Ozark saison 3 : pourquoi le retour de la série mafieuse est immanquable sur Netflix

Alexandre Janowiak | 31 mars 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 31 mars 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Ozark a créé la sensation lors de son arrivée sur Netflix en 2017 en se voyant comparé très rapidement au mastodonte seriel Breaking Bad dont les enjeux familiaux, la noirceur et le récit au coeur des cartels étaient largement liés. Malgré sa solidité, la saison 2 nous avait un peu déçus en 2018, mais ce retour pour cette saison 3 remet les pendules à l'heure. On vous dit pourquoi il ne faut pas la manquer, surtout maintenant qu'on a le temps en période de confinement !

ATTENTION QUELQUES SPOILERS !

 

 

LES PERSONNAGES FÉMININS

Depuis ses débuts Ozark s'est largement reposé sur Marty Byrde incarné par l'excellent Jason Bateman. Il faut dire que l'intrigue centrale de base et le départ de sa famille pour les Monts Ozark découlent des choix qu'il a fait quelques années auparavant. Pour autant, son personnage n'a que rarement évolué depuis le début de la série. Toujours aussi malin et propre sur lui, il conserve son apparence de businessman au sang-froid sans égal et capable de se sortir de nombreuses situations d'un coup de génie.

Il fallait donc réussir un tant soit peu à décentraliser l'attention durant cette saison 3 afin d'éviter de tourner en rond, et la série le fait avec brio avec ses personnages féminins. Dans la saison 2, elle mettait déjà l'accent sur celui de Ruth (incarnée par la brillante Julia Garner, récompensée très justement aux Emmy Awards pour son rôle). Dans cette troisième salve d'épisodes, la série la met encore sur le devant de la scène et lui permet d'évoluer à nouveau notamment sur le plan personnel et sentimental, mais elle n'est pas la seule à être au coeur de l'intrigue.

 

Photo Jason Bateman, Julia GarnerDeux personnages toujours aussi passionnants (surtout Ruth)

 

L'une des grandes réussites de cette saison 3 se tient dans la partition de Laura Linney dans le rôle de Wendy Byrde. Souvent dans l'ombre de son mari depuis le début de la série, elle gagne ici en ampleur en s'affirmant face à lui et en se voyant plus conquérante que ce dernier. Sa prestance et son charisme deviennent des points centraux de l'intrigue et ses décisions mèneront parfois à mal certains de ses proches. Sa ténacité et sa détermination en font un personnage enfin complet, d'autant plus avec l'arrivée de son frère Ben dans l'intrigue qui vient parfaire son background et enrichisse sa personnalité.

A côté d'elle, l'intrigue tourne largement autour de la relation conflictuelle entre elle (et Marty) et Helen Pierce (Janet McTeer), leur avocate baignant également dans le trafic du cartel mexicain de Navarro. Voir ses deux femmes porter le show et s'affronter pour leur conviction entrepreunariale, tout en devant aussi garder leur statut de mère de famille, donne une sacrée vigueur au show.

Enfin, les présences secondaires mais particulièrement décisives de la sanguine Darlene (Lisa Emery) et de la nouvelle venue, membre du FBI, Maya Miller (Jessica Frances Dukes) complètent la superbe palette de personnages féminins, excluant toute idée concevant que le monde des trafiquants est réservé aux hommes. 

 

Photo Laura LinneyWendy Byrde est prête à tout, même à ses pensées les plus sombres

 

LA MISE EN SCÈNE

On connaissait Jason Bateman pour ses talents d'acteurs comiques notamment pour ses rôles dans les deux Comment tuer son boss ? ou la série Arrested Development. Cependant, avec Ozark (et The Outsider en début d'année), il a démontré un véritable sens de la mise en scène déployant une maîtrise des cadres et des ambiances hallucinantes lors des deux saisons précédentes, notamment grâce à l'utilisation de quelques plans-séquences rappelant étrangement l'atmosphère tendue de la saison 1 de True Detective.

Après avoir dicté le rythme et le ton de la série lors de la saison 1, puis confirmé le style dans la saison 2, il ne s'occupe que des deux premiers épisodes de cette saison 3. Assez étonnamment, ce sont clairement les plus lents et sûrement les moins convaincants de l'ensemble, laissant avant tout l'intrigue se mettre en place plutôt que de la lancer pleinement. Pour autant, sa touche est toujours aussi solide et bien tenue par les quatre autres réalisateurs à qui il confie les rênes dans le reste de la série.

