Episodes Saison House of the Dragon saison 1 épisode 3 : le Daemon de midi

Simon Riaux | 5 septembre 2022
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Photo Matt Smith

House of the Dragon, le prequel dragonesque de Game of Thrones poursuit ses embardées narratives alors les années défilent plus vite que les épisodes. L'occasion de dégainer les épées et de faire chauffer les dragons ?

ATTENTION SPOILERS !

 

 

LE TRÔNE FRIABLE 

Après deux premiers épisodes menés tambours battants, House of the Dragon confirme s’être lancé un sacré défi, dont on ignore s’il demeurera la spécificité de sa première saison, ou fait d’ores et déjà office de note d’intention plus globale. En effet, Ryan Condal et Miguel Sapochnik ont opté pour une narration axée sur un jeu d’ellipses complexes. En trois épisodes, le spectateur aura traversé presque le double d’années. Une orientation narrative qui pose question, et si on constate à chaque chapitre une progression notable dans l’intensité dramatique, cette architecture narrative s’impose comme éminemment singulière. 

Plus encore que les semaines précédentes, les soubresauts temporels imposés au spectateur lui donnent le sentiment que quasiment chaque scène représente un coup de boutoir symbolique, un cran supplémentaire dans la mécanique de la guerre civile à venir. Cette impression de fatalité est assez vertigineuse, comme si, malgré l’évidente bonne volonté de tous les personnages, ou presque, le chaos à venir était inextinguible.

 

House of the Dragon : photo, Paddy ConsidineRestera-t-il Viserys à son trône ?

 

Car, et c’est le beau paradoxe de l’écriture de cette première saison, si aucun protagoniste ne feint d’être un enfant de chœur, si tout le monde joue sa partition et veut obtenir le plus de pouvoir, de richesse ou de validation possible, il n’est pas un personnage qui ait véritablement le sentiment de jouer contre Westeros, ou plutôt, pas un qui soit encore un authentique cynique, personne ne concevant sérieusement que les tensions qui font jour seront en mesure d’abattre la dynastie Targaryenne. 

Conséquence : le tragique se glisse dans le moindre interstice, mais ce rythme échevelé condamne presque l’ensemble à une vitesse trompeuse, dont on se demande parfois s’il sera possible de décrocher, pour retrouver une progression plus millimétrée, une dramaturgie moins “spectaculaire”, mais plus émouvante. Quelques indices précieux sont disposés dans ce 3e épisode de House of the Dragon.

 

House of the Dragon : photo, Paddy Considine, Emily CareyEt j'ai fait tout ça avec des allumettes

 

TWO GIRLS ONE THRONE 

Si le tempo demeure extrêmement soutenu, ce segment sera l’occasion de plusieurs scènes qui creusent intelligemment tant la relation entre Rhaenyra (Milly Alcock) et Alicent (Emily Carey) que l’évolution de chacune. Alors que leurs aïeux respectifs ont transféré leurs propres ambitions sur leur descendance, nous assistons à l’inexorable pourrissement de leur amitié, qui avait su jusqu’alors conserver des accents pleins de sororité. L’équation est insoluble, tout comme la partition que chacune a reçue est équitablement cruelle. 

Une scène en particulier, souligne les impasses qui constituent désormais leur futur immédiat, quand Otto (Rhys Ifans) est congédié par le roi, lequel a fraîchement épousé sa fille. Sur le point de quitter la capitale, au risque de ne peut-être jamais plus poser les yeux sur Alicent, il tente de lui ouvrir les yeux sur la nature du conflit de loyauté et d’intérêts qui se noue à son corps défendant. En effet, quand bien même elle n’entreprendrait pas de comploter contre la future Reine, celle-ci serait contrainte de s’en prendre aussi bien à Alicent qu’à sa descendance, pour couper court au conflit qui menacera sitôt la course à la succession lancée. 

 

House of the Dragon : photo, Milly AlcockEt c'est une bonne position ça, Main du roi ?

