Maniac : on a vu les trois premiers épisodes de la série déjantée et fantastique de Netflix avec Emma Stone et Jonah Hill

Alexandre Janowiak | 21 septembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 21 septembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après avoir réalisé le premier long-métrage de Netflix avec Beasts of No NationCary Fukunaga revient sur la plateforme de streaming avec la série Maniac. Ecran Large a vu les trois premiers épisodes. L'occasion de faire un premier point, avant un bilan complet, sur la série très attendue.

ATTENTION QUELQUES SPOILERS !

 

 

C'EST QUOI LE PITCH ?

Maniac est un remake de la série norvégienne éponyme diffusée en mai 2014. Produite par Netflix, la nouvelle série est réalisée en intégralité par Cary Fukunaga (derrière la saison 1 de True Detective) et scénarisée par Patrick Somerville (scénariste notamment de The Leftovers).

Cette mini-série de 10 épisodes raconte donc l'histoire d'Annie Landsberg (Emma Stone) et Owen Milgrim (Jonah Hill), deux inconnus participant aux derniers essais cliniques d'un mystérieux traitement pharmaceutique. Avec dix autres volontaires, ils intègrent donc les locaux de Neberdine Pharmaceutical & Biotech pour un essai clinique de trois jours censé résoudre tous leurs problèmes de manière permanente, sans complications ni effets secondaires. Mais les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu.

 

PhotoL'expérience peut commencer

 

HORS DU TEMPS

Rien qu'avec son pitch de départ très mystérieux, Maniac avait de quoi attirer l'oeil et attiser la curiosité. Dès sa séquence d'ouverture virtuose sur la création de l'univers, des premiers organismes, des plantes puis finalement de la vie et tout ce qui en découlera, la série de Cary Fukunaga et Patrick Somerville tient ses promesses.

Et ce n'est pas l'univers rétro-futuriste dépeint dans ses trois premiers épisodes qui va aller dans le sens contraire. Ce monde imaginé par le duo marque instantanément la rétine, non pas pour son esthétique (certes magnifique) mais pour l'originalité de son concept.

 

PhotoUn monde rétro-futuriste original

 

De manière assez logique, il s'y présente des technologies futuristes plutôt classiques (robots nettoyeurs, réalité virtuelle, vol simple pour la Lune à 1800 $) ou plus délirantes. Par exemple, un nouveau moyen de paiement nommé Ad Buddy, où vous êtes suivis par une personne avec une mallette remplie d’annonces qu'elle lit à voix haute en échange de payer ce que vous ne pouvez pas (d'un paquet de cigarettes à votre loyer) ou un Facebook IRL nommé Friend Proxy.

Cependant, les éléments futuristes se mêlent au rétro des années 80. Des téléviseurs à tube cathodique aux écrans ultra-pixellisés en passant par les Minitels ou les téléphones filaires... tout y passe.

 

Photo Jonah HillAd Buddy, une trouvaille géniale

 

Un savant mélange qui permet de donner une personnalité intemporelle au New-York de Maniac, dont la statue de la Liberté a d'ailleurs été remplacée par "La Statue de La Liberté en Plus" symbolisée par un guerrier d'or avec des ailes. Un monde décalé hors du temps finalement (et donc éternel) prémices évident d'aventures atemporelles passionnantes.

Celles du duo mené par Emma Stone et Jonah Hill lors de l'essai thérapeutique dont ils deviennent les cobayes. Celles qui commenceront finalement seulement à la fin de l'épisode 3 après l'installation et la présentation très précise et ultra-riche des personnages mais aussi de l'univers de la série.

 

Photo Emma StoneUne étrange partie d'échec

 

ALIÉNÉ, LES DEUX PASSAGERS

En effet, la mini-série chapeautée par Netflix met en place tranquillement les deux personnages phares du show : Owen Milgrim et Annie Landsberg. Ainsi le pilote de la série se concentre sur celui de Jonah Hill et le deuxième sur celui incarné par Emma Stone quand le troisième les reliera enfin dans le monde réel.

Owen Milgrim est le cinquième enfant d'une riche famille d'industriels new-yorkais qui a été diagnostiqué schizophrène durant son enfance. Depuis, il lutte au quotidien contre ce fardeau dont il ne pense pas être victime alors qu'il est clairement paranoïaque (il entend des voix et voit des gens). Lorsqu'il doit témoigner pour protéger son frère Jed (Billy Magnussen) lors d'un procès dans lequel il est accusé (à juste titre), il faut qu'il réussisse à dissimuler durablement son problème. L'essai pharmaceutique proposé par NPB est peut-être la solution miracle qu'il recherche depuis tant d'années.

 

Photo Jonah Hill, Billy MagnussenJonah Hill et Billy Magnussen

 

Le deuxième épisode présente lui Annie Landsberg. Une jeune femme addicte à une drogue "A" (un médicament) qui essaye de se relancer dans la vie et décide de partir pour Salt Lake City. Mais son addiction la rattrape et elle va tout faire pour trouver le moyen de retrouver ce médicament fourni par Neberdine Pharmaceutical & Biotech, en intégrant l'essai pharmaceutique en même temps qu'Owen Milgrim. La première expérience révèlera alors le passé de la jeune femme et de son terrible accident avec sa petite soeur (Julia Garner encore parfaite).