 

Photo Sofia Hublitz, Skylar Gaertner, Laura Linney, Jason BatemanUn confinement en famille des plus joyeux

 

Ainsi, la réalisatrice Cherien Dabis (au CV peu fourni) enchaîne deux épisodes d'une grande tension dont un épisode 4 d'une profonde noirceur et dureté. Par la suite, Amanda Marsalis et Ben Semanoff (déjà passés par la série) accentuent la densité du récit et préparent le terrain monstrueux que livrera l'expérimenté Alik Sakharov dans les quatre derniers épisodes qu'il opère seul.

Passé par Ozark lors de la saison 2, le monsieur est un habitué du petit écran et a d'ores et déjà travaillé sur quantités de séries de renoms de Game of Thrones à The Witcheren passant par Boardwalk EmpireLes SopranoHouse of CardsDexterBlack Sails ou Rome dont on vous parlait là récemment. Il décuple ici toutes les difficultés des personnages à travers des mouvements âpres et austères, chevillés aux personnages, à leurs regards et leurs gestuelles pour les pousser à bout et déployer l'envergure de leurs émotions.

En s'appuyant par ailleurs sur un thème musical faussement innocent, les magnifiques paysages du Missourri cachant les horreurs qui s'y déroulent et la photographie bleutée inhérente à l'identité du show, la mise en scène se sert de tout ce qui l'entoure pour en ressortir plus pertinente à chaque instant.

 

photoÇa va mal finir

 

LA NOIRCEUR DE L'ENSEMBLE

L'intrigue originelle de la série créée par Bill Dubuque et Mark Williams reposait essentiellement sur cette fuite en avant insuffisante de la famille Byrde (et essentiellement de Marty) face au cartel mexicain et l'impossibilité de s'en défaire, obligeant le couple Byrde à trouver une solution pour continuer à blanchir l'argent sale du cartel. Ainsi, à la fin de la deuxième saison, les Byrde réussissaient enfin à obtenir les moyens pour construire leur casino et cette saison 3 débute six mois plus tard, lorsqu'il est terminé et prêt à accueillir ses clients.

En cela, l'intrigue de Ozark n'a rien de très originale. Après tout, il s'agit ni plus ni moins que d'une énième histoire de trafics jouant sur la corruption et le blanchiment dans lequel s'est noyé un homme de bonne famille, le tout dans un milieu sans pitié. De facto, chaque personnage est souvent mis en danger et voit son destin remis en jeu à chaque faux pas. Mais cette saison 3 va bien plus loin, lui donnant une force bien plus importante.

En développant plus en profondeur ses personnages (notamment féminins), en découvrant un peu plus la personnalité du chef du cartel Navarro et en introduisant le personnage de Ben, frère de Wendy incarné par l'excellent Tom Pelphrey, la série devient extrêmement sombre et noire (plus que dans les saisons 1 et 2) dès qu'elle pousse les interactions entre les personnages à leur paroxysme.

 

Photo Skylar Gaertner, Sofia HublitzLes enfants, eux aussi, prennent une ampleur bienvenue

 

C'est sans doute la plus grande force de cette saison 3 : cette capacité à explorer les tensions entre chaque protagoniste et en leur fond intérieur. La dualité du couple Byrde offre des séquences de hautes voltiges, chacun ayant une vision différente du business qu'ils ont dû monter et de la manière de gérer leur famille et la protection de leurs enfants. L'impossibilité de déceler le vrai du faux de leurs associés confère également à la série cette dose de suspense et de tension anxiogène multipliant le doute sur les véritables desseins de chacun.

Enfin, le personnage de Ben, lui, offre une vision nouvelle de la famille Byrde (au sein du récit et chez les spectateurs). Après son arrivée impromptue (d'abord un peu bancale), il s'intègre parfaitement à l'intrigue en en devenant un arc primordial permettant à de nombreux personnages d'évoluer grâce aux découvertes qu'il fait et sa sensibilité. C'est lui qui provoque les émotions les plus déchirantes notamment face au paradoxe de sa situation : sa lucidité devant le danger qui guette ses proches et sa naïveté devant celui qui l'attend et qu'il provoque inconsciemment. Le monologue d'ouverture de l'épisode 9 est un moment magnifique et bouleversant.

