Star Trek : Discovery - la fin de la première saison a t-elle redressé la barre ?

Geoffrey Crété | 18 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 18 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Bilan de la deuxième partie de la saison 1 de Star Trek : Discovery

Après La Nouvelle GénérationDeep Space Nine, Voyager, Enterprise et l'incontournable  renaissance de la saga au cinéma depuis 2009 avec J.J. Abrams, il y a donc Star Trek : Discovery, sixième série tirée de l'univers culte créé par Gene Roddenberry.

Après un très bon pilote, puis une première partie de saison plus mitigée, la série créée par Bryan Fuller et Alex Kurtzman (producteur et scénariste des deux films d'Abrams) a donc terminé sa saison 1. Bilan de cette première année.

ATTENTION SPOILERS

 

Photo Sonequa Martin-Green, Star Trek : DiscoverySonequa Martin-Green, héroïne de Discovery

 

LA DEUXIÈME DIMENSION 

La première partie de la saison s'était terminée sur une note intrigante : l'équipage du Discovery se retrouvait perdu dans une zone inconnue, laissant imaginer plusieurs pistes particulièrement excitantes pour tout fan de science-fiction. La plus intéressante était la bonne : les héros sont dans une dimension alternative.

Nouveau monde, nouvelles règles. La galaxie est désormais un espace de guerre, dominé par un Empereur humain impitoyable. Parce que Stamets (Anthony Rapp) est hors-service, bloquant ainsi l'option de revenir à leur dimension, Burnham (Sonequa Martin-Green, révélée dans The Walking Dead) doit trouver un moyen de quitter cet enfer alternatif. Une mission plus que complexe pour plusieurs raisons : Tyler est bel et bien un danger suite à son passage chez les Klingons, Lorca (Jason Isaacs) est un ennemi inattendu qui a trompé son monde, et l'Empereur est en réalité l'Impératrice Georgiou (Michelle Yeoh), bien vivante dans cette dimension.

En trois épisodes, Star Trek : Discovery redouble d'efforts pour concocter un spectacle truffé de péripéties et retournements de situations, qui embarque sans prévenir dans un grand huit de sensations et surprises. Après une première partie de saison qui a peu à peu viré au programme pantouflard, avec le petit épisode boucle temporel et quelques maigres morceaux à se mettre sous la dent, la série fonce dans le tas avec une efficacité réjouissante, empilant les twists et les obstacles pour multiplier les effets.

 

Photo Sonequa Martin-Green, Michelle YeohLe retour de Michelle Yeoh : l'un des grands moments de cette fin de saison

  

Voir réapparaître Michelle Yeoh dans son armure d'impératrice impitoyable, Jason Isaacs enfiler un masque de parfait vilain, ou encore la nuque de ce gentil docteur brisée en l'espace d'une seconde brutale, donne une très bonne impulsion à la série. Le jeu des doubles, avec la découverte des nouveaux rôles des personnages dans ce monde, dynamise l'ensemble, et donne à l'intrigue une dimension terriblement plaisante pour tout amateur de science-fiction.

Difficile de résister à cette débauche et avalanche d'effets, baignée dans de nouvelles couleurs plus dorées : le passage de Discovery dans la dimension infernale est particulièrement plaisant et rattrape bien des faiblesses ou errances passées.

 

Photo Jason IsaacsJason Isaacs jamais aussi amusant qu'en pur bad guy

 

BATTLESTAR TREK

La partie ne se termine pas avec l'équipage rentré dans sa dimension : le Discovery de retour au bercail a la désagréable surprise de découvrir que neuf mois se sont écoulés, et que les Klingons ont depuis quasiment anéanti la Fédération et gagné la guerre. Que Burnham ait décidé d'embarquer l'autre Georgiou avec elle dans sa réalité, est là encore un indice : Star Trek : Discovery utilise ses six derniers épisodes comme un bouquet final explosif, un long climax en plusieurs actes où tout ce qui se jouait précédemment (la guerre dans l'espace et dans le cœur de l'héroïne) est poussé à son paroxysme. Quitte à utiliser de gros raccourcis et délaisser le bon sens dans certaines séquences.

