Kaamelott : les 15 meilleurs épisodes de la série culte d'Alexandre Astier

Déborah Lechner | 25 mars 2022 - MAJ : 19/10/2023 17:12
Déborah Lechner | 25 mars 2022 - MAJ : 19/10/2023 17:12

Kaamelott est passionnant et il ne nous en fallait pas plus pour dresser la liste des 15 meilleurs épisodes de la série culte d'Alexandre Astier.

Avec son humour désopilant, ses personnages exubérants, son talent pour les phrases bien tournées et ses répliques cultes ("Le gras, c'est la vie", "Elle est où la poulette ?","Arthouuuur ! Pas changer assiette pour fromage" ou sa variante "COUILLÈÈÈÈÈÈRE"), Kaamelott a rapidement trouvé son public sur M6 où la série a été diffusée entre 2005 et 2009.

Créée par Alexandre Astier, Alain Kappauf et Jean-Yves Robin, la sitcom qui désanoblit les légendes arthuriennes est une des rares propositions françaises modernes à avoir laissé une telle trace dans la culture populaire. Évidemment, la série a aussi laissé dans son sillage des contre-façons du groupe M6 comme La Petite Histoire de France ou Péplum qui n'ont jamais connu le même succès. 

Autant de bonnes raisons pour dresser la liste des 15 meilleurs épisodes de la série. Évidemment, avec 458 épisodes aux compteurs, la sélection laisse forcément de côté des épisodes qui auraient mérité une place dans le classement, qui se fera par ordre chronologique pour ne pas compliquer davantage les choses.

 

photoBeaucoup d'appelés, mais peu d'élus

 

1. LA TARTE AUX MYRTILLES (LIVRE I ÉPISODE 2)

Ça raconte quoi : Arthur est à table avec la reine Guenièvre (Anne Girouard), son beau-père le Roi Léodagan (Lionel Astier), et sa belle-mère Dame Séli (Joëlle Sevilla), qui a cuisiné une tarte aux myrtilles imbouffable. Une occasion toute trouvée de rappeler au souverain du royaume de Logres qu'il serait temps pour lui d'avoir un héritier.

Pourquoi c'est génial : En prenant un simple repas en famille comme point de départ (la série se faisant elle-même en famille), Kaamelott présente pour la première fois une situation ordinaire, une tranche de vie presque anachronique qui deviendra vite récurrente dans le péplum (un des épisodes pilotes s'appelle d'ailleurs Repas de famille).  

 

photoL'arme du crime

 

L'épisode et son contexte ont d'abord une vocation humoristique, comme un prétexte pour rassembler autour d'une table des personnes qui ne se supportent pas et se balancent des vacheries (quoi de mieux pour ça que les beaux-parents ?), tout en introduisant subtilement le fil conducteur de la série. 

Dans La tarte aux myrtilles, sans qu'on ne le sache encore, la série amène de façon humoristique les enjeux beaucoup plus dramatiques des deux derniers livres avec la quête d'Arthur pour retrouver ses enfants, son désir stérile de paternité et la promesse faite à Aconia de ne jamais consommer son mariage avec Guenièvre. En plus de présenter le cadre familial littéralement étouffant d'Arthur, avec la grogne habituelle de Léodagan et l'irritabilité de Dame Séli, dont on retrouvera plus tard les desserts douteux (La tarte aux fraises et Les fruits d'hiver). 

 

photoÇa se mange ?

 

2. LA BOTTE SECRÈTE (LIVRE I ÉPISODE 28)

Ça raconte quoi : Perceval (Franck Pitiot) et Karadoc (Jean-Christophe Hembert) sont à la taverne et ne comprennent pas un mot du tavernier, "sinécure". Karadoc lui apprend alors sa botte secrète pour ne pas passer pour un con : répondre "c'est pas faux" quand il ne pige pas ce qu'on lui dit. 

Pourquoi c'est génial : Parce que "c'est pas faux" fait partie des répliques les plus cultes de Kaamelott, une litote devenue un comique de répétition et un véritable gimmick de la série (encore plus avec La botte secrète II), mais surtout parce que cette astuce est paradoxalement la plus grande preuve d'ingéniosité de Karadoc et sa propre condamnation à l'ignorance. 

