KuroTsume : découvrez les deux nouvelles aventures à la conquête du manga français

Un nouveau label manga appelé Kurotsume voit le jour au sein des éditions Kurokawa, connues pour One Punch Man, Fullmetal Alchemist, Soul Eater ; et la florissante entreprise Tsume Art, qui s'est consacrée à la création de statue et figurine de personnages de manga et d'animé plus vrai que nature. Deux entités qui se réunissent pour créer du manga... français ! 

Le manga français existe depuis maintenant une bonne vingtaine d'années avec des success-stories que l'on connait bien : Dreamland, Radiant, ou bien encore City Hall, pour ne citer qu'elles. La plupart des maisons d'édition ont maintenant leur pool de mangaka français, ou se consacrent même entièrement à la création française ou étrangère (pas forcément japonaise quoi) comme les éditions H2T. Il faut aussi souligner la tentative des Humanoîdes Associés sur ce créneau-là, mais qui n'était pas en phase avec le marché à ce moment-là. 

Maintenant que le marché est plus mûr et que le manfra ou le franga (ces noms sont horribles) sont devenus beaucoup plus communs, et que la création originale se fait de plus en plus au sein des maisons d'édition. Il est tout à fait logique que des éditeurs comme KuroKawa tentent le coup avec des auteurs japonais et français, surtout quand derrière la machine il y a Tsumé Art.

C'est parti pour la fracass' !

TSUME ART ? C'EST QUI ? C'EST QUOI ?

Tsumé Art est une société luxembourgeoise créée par Cyril Marchiol en 2010, ils se sont spécialisés sur la création et la vente de figurines, mais surtout de statues en résine. Travaillant directement sur les licences japonaises, Cyril Marchiol et son équipe réalisent des statues aux finitions assez incroyables. Leur passion et leur engouement prennent des formes assez extraordinaires et chaque nouvelle pièce montrée suscite un engouement spectaculaire auprès de leur communauté qui s'agrandit de jour en jour.

La proximité qu'ils tiennent avec leur client et leur dévouement permettent à la marque Tsumé de se diversifier aussi avec Yoka Boardgame, des jeux de société qui utilise aussi des mini-figurines hyper détaillées ou bien des jeux sous licence permettant de revivre l'expérience du manga ou de l'animé.

C'est du costaud quoi.

Il en va aussi de même pour leur propre marque de vêtement, Iki, qui permet pour homme et femme d'arborer la tenue de leurs héros favoris sans se cosplayer ou avoir un t-shirt avec une grosse tête dessus. Réaliste et efficace, c'est un peu la marque de fabrique de Tsumé. 

Le réalisme et l'expérience de l'utilisateur sont d'ailleurs pris très au sérieux dans cette société, à l'image de Cyril Marchiol qui va toujours au contact de ses clients et de ses partenaires. Tel un tigre, il ne lâche pas l'affaire et combat sans relâche pour que ses produits soient les meilleurs sur le marché, mais aussi qu'ils comblent les attentes des fans de la marque et des mangas en questions. Car avant tout, les concepteurs de Tsumé sont des fans de mangas et d'anime qui recréent des saynètes emblématiques ou qui les ont ému. Ils les transforment et les subliment en statue gigantesque et dantesque prête à être exposée dans votre salon.

Avec la ferveur et la passion qu'ils mettent dans leurs oeuvres (statues, les jeux et vêtements), les voilà qu'ils s'attaquent au manga et pas qu'avec un seul titre.

Ça peut prendre la place, mais c'est beau.

RAGNAFALL : BALADE MUSCLÉE EN SCANDINAVIE

Le premier titre à sortir dans ce label Kurotsume est : Ragnafall avec au scénario Cyril Marchiol, sous le pseudo Marujirushi, et Shizuha au dessin que l'on connaissait sous le pseudonyme KTA dans son oeuvre précédente D'Encres et de Feu chez H2T.

L'histoire de Ragnafall met en scène deux apprentis forgerons. Adalrik et Hammer, qui, incapables de travailler ensemble, cassent un Minérald. Celui-ci devait être façonné et utilisé pour orner un bouclier qui aurait dû être exposé à une fête qui n'a lieu que tous les neuf ans : Le Sommer Solstice. Les deux garçons se retrouvent donc lancés dans une aventure à la quête de ce Minerald, mais tout ne se passe pas comme prévu. Et pour pimenter la chose, une menace pèse aussi sur leur ville d'origine, Lynir.

Bref, ça sent pas bon pour nos héros.

Les deux héros et le Minérald.

Au scénario, on sent la ferveur du fondateur de Tsumé, Cyril Marchiol ou Marujirushi, qui baigné dans le manga, connait les codes et les temps de ruptures. Les dialogues sont efficaces, perdent parfois un peu le lecteur dans le lexique utilisé, mais les interchapitres arrivent pour donner des détails sur l'univers, ce qui permet au lecteur de s'immerger un peu plus dans cet univers scandinave, ses us et coutumes. Les recherches en amont donnent beaucoup de crédibilité à l'histoire qui prend place au fur et à mesure des chapitres.

Chaque chapitre a son lot d'humour et d'affrontement, comme pour distinguer les deux forces qui sont dans les veines du scénariste. Les choses ne peuvent pas être toujours simples, il faut se battre pour les avoir et savoir aussi distinguer ces erreurs pour avancer. C'est un peu ce qu'apprennent nos héros dans leur quête du fameux Minérald.