 

Photo Julia Garner, Emma StoneJulia Garner (remarquable dans la saison 2 d'Ozark) et Emma Stone

 

PSYCHO : THE BEGINNING

Avec ses trois premiers épisodes, Maniac prend son temps pour développer son duo principal. Un temps d'installation qui peut déconcerter tant les aventures folles promises par le pitch et les images de mondes parallèles de la promotion brillent par leur absence. Le délire barré attendu manque à l'appel et on a la sensation de ne pas totalement savoir où veut nous mener la série.

Et si l'expérience scientifique commence bel et bien dès la fin de l'épisode 2, il s'agit toujours globalement d'une présentation des deux personnages et du monde dans lequel se déroule la série. Ainsi loin des univers fantastiques, le show de Netflix nous offre de belles tranches de rigolades dans le monde réel avec les clips de présentations de NPB, le délire virtuel du personnage de Justin Theroux, la mésaventure du Dr. Muramoto (Rome Kanda)... et quelques vibrantes émotions lors des séquences de rêves-souvenirs de Owen et Annie.

 

Photo Justin Theroux, Cary FukunagaLe grand fou Justin Theroux et Cary Fukunaga sur le tournage

 

Si cette présentation peut décevoir dans un premier temps tout ceux qui souhaitaient d'emblée s'embarquer dans un délire extravagant : patience est probablement mère de vertu. Cette grande méticulosité apportée par ces premiers épisodes sur le passé de Owen et Annie n'est sans doute pas anodine. A travers sa mise en scène toujours très inspirée (l'ouverture encore une fois), Cary Fukunaga s'attarde sur des gestuelles précises et des réactions distinctes.

Chaque petit détail dissimulé à l'écran (un bouquin, un son, une émission, une rencontre, une discussion) semble d'une importance cruciale pour le reste de la série.

 

Photo Jonah Hill, Emma StoneEt l'aventure commença...

 

Avant de supposément proposer un élan de virtuosité technique et scénaristique, entre rêves et réalités, mensonges et vérités, fantasmes délirants et mornes banalités, Maniac décide de caractériser durablement ses personnages et son univers. Le meilleur moyen d'impliquer ses spectateurs aux destins du duo principal et de provoquer quantité d'émotions et de sensations dans la suite de la série ? L'avenir nous dira si cela a fonctionné.

Une chose est sûre, la précision de mise en scène de Cary Fukunaga et l'écriture millimétrée (et jamais superflue) de Patrick Somerville, sont les prémices d'une folie fantastique enchanteresse et d'une profonde analyse psychologique. La dernière séquence de l'épisode 3 ouvre d'ailleurs enfin ces possibilités et lance définitivement le show. Accrochez-vous, l'aventure commence !

L'intégralité de Maniac est disponible sur Netflix depuis le 21 septembre 2018.

 

Affiche

Tout savoir sur Maniac

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commentaires
Deny
26/09/2018 à 14:42

" Après rien n'empêche de regarder la série norvégienne pour le plaisir, "
S'il vous plait, on fait comment pour la voir?

stanley
25/09/2018 à 19:45

..ha ben ..episode 7 ..en fait , c'est chiant comme serie .

Simone2beauvoir
23/09/2018 à 10:04

La scène de l'accident fin de l'épisode 2... Tu sens venir l'accident mais pas découper comme ça . Jubilatoire.

Grunt
22/09/2018 à 19:48

Merci pour votre article, j'ai bingé ça en un éclair, c'est original, mais ça n'oublie jamais d'être sensible et de présenter des personnages étayés et attachants. On sent bien la patte du réalisateur du premier "True Detective" par l'attention qu'il porte à l'humain. Il fait souvent de l'image mais n'oublie jamais le cœur qui bat derrière.

Hank Hulé
21/09/2018 à 20:42

Vu le 1er et c'est très bon.
On se croirait dans Brazil...
Etonnat que vius ne l'ayez pas cité...

Decoy
21/09/2018 à 20:25

Série disponible aujourd'hui... vous n'avez pas chômé les gars. En tout cas, vous avez éveillé mon intérêt pour cette série.

Alexandre Janowiak - Rédaction
21/09/2018 à 18:25

@miaoumiaou,

La série originale est très différente de la mini-série de Netflix. A l'exception d'un point de départ assez similaire (l'idée des mondes imaginaires/parallèles, l'étude de l'esprit), les deux univers n'ont presque plus rien à voir.
Après rien n'empêche de regarder la série norvégienne pour le plaisir, mais la comparaison reste finalement très peu utile.

miaoumiaou
21/09/2018 à 17:53

si c'est un remake..... faut mieux regarder l'original non ?

Alexandre Janowiak - Rédaction
21/09/2018 à 17:37

Pas de bol, il n'y a pas de générique... ;)

Hank Hulé
21/09/2018 à 17:27

J'ai vu le générique, je prépare une critique...