Au-delà d'entraîner plusieurs quiproquos mêlant le chevalier du Pays de Galles, notamment avec Angharad (Vanessa Guedj), l'épisode témoigne de la capacité de Karadoc à tirer son ami vers le bas. Surtout que Perceval utilise l'astuce pour ne pas être exclu et converser avec Arthur qui se laisse étonnamment berner par la supercherie, là où son compagnon d'infortune le fait pour brosser son ego. À l'aide d'une phrase toute faite, il essaie de se faire passer pour ce qu'il n'est pas : intelligent. Cette différence de caractère se creusera tout au long de la série, Karadoc devenant plus méprisant et suffisant, à l'inverse de Perceval qui fait partie des personnages les plus complexes de la galerie.

 

photoUne passe triple, d'accord. Convergente ou divergente ?

 

3. LA PÂTE D’AMANDE (LIVRE I épisode 90)

Ça raconte quoi : Depuis son dernier séjour à Rome, Guenièvre est devenue accro à la pâte d’amande, qu'elle dévore par livres entières. Après avoir tout englouti, la reine déprime et devient agressive envers Arthur qui n’a plus qu’une solution pour la calmer : prendre dans la réserve de Bohort (Nicolas Gabion).

Pourquoi c'est génial : Comme pour La Tarte aux myrtilles, l'épisode amène par l'humour une thématique plus sombre et émouvante qui prendra une importance considérable dans les derniers livres, cette fois-ci la solitude. Si l'accent vaudevillesque d’Anne Girouard et son jeu excessif inspiré de Louis De Funès (à qui Alexandre Astier a dédié la série), sont un parfait exemple de la rythmique comique des dialogues, il suffit de gommer les mimiques vocales de l'actrice pour saisir le désarroi de son personnage, que la série creusera dans ses derniers chapitres. 

C'est l'ennui d'une reine, délaissée par son mari, sans loisirs et sans amis, qui se manifeste sous la forme d'une addiction boulimique, la pâte d'amande étant juste une façon décalée d'évacuer la pression qui pèse sur elle. On peut également prendre le racket de Bohort comme une des rares marques d'attention d'Arthur envers sa femme, ou à l'inverse comme son déni ou son désintérêt complet pour sa détresse évidente, alors que cette dernière s'est livrée à lui pour la première fois.

 

photoEt le seigneur Bohort, il n'en a pas encore un petit bout ?

 

4. LE MONDE D’ARTHUR (LIVRE II ÉPISODE 15)

Ça raconte quoi : Arthur passe la journée à se comporter comme un gosse et à envoyer balader tout le monde, à commencer par Guenièvre. 

Pourquoi c'est génial : Si Arthur est habituellement blasé, il lui arrive de se dérider pour agir de manière plus insouciante, voire puérile, mais jamais autant que dans cet épisode où son comportement devient limite pathologique. Comme on le voit tout du long, la dépression du roi a plusieurs facettes et peut prendre différentes formes, de la plus comique (comme ici en jouant avec sa nourriture), à la plus sinistre (genre, se tailler les veines). Dès le Livre II, Arthur est en train de craquer, face à ses obligations et le fardeau de sa quête qui ne va nulle part. Pour échapper à la réalité, il s'imagine donc avoir trouvé le Graal et être acclamé par les villageois, lors d'un des rares repas qu'il prend seul. 

L'épisode renvoie également Alexandre Astier à son rôle d'auteur, mais surtout de créateur et de maître de son univers. Comme lui, son personnage réalise toute une mise en scène avec le souci du détail et un même perfectionnisme certain (le bruitage exact d'Excalibur et les effets pyrotechniques pour les sorts de Merlin).

 

photoPfiou, pfiou

 

5. LES EXPLOITÉS  (LIVRE II ÉPISODE 36)

Ça raconte quoi : Perceval et Karadoc veulent parler à Arthur en pleine nuit. Ils en ont gros, parce qu'Arthur les utilise bon gré, mal gré pour arriver sur la fin. Même s'il préférerait dormir peinard, Arthur est intrigué par leur plainte. Il essaie donc de déchiffrer ce que raconte les deux chevaliers et s'étonne d'y arriver aussi bien. Évidemment, leurs revendications n'avaient aucun sens. 