 

Rhaenyra, pour sa part, doit faire face aux limites affectives d’un père à la fois trop résolu pour oublier qu’il est suzerain, et pas assez fin lecteur de Machiavel pour comprendre que sa permanente recherche de justice le prive de justesse. Sorte de Louis XVI qui aurait troqué ses serrures pour des maquettes, il est consacré auprès de sa cour comme un homme sur le point de s’écrouler quand, au cours de la chasse qu’il aura lui-même provoquée pour son bon plaisir, il se révèle incapable d’achever sa proie sans aide. 

Dans Game of Thrones, les appétits de prédateur couperosé d’un roi excessif causaient la vacance du trône et une myriade de catastrophes. Dans House of the Dragon, c’est la situation inverse qui permet aux ambitions de s’aiguiser et d’engendrer un bain de sang. Cette idée d’un miroir tendu à la série originelle, sans être foncièrement révolutionnaire, est particulièrement bien menée. 

 

House of the Dragon : photo, Matt SmithUne déco rustique, mais pleine de charme

 

AVOIR UN BON COPAIN 

Le personnage de Daemon est, depuis sa première apparition, le plus passionnant, mais aussi casse-gueule que le scénario ait à manier. Avec ses airs de rebelle peroxydé, le prince aurait pu virer au Néron de carton-pâte, rejoignant les cohortes d’impétrants privés de trônes, occupés à comploter grossièrement dans des centaines de productions en mal d’antagonistes grimaçants. Mais tant Matt Smith que Condal ont veillé à lui adjoindre une personnalité beaucoup plus attachante et complexe. 

Mû par un goût profond pour la provocation, amateur de combats et fantasmant de s’emparer du Trône, Daemon n’est pas pour autant une menace véritable pour les autres membres de sa famille. Nous le savons depuis le premier regard échangé entre l’oncle azimuté et sa nièce promise à un règne mouvementé, le prince éprouve pour sa lignée une fidélité profonde, a fortiori envers Rhaenyra.

 

House of the Dragon : photo, Matt SmithGros pic de pollution en périphérie de Peyredragon

 

Leurs rapports portent haut les couleurs de George R.R. Martin. Tout en grandiloquence, en perversité et en jeu avec les limites, ils bénéficient en outre d’une qualité d’écriture et d’une incarnation à fleur de peau qui en font un des palpitants interconnectant les multiples intrigues de ce début de saison. Preuve que HBO a pensé son coup, le duo composé par ces Targaryens au bord de la crise de nerfs n’a rien d’une redite des Lannister de jadis. 

Troublants et vecteurs de brutalité, sans doute, Rhaenyra ainsi que Daemon sont avant tout deux âmes complexes, tourmentées dans leur accession au pouvoir ainsi que leur éventuel renoncement, débordé perpétuellement par leurs sentiments. Mais ils ne se cantonnent pas pour autant à chanter fleurette aux fenêtres de notre mélancolie esbaudie. Le Daemon, il est aussi là pour péter du crabe.

 

House of the Dragon : photo, Paddy Considine, Steve Toussaint"Quel mauvais vent vous amène ?"

 

L’HEURE DES FLÈCHES 

Au gré de ses huit saisons, Game of Thrones se sera imposé comme la seule série de son temps capable de proposer au grand public un spectacle rivalisant avec la concurrence acharnée des blockbusters destinés au grand écran. À force d’investissements colossaux et surtout d’une réflexion en amont des tournages absolument remarquable, devenue pour ainsi dire anachronique à Hollywood, la série est parvenue à emballer de phénoménales joutes. En mêlant décors en dur, maquettes, imagerie numérique et cascades ambitieuses, le produit star de HBO aura su être le vivier de spectacle télévisuel épique des années 2010. 

Avec la concurrence annoncée des Anneaux de Pouvoir, House of the Dragon ne pouvait demeurer en retrait, et c’est donc avec appétit que ce troisième épisode laisse à l’occasion de son climax les clefs du dragon à Daemon. L’occasion d’une scène de bataille techniquement impeccable, mêlant morceaux de bravoure, dragonnerie et boyaux. L’ensemble a bien sûr des airs de démonstration de force, mais sous le spectacle brut, gît également la nécessité d’assoir Daemon comme un combattant émérite, ainsi qu’un stratège kamikaze, capable de renverser l'issue d'une bataille à la force de sa seule audace.