La saison 1 de la nouvelle série Star Trek se refermera comme une boucle, avec suffisamment de clarté dans ses intrigues (Burnham confrontée à sa culpabilité, à son identité mi-humaine mi-vulcaine, à un nouveau dilemme sur la position à adopter face à une guerre), mais bien assez de pistes ouvertes (Georgiou relâchée, Tyler parti ailleurs) pour satisfaire le plus grand nombre.

 

Photo Sonequa Martin-Green

 

Discovery penche même vers le programme de Battlestar Galactica avec son humanité chassée par des ennemis impitoyables, surpuissants et destructeurs, qui ont tué les grands leaders et laissent une poignée de vaisseaux en vie.

Le lien est encore plus évident lorsque Tyler, après avoir révélé son double visage de Klingo, pose des questions bien connues sur les limites entre l'ami et l'ennemi pour les héros. Brouiller la frontière entre soi et l'Autre, comme les héros de la série culte de Ronald D. Moore confrontés aux Cylons (les séries ont également en commun l'actrice Rekha Sharma), est une direction plus qu'intéressante pour cette série Star Trek qui donne tant de place aux Klingons. Que Saru s'interroge sur l'éventuelle présence d'autres agents endormis, loups dangereux cachés dans la bergerie de la Fédération, laisse entrevoir le temps d'une réplique de belles perspectives. Discovery ne semble pas les explorer, mais la porte a été révélée.

 

Photo Shazad Latif

 

THE END IS THE BEGINNING IS THE END

Trop vite accusée de trahir l'âme de la mythologie de Gene Roddenberry avec sa couleur guerrière, Star Trek : Discovery aura utilisé cette première saison pour déployer ses ailes et s'énoncer. Michael Burnham (Sonequa Martin-Green, solide mais encore un peu trop mécanique dans son jeu) a été renvoyée quasiment à la case départ avec un nouveau choix : celui de combattre, ou chercher une alternative pour la paix. Georgiou est à nouveau à ses côtés, mais cette fois-ci pour jouer contre elle. L'héroïne de la série a entre temps vécu, traversé des épreuves, changé de dimension, et trouvé une nouvelle réponse. Elle saisit l'opportunité de réparer symboliquement cette erreur qui la hante, et a provoqué la mort des milliers d'innocents.

Son discours final, aussi mièvre soit-il, illustre le désir des scénaristes de montrer les fondations de la sixième série Star Trek, résolument et évidemment tournée vers la lumière de la paix, de la communication, de l'Autre.

  

Photo Sonequa Martin-Green, Michelle Yeoh, Doug Jones La Sainte-Trinité du pilote... remise en scène de manière perverse dans la fin de saison

 

Ce désir de véritablement emprunter le sillon tracé par Star Trek prend une tournure encore plus claire et amusante dans les derniers instants, lorsque l'équipage du Discovery capte un signal de détresse. Lorsque "NCC-17.." s'incrit sur un écran, le fan équarquille les yeux et voit se former à l'écran une sorte de fantasme : les héros croisent la route de l'Entreprise, le vaisseau mythique de la série originale, avec le fameux capitaine Pike à bord.

Les références à la mythologie n'ont pas été rares, de la mention de Spock à celle du capitaine Archer, héros d'Enterprise, au détour d'un discours. Mais les ultimes instants de cette première saison vont plus loin, et dévoilent le pont direct entre Discovery et la série originale, Christopher Pike étant le capitaine dans le pilote de la série originale avant l'arrivée de l'incontournable James T. Kirk.  La nouvelle série se déroulant une dizaine d'années avant la première, les scénaristes ont un joli terrain de jeu devant eux.