Pourquoi c'est génial : Parce qu'après "c'est pas faux", "on en a gros" est l'autre réplique culte de Kaamelott et du duo Perceval-Karadoc, dont les répliques jouent toujours avec brio sur la sémantique des phrases et des expressions françaises pour créer des néologismes hilarants dont seuls les deux amis ont le secret (comme la chevaliérisation).

Les dialogues sont toujours ciselés pour mettre les nerfs et la patience d'Arthur à rude épreuve (et notre plaisir sadique), même si le roi se montre encore conciliant et même à l'écoute, avant de désespérer un peu plus en comprenant que les deux n'ont toujours pas compris ce qu'ils foutaient à Kaamelott. Comme la plupart des épisodes les plus marquants de la série, Les Exploités a forcément eu droit à une suite, qui a permis de faire rentrer un peu plus l'expression dans la culture populaire française. 

 

photo"SIRE, OUVREZ ! ON EN A GROS !"

  

6. LA QUINTE JUSTE (LIVRE II ÉPISODE 55)

Ça raconte quoi : Le Père Blaise (Jean-Robert Lombard) considère les nouveaux intervalles de musique comme une hérésie païenne et le fait savoir au roi Arthur, qui s'en fout clairement, et Bohort, qui joue volontiers les accordeurs.

Pourquoi c'est génial : Comme on l'explique dans son portrait, la musique occupe une place prédominante dans la vie d'Alexandre Astier, et par récupercusion dans Kaamelott, dont il a composé toutes les partitions. Les chants, fredonnements et autres airs instrumentaux se retrouvent donc à plusieurs reprises dans la série, notamment avec la contine À la volette (chantée à la fin de l'épisode), devenue l'hymne officieux de la série et le chant de ralliement des fans.

Cet épisode semble également être un écho au spectacle Que ma joie demeure ! d'Astier, dans lequel son personnage de Jean-Sébastien Bach s'énerve contre "la musique à la mode", de la même façon que le Père Blaise qu'on a rarement vu aussi remonté. L'épisode fonctionne sur un modèle similaire, avec du jargon mélomane mitraillé sans sommation par les trois personnages (probablement la première et seule conversation instruite, voire érudite de la série), suivie d'une démonstration plus pédagogique dictée par le prêtre à l'aide des vocalises de ses deux interlocuteurs. Une petite leçon de musique déguisée sous couvert d'humour. 

 

photo"C'EST.DE.LA.MERDE" 

 

7. UNAGI II (LIVRE II ÉPISODE 57)

Ça raconte quoi : Arthur doit rendre visite à Dagonet (Antoine de Caunes) mais tombe sur Perceval et Karadoc qui s'entraînent à casser des pierres à mains nues. Forcément, le roi préfère assister au spectacle (et au massacre) plutôt que de se mettre en route.

Pourquoi c'est génial : Parce que comme dirait Arthur, "c'est systématiquement débile, mais c'est toujours inattendu". Si la série peut se féliciter de faire interagir pratiquement tous ses personnages récurrents, une des dynamiques les plus drôles et les mieux exploitées reste le duo de Perceval et Karadoc, le futur clan des Semi-Croustillants dont l'imbécilité frôle le surnaturel. "Provençal le Gaulois" a d'ailleurs été trouvé bébé au milieu d'un cercle de culture. Dans cet épisode, ils se ridiculisent à nouveau, toujours convaincus d'être d'habiles combattants, en plus de confondre tous les mots de plus de trois syllabes.

Mais on se demande quand même où est-ce qu'ils peuvent bien aller chercher toutes leurs idées, plus farfelues et insensées les unes que les autres (oserions-nous dire créatives ?). Là encore, Karadoc apparaît suffisant, vaniteux et arrogant, là où Perceval essaie encore et toujours de se distinguer auprès d'Arthur, qui reconnaît sarcastiquement qu'il est facilement sujet à la dépression et donc reconnaissant du divertissement offert. Unagi II fait d'ailleurs parti d'un ensemble de cinq épisodes centrés sur leurs techniques de combat débiles, qui sacralisent un peu plus le duo le plus iconique et déroutant de la série. 
 