 

House of the Dragon : photo, Matt Smith, Steve ToussaintPerceval le Grégeois

 

De quoi se pourlécher les doigts, tant la série parvient, rapidement, à imposer un tempo soutenu, des personnages complexes et les envolées pyrotechniques de son aînée. Il lui reste désormais deux chantiers de taille pour parvenir à transformer l’essai et passer de divertissement classieux à visionnage rituel indispensable.

D’une, l’histoire devra prochainement trouver sa vitesse de croisière ainsi que son centre de gravité, afin de ne plus seulement dépendre d’ellipses subites pour maintenir notre curiosité en éveil. De deux, elle doit rapidement varier l’éventail de ses protagonistes. C’est là son seul manquement véritable à ce stade des hostilités, la chronique des destins des têtes couronnées ne pouvant nous donner à voir ou à ressentir la vie de Westeros dans son ensemble, tandis que la galerie de personnage manque encore de seconds couteaux attachants, capables de propulser l’intrigue et nos émotions hors des seuls affrontements de courtisans.

Un nouvel épisode de House of the Dragon est disponible tous les lundis sur OCS depuis le 22 août 2022

 

House of the Dragon : photo, , Milly Alcock

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commentaires lecteurs votre commentaire !
Diozem
09/10/2022 à 18:35

3e episode signe la mort de la serie
Confirmation d'une intrigue molle, pas d'enjeu, pas d'adversaire tangible. Une reine-ado ingrate et bornée. Un frère-rebelle muet et brute sans charisme. Des personnages secondaires qui sollicitent le roi pour sa succession ou pour une guerre dans des moments improbable (fêtes, chasse) ce qui casse la scène ET l'intérêt de leur demande. Une realisation qui ne sait pas mettre en espace les combats ou les attaques de bêtes. Une caméra perdue entre zoom excessif et distance qui noie les personnages et leurs émotions. Une scène de guerre finale tellement absurde qu'elle métrite un razzie award (daemon seul encerclé, bourré de flèches, son armée arrive de nullepart, ceux qui allaient le tuer tournent le dos sans s'occuper de lui, il rentre dans la grotte, pas de combat avec Mr Crabs, il sort avec le cadavre dans un décor vide qui n'est même pas celui de la bataille).
J'aurais tellement voulu aimer HOD mais il faut avouer que c'est une farce.

La Bellange
08/09/2022 à 12:02

Sur la narration qu'ils étalent sur plusieurs années on a un peu ce qu'on aurait voulu avoir sur la saison 2 de Rome (qui je crois avait été accélérée et raccourcie à cause de Game Of Thrones) : une évolution progressive des personnages et de leur relations, une dramaturgie et des enjeux qui prennent leur temps.

Sofiane
07/09/2022 à 02:38

Perso j'ai trouvé que les trois épisodes étaient très bien amenés et qu'il prévoyaient du bon pour le reste de la série : le combat pour le trône est pour l'instant très cool et les personnages sont très sympa et de TRES bon acteurs. Tout ça jusqu'au moment fatidique de survie de Deamon absolument improbable tirée des pires films que j'ai pu voir qui m'a complètement sorti de l'épisode 3. L'intérêt de GOT réside pour moi dans la mort assez réaliste de personnages de manière inattendue même si tu les kiffe comme lors du mariage pourpre mais la on voit bien à cause de cette survie contre 70 archers et 30 hommes armés qui viennent 1 par 1 évidemment que les scénaristes peuvent justifier n'importe quelle survie de n'importe quel personnage même si c'est débile ou si c'est "magique" comme pour Jon Snow qui revit ... bref peut être que le reste de la série va être très bien mais très déçu par ce choix scénaristique

Yaksha
06/09/2022 à 19:26

Ok, y'a des p'tits défauts. D'accord, parfois c'est un peu ennuyeux et certains SFX piquent aux yeux, mais bon sang que Matt Smith crève l'écran. Pourtant je ne trouvais pas l'acteur fifou en Dr. Who, surtout après l'excellent David Tenant. Mais je dois avouer qu'il est un excellent Deamon Targarien.