Une noirceur psychologique une nouvelle fois accentuée par l'hardiesse de plusieurs choix narratifs. Sans regret, la série décidera de sacrifier des personnages de manière définitive (oui il y a des morts), éclairant un peu mieux chaque spectateur sur l'enfer dans lequel se sont fourrés les Byrde. A ce rythme-là, la mort sera peut-être le seul remède à leurs maux.

 

Photo Tom PelphreyBen, un des personnages les plus passionnants de la saison et de la série

 

La saison 3 d'Ozark, si elle débute de manière assez lente, prend une véritable ampleur au fil de ses dix épisodes. L'intrigue sur le business n'a rien de très originale mais la série Netflix à une capacité impressionnante à plonger dans un récit d'une noirceur abyssale. Les traumatismes psychologiques que vivent (et engendrent) les personnages accentuent leur profondeur et la brutalité du monde dans lequel ils se sont installés.

Violente, tragique et angoissante, cette saison 3, à la narration intelligente et toujours aussi solide techniquement, annonce en tout cas une saison 4 ténèbreuse, lugubre et sinistre. L'enfer ne faisait peut-être que commencer finalement.

La saison 3 d'Ozark est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 27 mars. Les saisons 1 et 2 sont également disponibles.

 

Affiche

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commentaires
Fredo
27/06/2020 à 23:18

On ne peut pas comparer ça à breaking bad.ok il y a eu le confinement mais soyons sérieux.

mundadimierdo
12/06/2020 à 16:59

Oulala j'ai trainé à la regarder mais comme les 2 autres saisons j'ai dévoré ça en 2 jours et j'ai pris une bonne claque sur cette saison 3
J'apprends en lisant cet article que plusieurs réalisateurs ont mis en scène ces 10 épisodes, ça ne m'étonne guère maintenant que vous le dites j'ai ressenti que le récit était un peu décousu et que la personnalité des acteurs tout particulièrement celle frangin n'était pas très cohérente et surjouée surtout sur les derniers épisodes.
Mais c'était quand même assez génial comme saison, tout autant qu'angoissant plombant et surréaliste parfois.. Y'a vraiment des gens qui sont cet pensent comme ça dans la vraie vie ??? (Oui je suis naïf mais quand même ça m'intrigue car si c'est le cas c'est parfois à vraiment vous dégouter du genre humain.)
C'est le genre de série qui peut faire déprimer avec ces couleurs si froides et sa trame si glauque pour peu qu'on soit légèrement une éponge empathique mais je commence à être vraiment bien fan .

La MEILLEURe série avec Breaking Bad
03/04/2020 à 02:50

CEST TRES CLAIREMENT LA MEILLEURE SERIE AVEC BREAKING BAD CEST ASSEZ EVIDENT QUAND ON ASSISTE A UNE TELLE MAITRISE

flow 45
01/04/2020 à 20:20

magnifique serie sous coté a cause de son manque d'action je suppose et son recit assez lent , mais l'histoire est très bien ficelé et on s'attache a la compléxité et la profondeur des personnage qui joue tous un role impeccable franchement une des meilleurs série de Netflix et de loin !

Tophyze
01/04/2020 à 18:36

Je viens de finir la première saison et je suis d'accord avec vous, les gens : elle déchire cette série !

L'étoile noir
01/04/2020 à 06:30

Bonne saison mais avec beaucoup de propagande féministe. Netflix est très engagé et ça ce voit. C'est bien mais qu'il fasse attention de ne pas trop en faire et de ne pas trop piloter les scénaristes de leurs séries.

Chris
31/03/2020 à 22:16

Excellente série vraiment mais ce filtre bleu sur l'image me dérange vraiment beaucoup!!

Stivostine
31/03/2020 à 14:08

Bien bien bien à part le perso de Ben qui m'a saoulé a pleurnicher toutes les 5 mn

Old
31/03/2020 à 14:02

Une des meilleures séries Netflix pour moi...

Jean Valjean
31/03/2020 à 12:52

Cette saison est exceptionnelle et malgré les avis divergents concernant Ben, l'épisode 9 ou il est le personnage central est incroyable, peut être le meilleur de la série

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