 

photoPour atteindre le point d'impact de façon péremptoire

 

8. PUPI (LIVRE II ÉPISODE 83)

Ça raconte quoi : Arthur et son garde du corps Grüdü (Thibault Roux) veulent rentrer incognitos à Kaamelott, mais le roi veut passer par le marché, où ils croisent Karadoc, Dame Mevanwi (Caroline Ferrus) et leurs enfants, qui viennent assister à un spectacle de marionettes. Arthur se laisse complètement prendre au jeu.

Pourquoi c'est génial : Comme on l'a mentionné pour Le monde d'Arthur, le roi a tendance à retomber en enfance (ayant été partiellement privé de la sienne) et avec du recul, ces moments plus légers sont probablement les plus tristes, car annonciateurs de son abandon de la couronne et de sa tentative de suicide. Dans Pupi, Arthur semble au contraire touché après avoir découvert qu'il était très apprécié du peuple, ayant rarement l'occasion de se fondre dans la masse.

 

photoPUPUPIDOU 

 

La fin de l'épisode marque ainsi la différence entre l'homme, qui aspire à un bonheur simple, et le roi, qui apparaît beaucoup plus froid et solennel du fait de son statut. En jouant un thème musical différent et assez mélancolique pour le générique de fin, l'épisode a ainsi reçu une attention toute particulière de la part d'Astier, prouvant son importance.

Pupi est aussi l'occasion de donner une vision complètement différente de Karadoc, présenté ici en père de famille investi (alors qu'on sait que ce n'est pas du tout le cas), comme une projection idéalisée de la vie de famille dont rêve Arthur avec un nouveau-né en blanc qu'on distingue dans la foule. Dans son spectacle, l'épisode mentionne également en sous-texte la romance entre Lancelot et Guenièvre, ce dont Arthur se fout déjà royalement, mais qui prendra une importance capitale dans le Livre IV. La poupée à l'effigie du roi reviendra également dans le Livre V, entre les mains de l'inquiétant Méléagant (Carlo Brandt).

 

photo"Bon, après y a des mots compliqués, mais dans l'ensemble, ça se comprend bien"

  

9. LA POÉTIQUE I ET II (LIVRE III ÉPISODE 12 ET 13)

Ça raconte quoi : Quand Perceval rapporte ses missions lors des réunions la Table Ronde, personne ne comprend jamais rien. Pour essayer d'arranger le problème, Arthur l'invite à manger pour tenter de détailler avec lui sa prochaine histoire, et de lui apprendre l'art de bien la raconter. Une fois à la Table Ronde, Perceval raconte qu'un vieux lui a donné un indice, mais sans savoir ce que le mot signifie, provoquant de nouveau l'incompréhension.

Pourquoi c'est génial : Si plusieurs épisodes bénéficient d'une suite, La Poétique est le seul diptyque de la série à être diffusé à la suite. Après son rôle de metteur en scène, c'est au tour du rôle de conteur d'Alexandre Astier de se refléter dans Kaamelott. Si La Quinte Juste était une leçon dissimulée de musique, La Poétique a les mêmes intentions, mais avec les bases de la narration (Aristote n'est d'ailleurs pas cité par hasard). On apprend également qu'il est admis que les chevaliers s'inventent quelques péripéties ou les enjolivent pour "faire résonner la légende", comme si les légendes arthuriennes qu'on connaît n'étaient que les récits mythomanes des personnages.

 

photoCourage, Bohort

 

10. LEGENDA (LIVRE III ÉPISODE 20)

Ça raconte quoi : Karadoc "demande" à Arthur de garder son petit neveu. Il lui improvise donc une histoire pour l'endormir, qui se révèle très proche de la réalité et révélatrice des idées noires du roi.

Pourquoi c'est génial : Si Arthur avait déjà évoqué plus ou moins sérieusement ses tendances dépressives, Legenda est l'épisode qui le signifie de la façon la plus franche et brutale. Avec une caméra qui ne le lâche presque pas, le roi choisit de raconter son histoire et son propre échec à travers celle de "Petit Ourson". Sans véritablement s'en rendre compte, il en vient à confier ses envies suicidaires à un enfant (qu'il ne prend habituellement pas plaisir à traumatiser), comme pour jeter une bouteille à la mer qui n'atteindra jamais le rivage et bousiller un peu plus l'image qu'il a de lui-même auprès de ceux qui sont censés l'admirer.