Sentenza88
06/09/2022 à 16:09

Pour le coup j'aurais tendance à aller à l'inverse de certains, l'épisode m'a beaucoup plus jusqu'au final totalement improbable et peu crédible qui m'a totalement sorti de l'épisode. Et qu'elle déception de voir déjà mourir un antagoniste qui avait pourtant beaucoup de potentiel et dont on ne savait encore rien.

Plus d'espoir...
06/09/2022 à 14:50

@ qkcs
Il faut quand même être réaliste et on peut juger une série sans reagir obligatoirement jusqu'au boutisme. La série est pour l'instant inférieure à GOT, cela reste dans la maison Targaryen avec pas d'autres enjeux ailleurs que la famille et le palais, les FX sont très moyens sur le bestiaire avec de mauvaises incrustations. Effectivement c'est très prenant et on a envie de la suivre mais il faut reconnaître aussi ses défauts comme toi tu reconnais les défauts des anneaux de pouvoirs mais visiblement pas ses qualités. Par contre à te lire pas touche à la série HOTD ! C'est quand même du Game of Thrones et en 2022 ils pourraient faire mieux dans les effets spéciaux ! Non ? Ce n'est pas une production Asylum tout de même !

targuet16
06/09/2022 à 14:38

"L’occasion d’une scène de bataille techniquement impeccable"
C'est loin d'être techniquement impeccable. C'est pas non plus indigeste car certaines choses fonctionnent bien (la tension de la scène au début est réussie) mais la surimpression de fond vert et d'effets pyrotechniques pas toujours convaincants, gâchent un peu le spectacle. De même pour le montage et l'abondance de "cut" qui cassent l'immersion et rendent le tout très cheap. C'est pas une mauvaise bataille mais pour moi, c'est du même niveau que la bataille de du butin de Hautjardin dans l'épisode "Spoils of War": ça se regarde, mais sans +

Midso
06/09/2022 à 14:33

J'adore la proposition d'HBO ça fait tellement du bien d'avoir de la fantasy de qualité et surtout sans problème de rythme, en decuplant l'intérêt pour les personnage tout le long sans faiblir.

On nous sert un show avec une écriture de qualité, avec une dimension temporelle bienvenue et tout ça dans l'univers de GOT qui plus est. Hâte de voir la suite.

qkcs
06/09/2022 à 14:17

Non mais je rêve en lisant les commentaires !

Ce préquel est tout bonnement excellent . C'est très bien écrit et les dialogues ciselés font mouche... Sans parler du jeu des acteurs; tous concernés et investis de leurs rôles.

On ne regarde pas cette série pour voir des combats bas du front ou de je ne sais quel étron marvellien.
Pendant ce temps, vous avez une autre série totalement mièvre, molle et plus en corrélation avec vos goûts sur la concu rance avec des hobbits sdf et des dialogues à coucher dehors interdit au plus de 12 ans. Vous y trouverez sans doute plus votre compte. Et Vous laisserez ceux qui cherchent autre chose que de la médiocrité se délecter d'une VRAIE série de qualité.

Je désespère du niveau de certains parfois (sans viser quiconque en particulier)

AhBonBeh
06/09/2022 à 00:53

house of the ""DRAGONS"" , Il faut bien les nourir, changer leurs littières, et surtout les sortir ""REGULIEREMENT""... Les dragons vont finir atrophie les pauvres.. A constater leurs existance, faut pas s'étonner , qu ils ai décidé de ne plus sortirent de leurs oeufs (éclorent). C'est pour cela que dans GOT en se retrouvent avec simplement des oeufs.. Sur cette ligne aucune faute pour GOTHOD. :-)
Une Arnaque cette Serie !!!

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