Knuckles saison 1 : critique qui tapine rouge, sans Sonic

Bowling sature

Pour qui est parvenu à prendre un minimum de plaisir devant les films, Knuckles promettait de préserver leur candeur, tout en éliminant les vannes pourries incessantes du hérisson bleu. Et en effet, passé le début du premier épisode, la voix de Ben Schwartz est éjectée du récit, tout comme Tika Sumpter, interprète de sa maman de substitution. Restent juste les idéaux guerriers du personnage éponyme, relativement amusant quand Idris Elba lui confère une solennité décalée.

Du moins, c'est jusqu'à ce que les scénaristes, ayant à coeur de recycler la dynamique de buddy movie ayant fait le succès de Sonic, lui collent dans les pattes Wade, personnage secondaire promu tête d'affiche. De toute évidence, la performance plus que dispensable de l'acteur Adam Pally dans Sonic 2 ne servait qu'à préparer le terrain pour cette aventure subsidiaire. Le showrunner Toby Ascher dissimule à peine avoir piqué le modèle chez Marvel. Voilà qui explique peut-être la vacuité absolue de la quête secondaire racontée ici : une histoire de rivalité sportive dans le milieu du bowling, légèrement perturbée par les sous-fifres du sous-fifre de Robotnik.

Kid Cubi

Étant donné l'inconséquence de la chose, et puisqu'elle en reprend tous les codes, on pourrait au moins attendre de la série un sous-Rocky en chaussures de bowling. Mais même à ce niveau, c'est le néant : la seule vraie partie a lieu dans le dernier épisode... et ne laisse même pas au spectateur le loisir de noter les scores, histoire de générer un microscopique début de suspense.

Que se passe-t-il donc le reste du temps ? Mis à part une séquence de comédie musicale pas désagréable, nous rappelant succinctement que nous regardons bien une adaptation de jeu vidéo, Knuckles se repend en niaiseries familiales, en cabotinages et surtout en blagues post-modernes, quoique déjà périmées.

The small Lebowski

Symptôme hollywoodien

Comme d'habitude, on nous rétorquera que la série est destinée aux enfants, lesquels n'ont visiblement pas droit à du divertissement de qualité. Mais si vraiment on choisit d'adopter la grille de lecture marketing des studios et de désigner des cibles, comme autant de spectateurs à mettre dans des cases, une question se pose : à qui s'adresse Knuckles ?

Si elle s'adresse vraiment aux enfants, pourquoi noyer les péripéties sous des centaines de références à la pop culture des années 1980 et 1990, tellement aléatoires qu'on les confond avec les placements de produit ? Pourquoi les clins d'oeil à RoboCop, aux Guerriers de la Nuit ? Pourquoi cette bande originale playlist digne de Suicide Squad, se vautrant dans la nostalgie facile au point de ressortir une énième fois Push it to the limits ? Quel gosse s'émouvra des renvois à une époque, à des franchises, à des produits qu'il n'a jamais connus ?

Easy raideur

Si elle s'adresse aux adultes, pourquoi le personnage d'Adam Pally est-il écrit et joué comme un enfant de 7 ans ? Pourquoi a-t-on envie de l'abandonner sur une aire d'autoroute à chaque fois qu'il ouvre la bouche (donc tout le temps) ?

Pourquoi les modèles 3D sortent-ils tout droit d'un sous-Pixar des années 2000 ? Pourquoi l'humour est-il aussi puéril ? Et pourquoi les rares bonnes idées cartoonesques (le chasseur de prime) sont-elles traitées avec tant de paresse ?

Enfin, si elle s'adresse aux joueurs, comment penser qu'ils se satisferont de l'équivalant vidéoludique des Schtroumpfs version 2011 ?

La vérité, c'est que Knuckles s'adresse à l'image que se font les exécutifs hollywoodiens du spectateur moyen : un "fan" qui se nourrit de références et d'I.P. (les fameuses propriétés intellectuelles), fussent-elles balancées en vrac dans un néant absolu de plus de 3 heures. Si les produits du Sonic Cinematic Universe continuent de marcher à ce point, on sera tentés de les croire.

Knuckles est disponible en intégralité sur Paramount+.