face à ce postulat, quoi de plus logique que de parler de danse, et de mettre en scène une artiste qui profite de ses performances pour récolter des informations sur les troupes de l’Empire ?

L'Espionne qui dansait va même encore plus loin, en rendant un hommage explicite à Loïe Fuller (l’héroïne, doublée par Camille Cottin, a le même prénom) et à sa fameuse danse serpentine, où son corps se perdait dans une multitude de tissus. Les formes s’épurent jusqu’à l’abstraction, et en plus d’épauler l’action inventive de son épisode, La Cachette en tire tout un propos. Si les lignes sont bien visibles, celle entre le Bien et le Mal tend à se flouter dans cette galaxie lointaine, très lointaine, et le drame humain poignant au centre du court-métrage en fait l’un des plus beaux et originaux de la série.

Le studio a bien fait d’aller au bout de sa démarche et de son concept, puisque l’inspiration de Fuller permet ici le développement d’une esthétique Art nouveau, qui sied à merveille à l’univers de Star Wars.

Note : 4/5

 

Les Bandits de Golak 

Studio : 88 Pictures (Inde) - Durée : 19 minutes

 

Star Wars: Visions : photoLe retour du (pas) Jedi

 

La puissance de Star Wars : Visions réside dans sa capacité à déraciner la saga de George Lucas, pour l’emmener dans des horizons divers et variés. Quoi de mieux alors que le choix d’un studio indien, 88 Pictures, qui a notamment travaillé aux côtés de Guillermo del Toro pour la série Chasseurs de Trolls sur Netflix ? Il n’est point question de trolls ici, mais d’un voyage assez dépaysant avec Les Bandits de Golak. Et les inspirations du studio se marient ici à merveille avec l’univers foisonnant de Star Wars, notamment lorsque l’intrigue se la joue Snowpiercer dans le désert.

L’histoire s’appuie sur la dynamique attendrissante entre les deux protagonistes, un adolescent accompagné de sa jeune sœur, et qui tente de l’amener en lieu sûr. Alors que les protagonistes sont poursuivis par l’Empire, l’épisode s’offre une jolie scène de course-poursuite sur un train, mais aussi un duel au sabre laser plutôt bien tourné. La revisite du concept d’inquisiteur est une bonne idée, alors que l’on reprochait justement à la première saison de ne pas assez piocher dans son vaste univers.

Tout juste reprochera-t-on un style d’animation 3D parfois assez rigide, et une intrigue au final relativement simpliste, alors qu’elle explore des thématiques intéressantes. Sa conclusion est pourtant une belle pirouette émotionnelle, en offrant une réflexion sur la cruauté des méthodes Jedi, enclines à arracher de jeunes enfants à leurs familles. L’exécution est parfois balbutiante, mais le potentiel est là.

Note : 3/5

 

Le Trou

Studio : Lucasfilm et D’Art Shtajio (Japon) - Durée : 19 minutes

 

Star Wars: Visions : photoLes Evadés

 

En collaboration directe avec Lucasfilm, le studio D’ART Shtajio permet à Star Wars : Visions de revenir à la japanimation, dans le sillage de la saison 1. Malheureusement, Le Trou est l’épisode le plus faible de cette fournée, la faute à une technique solide, mais bien moins inventive que celle de ses camarades. Par ailleurs, l’écriture peine à assumer la simplicité toute métaphorique (voire mythologique) de son concept. Alors que des prisonniers de l’Empire creusent un immense trou pour récupérer du kyber (le cristal des Jedi), ils sont ensuite abandonnés, tandis qu’une cité se crée non loin d’eux.

Dans les faits, le désespoir de la situation aurait pu donner lieu à une réflexion politique fascinante, surtout lorsqu’une société se développe en parallèle sans se poser de question. Néanmoins, l’épisode traite trop sommairement son sujet, au point de le rendre bêtement manichéen et simpliste. Dommage, parce qu’il y avait quelque chose à faire avec ce réveil progressif des consciences face à ce sang versé qu’on ne saurait voir.

Reste malgré tout quelques belles idées, à l’instar de ce timelapse sur la construction de la ville, où la lumière des véhicules devient une suite de rayons de lumière. Une manière maline de pervertir un motif de Star Wars dans une image plus contemporaine.

Note : 2,5/5

La Chanson D'Aau

Studio : Triggerfish (Afrique du Sud) - Durée : 18 minutes

 

Star Wars: Visions : photoLe lapin de Pâques
 

Pour son dernier court-métrage, c'est au studio Triggerfish (connu pour les films Drôles d'oiseaux, Khumba et le court-métrage Un conte peut en cacher un autre) que Lucasfilm s'est associé. Pour La Chanson d'Aau, la stop-motion numérique a été mise au service d'une histoire qui s'inspire elle aussi des racines de la mythologie Star Wars (par ailleurs présentées sous la forme d'un texte d'exposition). Rebelote donc pour la lutte entre les Jedi et les Sith au travers des fameux cristaux Kyber que le Côté Obscur corrompt. 

Cette histoire, quoiqu'assez quelconque dans le lore Star Wars, souffre plus de sa dernière position que de son manque d'originalité ou de son manichéisme en passant après plusieurs récits du même type. Néanmoins, passé ce sentiment naturel de redondance, le court-métrage parvient à soulever un lyrisme plutôt charmant, de même qu'une ambiance mystique accentuée par la musique éthérée. C'est surtout le rendu visuel qui marque avec son large univers bucolique et coloré, peuplé d'adorables créatures pelucheuses.

Note : 3,5/5

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commentaires
lol498984
31/01/2024 à 23:00

la meilleur ? fait gaffe la glotte ça s'arrache vite ..