Lorsque cette première saison de Star Trek : Discovery se termine, c'est sur les notes magiques du thème classique d'Alexander Courage. Le pari impossible de relier la direction artistique moderne et clinquante des films de J.J. Abrams (utile pour s'adresser au public de 2018), et la pureté désuète de la série originale des années 60 (indispensable pour ne pas brusquer les trekkies), est donc parfaitement accepté par la série. Elle qui avait été accusée de trop prendre de libertés (des Klingons refaçonnés, une technologie trop high tech, une vision de la guerre trop extrême), serait maintenant perçue comme trop nostalgique et tournée vers le passé. Preuve que Discovery a définitivement quelque chose d'un peu spécial, qui donne grandement envie de voir la suite.

 
 

Photo Star Trek : Discovery

Tout savoir sur Star Trek : Discovery

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commentaires
Fred
06/12/2018 à 10:12

C'est, au mieux, une série de SF passable, mais c'est un très mauvais Star Trek. Quel est l'intérêt d'adopter une vision aussi pessimiste de l'avenir surtout dans ces temps difficiles ?

Si les choses m'évoluent pas en profondeur, je ferais l'impasse sur la saison 2 et les autres séries pressenties. Les Short Trek sont moins mauvais que STD… c'est dire !

survivor deception
08/03/2018 à 17:55

> Spoiler alert <
Perso j'ai trouvé que l'histoire s'est déroulée beaucoup trop vite sur les 2 plans temporels (temps de la série, temps de l'histoire principale), je ne connais que les grandes lignes de l'univers, mais développer l'histoire d'une guerre majeure avec un empire hyper puissant en une seule saison, d'une guerre galactique qui se serait donc déroulée en moins d'1 an, c'est la course ou quoi ?
Pourquoi développer l'histoire en un temps aussi court ? On aurait pu au moins la faire sur 2/3 saisons... Au début on nous dit que le développement du nouveau type moteur et de la culture à pris des années et des années, la recherche à la fin de la saison finie par se faire en quelques heures et on se paye même une foutue terraformation en moins de 2 minutes ... pourquoi, pourquoi, les scénaristes étaient sous hexta ? Et la fin de la guerre avec les klingons, wtf, niveau vraisemblance c'était pourtant bien partie et on termine la série sur une trame wtf, Dommage, déjà que la série était devenue prévisible pour moi, à partir de la moitié de la saison quand ils se sont retrouvés perdus, j'avais déjà prévu le twist, la victoire de starfleet à la fin de la saison niveau bisounours... Dommage, s'il n'y avait pas eu l'acteur du commandeur extraterrestre et l'interprétation du doubleur, j'aurais laissé tomber, et si ça c'était un arc majeur, de quoi va parler la saison 2, on va avoir des épisodes standalone en série ? des mini-arcs où starfleet avec un seul vaisseau et un micro équipage de moins de 100 personnes sauve la pauvre galaxie ?
Au final, j'ai toujours eu du mal avec l'univers star trek, des actions extraordinaires réalisés par 5 personnages dans des vaisseaux ultra automatisées, avec 100-200 personnes... Du coup quand l'amirale s'est dit choquée d'avoir perdue une base de 80 000 personnes pour la défendre, j'ai été plus choqué qu'elle et pas pour la même raison, sa guerre est faite avec 15-20 vaisseaux avec 200 personnes, les défenses vues, sont faites par des dômes et vraisemblablement des missiles et des tourelles robotisées, à quoi sert les 80 000 personnes de sa base ? à rentrer dans le lard des 5 klingons qui y iraient en combat au corp à corp ?