Pour la première fois, sans passer par l'énervement ou un biais purement comique, Arthur laisse parler ses névroses concernant le "vase magique" qu'il cherche mais ne trouve pas, mais aussi ses envies démissionnaires, celles de "faire brûler les chevaliers dans une grange" pour s'en débarasser et de mettre "un taquet dans la tête de la fée" garante de sa destinée. L'arrivée de Mevanwi à la fin de l'épisode serait presque la lueur d'espoir d'Arthur, dont la perte plus tard sera une sentence divine qui le précipitera au fond du gouffre. 

 

photoBonne nuit les petits

 

11. STARGATE II (LIVRE III ÉPISODE 43)

Ça raconte quoi : Arthur, Perceval et Karadoc tombent sur une porte dimensionnelle. Perceval la traverse et arrive dans un désert avec "deux soleils". Avant de rentrer à Kaamelott, il vole un bibelot qu'il ramène au Roi. Le soir, Arthur le montre à sa femme, qui déclenche un étrange mécanisme fluorescent. C'est bien évidemment un sabre laser. 

Pourquoi c'est génial : Dès son tout premier épisode appelé Heat, en rapport au thriller policier réalisé par Michael Mann dont Astier reprendra plus tard un dialogue culte pour une scène entre son personnage et Lancelot, Kaamelott a enchaîné les références cinéphiles, comme dans Un bruit dans la nuit où Bohort fait un clin d'oeil au lapin tueur de Monty Python, sacré Graal. Mais également avec les titres d'épisodes qui reprennent ceux de grands noms du 7e art : Gladiator, La Fureur du Dragon, O'Brother, Cuisine et dépendances, La Menace Fantôme, Au service secret de sa majesté, Le Retour du Roi et la liste est encore longue. 

Stargate I et II doivent quant à eux leur titre au film de science-fiction de Roland Emmerich, même si le deuxième épisode fait évidemment référence à la saga Star Wars avec Tatooine et le sabre laser (dont Astier s'est inspiré des bruitages iconiques pour les effets sonores d'Excalibur), faisant de l'épisode la référence la plus accessible pour le grand public et un double moment de fan service

 

photoPas commun comme bibelot

 

12. AU BONHEUR DES DAMES (LIVRE III ÉPISODE 55)

Ça raconte quoi : Guenièvre est toute excitée en vue de sa réunion des femmes des chevaliers de la Table Ronde. Dame Séli est évidemment conviée, mais n'accepte de participer qu'à condition que la femme de Bohort vienne également, étant donné qu'elle doute sérieusement de son existence. 

Pourquoi c'est génial : Après nous avoir fait part de l'ennui et de la solitude de la reine, l'épisode s'attarde sur ses occupations futiles après la pièce de Cassandre ou le recensement de tous les anniversaires de Kaamelott. Si le manque de pâte d'amande la plonge dans la déprime, la perspective de faire quelque chose, même d'inutile, la ravit au plus au haut point, tout en permettant à sa mère de nous rappeler son asociabilité à grands coups de punchlines. 

Kaamelott a toujours aimé jouer sur les apparences pour déjouer les attentes du spectateur (comme pour le terrifiant, mais surtout ridicule Attila le Hun de feu Lan Truong) et le fait cette fois pour Bohort, personnage excessivement maniéré et craintif. Pour contredire un journaliste qui affirmait que le personnage était implicitement gay (et garder un plein contrôle créatif sur son oeuvre), Astier a donc fait de Virginie Efira la femme de Bohort, qu'on découvre pour la première fois à la toute fin de l'épisode après une série de malentendus. 

 

photo"Elle est indisposée ? Ah bah tiens, comme par hasard !"

 

13. L'INSPIRATION (LIVRE iv ÉPISODE 95)

Ça raconte quoi : Arthur trouve Perceval en train de "pécher" au bord du lac. Tous les deux se mettent à discuter, mais de façon bien plus profonde qu'on ne pourrait s'y attendre.

Pourquoi c'est génial : Comme on le comprend progressivement, Perceval a beau énerver Arthur par sa stupidité, il est aussi le seul chevalier de la Table Ronde à entretenir une relation privilégiée avec le roi. Arthur considère Perceval comme un enfant et lui porte aussi beaucoup d'affection, probablement parce qu'il sait qu'il est le plus noble de la Table Ronde, par sa bonté et son désintérêt pour la gloire, contrairement à tous les autres (mais aussi parce qu'Excalibur et la Dame du Lac l'ont prédi). C'est aussi le seul qui essaie réellement de comprendre la quête d'Arthur, là où même lui n'y est pas encore tout à fait arrivé.

