White Lines : critique aride post-Casa de papel sur Netflix

Alexandre Janowiak | 19 mai 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 19 mai 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Avant le retour très attendu par les fans de La Casa de papel et de sa partie 5, le créateur de la série phénomène revient avec une nouvelle histoire sur les plages et plaines arides d'Ibiza avec White Lines sur Netflix !

WHO KILLED THE DJ ?

Depuis le succès incroyable et l'engouement phénomènal suscités par La Casa de papel, Netflix a pleinement décuplé ses créations originales venant d'Espagne. Ainsi après le rachat de La Casa de papel, la plateforme au N rouge a lancé ÉliteAlta mar, La casa de las flores, Valeria ou encore prochainement Control Z, et a pérennisé sa très appréciée Les demoiselles du téléphone.

De facto, alors que la Partie 4 de La Casa de papel vient de se terminer et qu'une Partie 5 va sans doute voir le jour très prochainement, Netflix s'est payé les services du créateur de la série de braquage et lui en a commandé une nouvelle en mode thriller : White Lines.

 

Photo Laura HaddockUne soeur qui veut clore le mystère d'une vie

 

Loin du huis-clos de sa série phare, le showrunner Álex Pina embarque ici les spectateurs dans les paysages arides et les plages magnifiques d'Ibiza pour explorer les dessous d'une disparition. En effet, White Lines raconte l'histoire de Zoé, vivant à Manchester et recevant un appel de la police espagnole pour lui annoncer que le corps de son frère, Axel, disparu il y a plus de 20 ans, a été retrouvé.

Son frère avait quitté le domicile familial à cette époque pour s'envoler pour Ibiza et tenter de percer en tant que DJ. Mais un jour, il a disparu des écrans radars et tous les amis d'Axel ont affirmé à Zoe qu'il était parti en Inde pour recommencer sa vie à zéro. Désorientée depuis lors, et découvrant le corps de son frère, elle comprend très vite que la vérité lui a été cachée et décide de se rendre à Ibiza pour connaître le fin mot de l'histoire et enfin faire son deuil.

 

photo, Juan Carlos VellidoDes amis qui cachent la vérité ?

 

SEXE, MENSONGES ET CLICHÉS

Après le punch, le dynamisme et la folie de La Casa de papel, on pouvait s'attendre à quelque chose d'assez similaire avec White Lines. D'un certain point de vue, la série exhibe au fur et à mesure les mêmes excès avec son amour pour quelques petits twists, quelques sous-intrigues superflues (amour, trahison...) et une immense dose de sexe permanent (de la petite scène torride sous la douche à l'immense orgie en mode Eyes Wide Shut dans une villa exposée plein sud).

Pour autant, les dix épisodes de cette nouvelle création originale Netflix vont vite révéler une histoire molle et peu inspirée. Il y a ici et là quelques bonnes idées notamment lors de l'ouverture quasi-muette où la caméra se balade dans un désert espagnol à travers des mouvements, une esthétique et une musique qui rappellent les plus belles heures du western spaghetti, donnant à ressentir l'aridité des lieux et un sombre mystère.

 

Photo Laura HaddockL'atmosphère aride du show est bien mise en valeur

 

Malheureusement, exception faite de quelques jolis tableaux esthétiques (dans les boites de nuit par exemple), la série ne retrouvera jamais cette envergure scénique par la suite. La mise en scène tombe, au contraire, dans les travers qui jalonnent également La Casa de papel avec cette propension à balancer de la musique à tout bout de champ, à utiliser le ralenti régulièrement, à s'appuyer sur une voix-off et à jongler entre flashbacks et réalité pour percer son mystère et développer ses personnages.

C'est sans doute ici que White Lines perd très rapidement toutes ses lettres de noblesses. Zoe (incarnée par Laura Haddock, croisée dans Les Gardiens de la Galaxie) et la myriade de personnages qui vont graviter autour d'elle sont tous plus ou moins des caricatures ambulantes (entre le riche péteux, le pote boulet, le beau gosse ténébreux...). Leurs caractérisations n'ont donc aucun véritable impact sur le déroulé de l'histoire ou n'enrichissent pas le récit à proprement parler. D'autant plus qu'il se compose d'une succession d'intrigues plus banales les unes que les autres.

Qui peut imaginer, en 2020, qu'engluer ses personnages dans un trafic de drogue et des rivalités entre mafias le tout au coeur d'un mystère aussi basique pourra captiver ou ne serait-ce qu'intriguer ?