Eric
25/02/2018 à 20:27

J'ai beaucoup aimé Discovery, quelques défauts parfois, mais une série ST aussi bien menée, je ne vais pas chipoter. Ca fait trop longtemps que je l'attendais après les infâmes daubes de JJA. The Orville est un bon complement pour sa forme plus traditionnelle quasi old school. J'ai regardé les 2 avec un œil different et j'ai hate de voir la suite.

ropib
22/02/2018 à 18:46

Le dévut de lasérie laissait penser une prise de distance avec le matériel de base très convenu, qu'il aurait tout à fait été possible de rattacher à l'univers pour autant. Hélas les producteurs ont peut-être entendu les fans qui ne comprenaient pas comment on pouvait à la fois être moral et non manichéen. Ainsi le capitaine un peu gris s'avère être un salop puisqu'il n'est pas blanc... et s'il est un salop c'est parce qu'il vien de la dimension des salops. Il peut mourir d'ailleurs, c'est écrit dans le script, quand Georghiu, tyrannique et sanguinaire, peut être sauvée, parce que l'actrice est encore sous contrat... ça n'a aucun sens, si ce n'est qu'on revient à un scénario arbitraire à la morale pour tous petits où tout doit être explicite sous peine de perdre son spectateur neuneu. Le star-trek original avait comme excuse son époque, Next-Generation tenait un discours militariste (en nous faisant prendre des vessies pour des lanternes, mais peu importe elle a tenu un objectif), Deep-Space Nine tentait des choses, Voyager jouait sur la nostalgie en ayant recours au kitsh et au ringard (l'actrice principale, bien utilisée dans Orange is the new black, ne pouvant pas faire autre chose apparemment), et Enterprise ayant raté de peu de faire des intrigues intéressantes avec un casting trop hétérogène au niveau du talent... Discovery semble se soumettre finalement à un public réac' après beaucoup de promesses.

Mechanic
19/02/2018 à 17:47

@Alan

Sauf que non. J'ai regardé ces séries, et en prenant notamment en compte leur contexte, leurs ambitions, leurs moyens, leur époque (plus qu'utiles pour appréhender Star Trek)... pas du tout.

Alan Smithee
19/02/2018 à 15:36

@Mechanic Si tu regarde la série originale Star trek ou The Next Generation (en particulier the Next Generation) tu me ferais les mêmes commentaires qu'à The Orville.

Mechanic
19/02/2018 à 15:25

@Alan

Je t'assure que ta sincérité n'est pas une donnée absolue. The Orville n'a pour moi rien de rien d'honnête, satisfaisant, amusant, malin, attachant pour moi. Pur réchauffé lourdingue.

Tu peux bien heureusement trouver Discovery naze, et elle en a des défauts. Je venais juste réagir et équilibrer ton commentaire. Parce que vraiment The Orville est un des pires trucs que j'ai pu voir récemment.

Alan Smithee
19/02/2018 à 15:17

@Mechanic The Orville peut être vu comme ringarde mais au moins c'est une série sincère qui capture véritablement le ton de Star Trek (optimisme, progressiste), avec des personnages attachants et des thèmes parfaitement appliqués à chaque épisode auto contenu et ses scénarios sont globalement bien exécutés et elle n'a pas la prétention de Discovery avec ses personnages irritants qui se la joue <<regarde comme je suis torturé>> et ses arcs narratifs complétement ratés.

Je cite Légion parce que Légion réussi à faire ce que Discovery essaye de faire au lieu d'être une série Star Trek : une série de SF qui te raconte une histoire en une saison, visuellement travaillé, avec des retournement inattendus, des persos attachants, des thèmes bien appliqués/utilisés et surtout une excellente exécution.

Mechanic
19/02/2018 à 14:53

Ne regardez pas The Orville, ce truc tellement ringard et pas drôle qui donne juste envie de revoir Galaxy Quest.
En revanche Legion est bien (mais n'a à peu près rien à voir avec Discovery dans ses ambitions et intentions)

Alan Smithee
19/02/2018 à 14:50

Série extrêmement chiante, mal écris et sans charme. Si vous voulez voir une vrai série Star Trek regardez la série The Orville de Seth Macfarlane ou si vous voulez voir tout ce qu'aimerait être cette série mais échoue complétement à faire regardez la série X-men Légion.

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