S'il peut être considéré comme le plus débile du casting, Perceval est peut-être le plus intelligent, même si ses connaissances sorties de nulle part sont beaucoup trop en avance sur son temps : il soutient que la Terre est ronde, il sait ce qu'est la vitesse de la lumière et a des capacités dingues en calcul mental. Le temps d'un épisode, Perceval prend la place d'Arthur, essayant de réfléchir et de comprendre ce qu'on attend de lui, les poissons représentent le peuple de Bretagne, des cons qu'il ne veut malgré tout pas perturber, tandis que la canne pourrait se rapprocher du Graal avec cette terrible vérité que balance Perceval.

 

photo "La canne ne sert à rien, du coup ça nous renvoie à notre propre utilité, l'Homme face à l'absurde".

 

14. ANTON (LIVRE V ÉPISODE 45)

Ça raconte quoi : À Kaamelott, Ygerne (Josée Drevon), Mevanwi, Karadoc, Perceval et Léodagan se prennent la tête à propos de la régence du royaume et du départ d'Arthur. Ygerne est en colère car son fils a toujours retiré l'épée sans broncher. L'ambiance s'assombrit autour de leur table, avant que les disputes éclatent à nouveau. 

De leur côté, Arthur et Méléagant sont accueillis par un vieil homme nommé Anton. Après s'être plaint de son fils, il raconte à ses invités qu'il a élevé un autre petit garçon par le passé, un certain Arthur qui a été envoyé à Rome pour devenir soldat avant de devenir roi, mais sans reconnaître son fils adoptif qui se tient devant lui. Il ne lui en veut toutefois pas et comprend qu'un roi a des choses plus importantes à faire que de venir le voir. Finalement, il reconnaît le médaillon qu'Arthur porte et qu'il avait forgé pour lui. Arthur finit par s'en aller, honteux et confus, après s'être excusé de l'avoir oublié. Anton noie alors son chagrin dans l'alcool. 

 

photoAvec Guy Bedos en guest

 

Pourquoi c'est génial : Avec le Livre V, Alexandre Astier s'est libéré des contraintes et limites narratives du format court pour laisser libre court à ses ambitions cinématographiques et amorcer le passage de Kaamelott sur grand écran. La réalisation est plus travaillée, avec des changements de point de vue, différents cadrages, une caméra plus mobile et une photographie moins générique. Ce changement a également entraîné une rupture de ton (symbolisée par l'arrivée de Méléagant) et un virage dramatique de l'histoire qu'on sentait déjà poindre dans les précédents livres. 

Dès lors, les épisodes ne gravitent plus autour d'un gag ou d'un quelconque comique de situation, mais bien d'un point de l'histoire qu'Astier voulait développer depuis longtemps. Le voyage d'Arthur avec Méléagant est beaucoup plus imagé que le reste des événements, comme si ses différentes étapes était un cheminement intérieur, une immersion dans son inconscient où Méléagant représenterait son désespoir (ce dernier ayant pour but de pousser Arthur au suicide).

Ses retrouvailles avec la seule figure paternelle aimante qu'il ait jamais connu sont d'autant plus déchirantes qu'elles lui renvoient son manque d'attache, dont il s'est lui-même privé durant tant d'années : il perd son père en partant à Rome et perd Aconia en revenant en Bretagne.

 

photoLes heures sombres 

 

15. DIES IRAE (LIVRE VI ÉPISODE 9)

Ça raconte quoi :  Plusieurs mois se sont écoulés depuis la tentative de suicide d'Arthur. Encore alité, il reçoit la visite de plusieurs personnes. Karadoc lui rend le pouvoir, qu'il confie ensuite à Lancelot. Mais celui-ci retombe sous l'emprise de Méléagant et décide de littéralement faire table rase du règne d'Arthur, en brûlant la Table Ronde et en arrêtant ses anciens chevaliers. Vénec aide alors Arthur, trop faible pour se déplacer seul, à échapper aux hommes du nouveau souverain. L'ancien roi décide de repartir à Rome, où il sera le plus en sécurité. Il retourne alors dans la demeure vide d'Aconia où il retrouve des forces et s'entraîne pour reconquérir son royaume.