Au dessin, Shizuha connait aussi les codes du manga, car avec sa précédente oeuvre, il nous avait déjà démontré qu'il maitrisait le découpage, les décors et qu'il savait surtout donner vie à des personnages. Et il faut dire aussi qu'il a un certain coup de crayon, ses influences mangas sont multiples et on les voit resurgir dans les cases. On peut se laisser troubler parfois par l'esthétique des deux personnages principaux, car on ne sait plus qui est qui, mais ces petits défauts s'amenuisent de chapitre en chapitre.

Les scènes d'actions sont bien travaillées, elles sont bien rythmées et tramées. Le chara-design des persos sont sous testostérones aussi bien les filles que les garçons. On est sur du bourrin de grande taille qui se tatane à coup de poing ou de masse d'arme bien clouté.

Le premier tome pose les bases de l'histoire et de la relation entre les personnages, on est juste sur la pose du cadre avant tout. La part de mystère qu'y entoure les personnages se fait de plus en plus grande parfois au détriment de la compréhension. Encore une fois, nous ne sommes qu'au premier tome, il y a encore des imperfections sur les ellipses ou sur des passages de scènes qui sont un peu trop rapides pour la compréhension. Mais celui-ci suscite la curiosité aussi bien sur le scénario que sur le dessin.

Le label Kurotsume a donc lancé ce premier manga dès le début du mois de janvier. Le moyen aussi pour Tsumé, si cela fonctionne, de décliner leurs mangas en statues gigantesques.

Mais ce n'est pas tout un autre manga est aussi en ligne de mire.

Ça punch pas mal.

IMPERIUM CIRCUS : LE CIRQUE COMBATTANT

L'autre manga de chez Kurotsume est Imperium Circus avec au dessin Alexandre Desmassias et Codeleia avec un scénario de Robin Dall Armellina.

L'histoire met en scène deux jeunes hommes : Léo et Nathaniel accompagné de leur tigre, Yroon voulant créer leur propre cirque. Mais avant cela, ils doivent se libérer du contrat qui les lie au Cirque du Chapelier. Ici la création d'un Cirque, ne se fait que par combat où les circassiens maitrisent (ou pas !) la magie.  

Quel drôle de cirque, n'est pas ?

Les héros en couverture

Ce titre est un peu spécial, car il a été créé en deux temps. Robin Dall Armellina était au scénario, mais on retrouvait Guillaume Lapeyre au dessin qui est connu pour CityHall, Booksters ou encore Le Visiteur du Futur en manga, toujours accompagné par Alexandre Desmassias.

Une première sortie aurait dû paraître fin 2018, mais après des contingences et le départ de Guillaume Lapeyre; le titre a dû se trouver un nouveau dessinateur. C'est Codeleia qui a été choisi pour prendre la suite et donc reprendre l'oeuvre devenue orpheline de crayon.

Ce qui explique peut-être un peu le manque de tenue du manga.

Au niveau du design des décors, des vaisseaux et du background, le travail d'Alexandre Desmassias est juste incroyable. Précis, juste et étonnamment foisonnant, cet expert des décors avait déjà fait ses preuves sur les précédentes oeuvres de Guillaume Lapeyre. Et c'est avec un gros plaisir qu'on le retrouve ici.

Cet aéronef quoi !

Par contre, au niveau scénario et dessin, c'est la que ça pêche. Le scénario est bien trop touffu sur ce premier tome, il y a énormément de présentation de personnage et des règles, oui, il faut bien ça pour poser le décor et la plateforme de l'histoire. Mais ici, dès les premiers chapitres, il y a énormément d'informations. Même si le Robin Dall Armellina nous fait une petite surprise en cours de tome, qui peut étonner voir surprendre, cette surprise est un peu contrecarrée par la mise en scène et le découpage qui fait que celle-ci devient juste logique dans l'histoire.

Le découpage et le design des personnages manquent de vigueur, on ne met pas en doute le coup de crayon de Codeleia, mais il y a un manque crucial de rythme et de vie sur les cases. Tout est un peu figé et statique, alors que dans un univers de cirque, cela doit bouger un peu plus. Ça se décoince un peu au fur et à mesure. Mais reprendre une oeuvre déjà commencée est difficile, y rajouter sa patte en peu de temps l'est d'autant plus. Sauf qu'ici, et c'est aussi dommage pour le titre, ça en devient bancal. 

On sent que Imperium Circus pourrait être prometteur, retranscrire l'univers du cirque en y rajoutant de la magie et le transposer en manga est une riche idée. Mais pour l'instant, à la lecture du premier tome, ce n'est pas assez convaincant.

Certes comme nous le disons, ce n'est que le premier tome, les suivants devraient arriver au courant de l'année. Comme dans certains mangas, les premiers tomes ne nous laissent pas une grande impression, mais la suite peut aussi nous surprendre et nous rallier à la cause de ceux qui les créent.

Le beau vaisseau et l'arrivée du méchant

Au final, Kurotsume prend des risques en lançant ces deux titres qui vont peut-être plaire au public et c'est tout le mal qu'on leur souhaite. Cette licence a été d'ailleurs officiellement lancée au Festival international de la Bande Dessinée d'Angoulême 2020.

Ragnafall et Imperium Circus sont les deux premières oeuvres de ce label, d'autres mangas viendront compléter la collection. Toujours dirigé par Tsumé et édité par Kurokawa, le but de cette collection est de montrer qu'il est possible de créer des mangas en France, avec des personnes talentueuses, qui ont des idées et qui n'ont pas peur de les coucher sur papier.

Kurotsume n'est qu'au début et on a hâte de voir la suite.

En toute simplicité