 

photoLa table des clichés

 

Evidemment, la série ne s'intéresse pas qu'à cette enquête sur la mort d'Axel (Tom Rhys Harries) durant ses dix épisodes et l'on constate qu'elle souhaite également dépeindre la résurrection psychologique de Zoe, meurtrie et traumatisée depuis la disparition de son frère. Plus qu'un simple thriller, White Lines se veut aussi un drame psychologique partageant les blessures, la douleur et la peine de son héroïne désirant tourner la page. Tristement, la mayonnaise ne prend jamais et finit même par tourner, le parcours étant balisé et téléphoné.

Ne reste plus qu'à découvrir le pot-aux-roses et l'identité du meurtrier ou de la meurtrière d'Axel Collins. A ce niveau, la révélation finale se révèle assez satisfaisante, le showrunner ayant clairement la volonté de clôturer dignement son récit en révélant les tenants et aboutissants de cette mort soudaine (et évitant un mauvais cliffhanger). C'est bien trop peu pour rattraper l'ensemble mais suffisant pour éviter la catastrophe.

White Lines est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 15 mai 2020

 

Affiche US

Résumé

Avec son récit balisé, ses personnages clichés et son mystère classique, White Lines fait le job mais sans panache. Sauf si vous aimez explorer des terrains vus et revus, la nouvelle série d'Alex Pina ne mérite pas que vous vous y attardiez.

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commentaires
ceciloule
21/06/2020 à 17:11

Si certains twists scénaristiques et autres cliffhangers sont effectivement bien visibles et très présents, on binge-watche malgré tout cette série avec un plaisir coupable. Le suspense est au rendez-vous puisque la révélation finale est inattendue et c'est donc un divertissement tout à fait honorable (bien que moins entraînant et original que la première partie que La Casa de Papel, nous sommes d'accord...). J'en parle davantage sur Pamolico, blog de critiques : https://pamolico.wordpress.com/2020/06/21/white-lines-alex-pina/)

Guillem
13/06/2020 à 22:12

Ils auraient pu faire tellement mieux !
Les premiers épisodes nous accrochent en nous présentant des personnages intéressants et charismatiques, l’intrigue est bonne, beaucoup de suspects potentiels .
Une touche d’humour noir avec des scènes qui me font penser à du Snatch ou Arnaque Crime et botanique (exemple Boxer et les roumains). De nombreuses histoires parallèles qui se croisent .
Malheureusement tout s’arrête après 3 épisodes pour laisser place à un enchaînement de scènes de cul et de drogues sans le moindre intérêt . Une Perso principale complètement autodestructrice qui enchaîne les conneries .
Dommage .

soffy
22/05/2020 à 22:16

Les 5/6 premiers épisodes sont vraiment accrochants, on se laisse emporter par la quete de Zoe '(qui joue vraiment bien), et puis ça part dans tous les sens, c'est excessif ,trop d'histoires inutiles et de mélos! Mais une photographie impeccable, ne serait-ce qu'esthétiquement cette série vaut le coup d oeil, malheureusement ça dérape en ambiance télénovela!

Casadepopol
20/05/2020 à 10:35

Je trouve que la critique est dur
Cette série est un thriller colorée et sexy. Les personnages sont des archétypes, chacun possédant sa propre couleur. Une belle photographie (couleurs stylisées et saturées), scènes sexy, des petites intrigues permettant de découvrir le pourquoi du comment de la présence de chaque personnage.
Bref, c'est une série sympa qui se laisse regarder.

Jean
20/05/2020 à 08:18

Ça traîne trop. En longueur... pfffffff J ai pas accroché Série qui m’a laissé indifférent

LCR
20/05/2020 à 05:06

C'est une série à regarder pour la forme, pas pour le fond, les enjeux semblent être atténués en milieu de saison, mettant d'avantage en lumière les conflits internes du personnage principal, qui ne sont pas vraiment intéressantes, ou d'autres intrigues secondaires dispensables. Les scénaristes ont repris conscience dans les tous derniers épisodes, ils voyaient que l'histoire traînait trop. Mais c'est jolie, quand même. Ça vaut 4/10 pour ma part.

Olivier637
19/05/2020 à 22:25

Ce serait chouette que vous fassiez une critique sur la saison 1 de Devils, ça vaut le coup d’oeil.

denis
19/05/2020 à 22:01

excellente série mise en scène soignée acteurs parfaits qui évoluent tout au long de l'histoire
je dis merci

Ouais
19/05/2020 à 15:49

Je regarde avec peine pour découvrir la fin

bof
19/05/2020 à 15:24

Pour ma part, je me suis arrêté au premier épisode. Cette critique ne fait que confirmer ma première impression.

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