Activision, EA, Insomniac... pourquoi l'industrie du jeu est aussi menacée par la grève d'Hollywood ?

La grève à Hollywood continue pour les comédiens et... se tourne maintenant vers de grosses compagnies du jeu comme Activision-Blizzard ou Electronic Arts.

Les nouvelles récentes étaient (à moitié) bonnes du côté de la grève à Hollywood. Un accord avec les scénaristes a été trouvé, afin de limiter l’usage des intelligences artificielles et de rehausser leurs salaires. Un pas en avant significatif, mais qui ne marque pas la fin du mouvement social massif américain, déclenché depuis le 2 mai 2023.

La lutte continue pour les comédiens, dont la profession s’étend à d’autres secteurs artistiques. Afin d’étendre encore le champ de ses revendications, le syndicat SAG-AFTRA (Screen Actors Guild‐American Federation of Television and Radio Artists) a récemment exprimé un vote majoritaire pour autoriser les artistes du jeu vidéo à rejoindre la grève. 

"Grévistes ! Rassemblement !"

SAGA AFTRA

Ce n’est pas moins de 98,32 % des membres de la SAG-AFTRA qui ont manifesté leur approbation pour soutenir les acteurs du monde vidéoludique dans une éventuelle grève. Si ce vote n’entraîne encore aucune mesure, il est à considérer comme une épée de Damoclès pointée sur l’industrie du jeu, en réponse à sa nonchalance. En effet, une dizaine de compagnies du secteur refuse toujours de céder aux demandes du syndicat pour mieux traiter ses comédiens.

Après presque un an de négociation, la SAG-AFTRA est désormais contrainte d’agiter le spectre de sa grève hollywoodienne à leur frontière. Et ce n’est clairement pas à prendre à la légère. Le jeu vidéo est désormais l’industrie culturelle la plus profitable des États-Unis et le ralentissement de sa production pourrait porter un coup de massue à son économie.

Une grève chez Insomniac juste à la sortie de leur Spider-Man pourrait faire mal

En guise d’exemple, GTA V est actuellement le produit culturel le plus rentable de tous les temps, ayant rapporté 6 milliards de dollars de recettes, soit plus de deux fois plus que ce qu’a rapporté Avatar). Et tout comme le cinéma, le jeu vidéo doit beaucoup à ses acteurs. Les comédiens de GTA ou de Red Redemption ont apporté énormément à leurs œuvres respectives. Tous comme ceux de God of War, The Last of Us ou plus récemment... Baldur's Gate 3.

Souvent moins mis en avant que les grandes stars de cinéma (alors que Roger Clark dans RDR2 aurait mérité tous les Oscars de la planète), ces comédiens sont aujourd’hui tout autant victimes d’injustices salariales que les acteurs du cinéma ou de la télévision. Le choix de la SAG-AFTRA de se montrer solidaire envers eux n’a donc rien d’étonnant.

Inoubliable Roger Clark dans le rôle d’Arthur Morgan 

ce n’est pas du jeu 

Le syndicat a ainsi récemment entamé de nouvelles discussions avec des éditeurs et des développeurs majeurs tels qu’Activision, Electronic Arts, Epic Games, Take-Two, Insomniac et Warner Bros en vue de trouver un successeur à l’Accord sur les Médias Interactifs. On en est toutefois déjà au cinquième round de négociations depuis 2022 et la SAG-AFTRA commence à s’impatienter. Ainsi, la présidente du groupe, Fran Drescher, n’a pas caché son agacement quant à la passivité des éditeurs (selon GameIndustrie.biz) :

"Il est temps que les entreprises de jeux vidéo cessent de jouer et prennent au sérieux la réalisation d’un accord. Le résultat de ce vote montre que nos membres comprennent la nature cruciale de ces négociations. Il est désormais temps pour ces entreprises, qui réalisent des milliards de dollars et rémunèrent généreusement leurs PDG, d’offrir à nos artistes un accord qui leur assure une carrière durable dans le secteur des jeux vidéo."

Le talent de Samantha Béart dans le rôle de Karlach, sur BG3, vaut tout l’or du monde

Et après ces derniers pourparlers de la fin septembre, les dix entreprises de jeux vidéo concernés n’ont toujours accepté aucun engagement pour rémunérer de façon satisfaisante les comédiens de leur milieu. Un entêtement qui a de quoi révolter et qui augmente encore davantage la possibilité d’une nouvelle grève d’ici peu.

Les revendications du syndicat sont, entre autres, des augmentations de salaire prenant en compte l’inflation, des périodes de repos pour les artistes, la présence de secouristes lors des cascades et des mesures de protection contre l’utilisation de l’IA dans le doublage vocal.