Pourquoi c'est génial : Dies Irae est le dernier épisode de Kaamelott, mais aussi le titre du court-métrage à l'origine de la série. Si les diffusions télé laissaient penser que Kaamelott présentait des épisodes anthologiques sur un univers figé, Alexandre Astier a habilement amené les événements qui conduiraient à ce dernier épisode : l'amour de Lancelot pour Guenièvre, son ressentiment envers Arthur, sa défection de Kaamelott, le rapprochement d'Arthur et Mevanwi, l'échange d'épouse avec Karadoc et le départ de la reine, que la série a fini par auréoler. 

  

photoLe vrai visage de Kaamelott 

 

Mais la fin est beaucoup plus optimiste et épique que ce à quoi la série nous avait habitué, qu'il s'agisse de la stupidité des personnages ou de la dépression d'Arthur. À travers son rêve, il semble comprendre que le Graal n'a jamais été une coupe, une corne d'abondance, une pierre incandescente ou un bocal à anchois et qu'il ne servait à rien de le chercher, puisqu'il coule en chacune de nos souffrances.

Tout savoir sur Kaamelott

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commentaires
Flo
26/03/2022 à 13:05

Ben y a pas d'épisodes avec les pécores ? - "Vous avez affaire à un passionné de violence !"
Et celui-là, qui résume absolument tout ?
"Pour le Graal, j’ai bâti une forteresse, moi. Kaamelott, ça s’appelle. J’ai été chercher des chevaliers dans tout le royaume. En Calédonie, en Carmélide, à Gaunes, à Vannes, aux Pays de Galles. J’ai fait construire une grande table, pour que les chevaliers s’assoient ensemble. Je l’ai voulue ronde, pour qu’aucun d’entre eux ne se retrouve assis dans un angle, ou en bout de table. C’était compliqué, alors j’ai essayé d’expliquer ce qu’était le Graal, pour que tout le monde comprenne. C’était difficile, alors j’ai essayé de rigoler pour que personne ne s’ennuie. J’ai raté, mais je veux pas qu’on dise que j’ai rien foutu, parce que c’est pas vrai"

Kaamelott, Livre V, Le retour du Roi

Kojak
26/03/2022 à 11:43

A chacun les siens, j'avais aimé celui avec la corde (en plus de beaucoup d'autres)

Cat24
26/03/2022 à 10:14

Anton et l'espion, quand Hervé de Rinel va espionner les paysans.
"J’ai pénétré dans leur lieu d’habitation de façon subrogative.
Léodagan : De façon quoi ?
Arthur: Subreptice ?
Hervé : En tapinant !
Léodagan : En tapinant ?
Arthur : En tapinois !"
Ça me fait toujours hurler de rire

Guizmo
26/03/2022 à 08:03

Très bonne sélection. Je rajouterais celui avec Axelle Laffont, ou elle assiste à une réunion dans laquelle elle doit se taire mais elle arrête pas de l’ouvrir

Cat24
18/07/2021 à 17:30

Beau choix, et il y a mon préféré Anton. Le livre V est d'ailleurs mon favori, j'espère que le film sera dans le même ton, et non pas une suite de gag et de punchlines

Anthony
18/07/2021 à 16:47

Non Dies Irae est bien l'épisode 9 de la saison 6, il n'y a pas d'épisode 10...

Takapes
18/07/2021 à 16:20

Le top 15 correspond à l'épisode 10 du livre VI, dies irae et non le 9, sinon je n'ai pas compris si c'est le 15eme meilleur où LE meilleur, dans ce cas là, il faudrait changer la numération.

Neylanne
18/07/2021 à 00:39

Pas mal... Mais moi mon préféré reste celui avec le repas d'Arthur et Perceval avec les Maures... Vu 50 fois larmes de rire 50 fois

Chris11
17/07/2021 à 20:42

Jolie sélection. Chacun aura son épisode qui manque mais vous en avez la plupart. Même si celui du "Croque" est un moment de génie selon moi.

l'indien zarbi
17/07/2021 à 14:39

Très beau travail, vu le nombre d'épisodes ce n'était pas gagné.
Une pensée émue pour le formidable Carlo Brandt.