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A la poursuite de demain : le scénariste Damon Lindelof défend le spectaculaire flop de Disney avec George Clooney

Par Geoffrey Crété
8 juin 2017
MAJ : 20 octobre 2018
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Descendu par la critique, ignoré par le public, A la poursuite de demain de Brad Bird mérite mieux : le scénariste Damon Lindelof confirme.

Un grand film d’aventure mâtiné de science-fiction, tiré des parcs Disney comme Pirates des Caraïbes, avec George Clooney et un budget de 190 millions (auxquels il faudra ajouter les frais marketing évalués à 150 millions) : sur le papier, c’est une belle équation. Mais avec une critique plus que tiède et un public pas intéressé, le box-office n’aura pas franchi la barre des 210 millions dans le monde, dont à peine 94 aux Etats-Unis.

A la poursuite de demain, ou Tomorrowland, aura été un sévère échec pour le studio de Mickey en 2015, à ranger aux côtés de John Carter (250 millions de budget pour 284 au box-office en 2012) et Lone Ranger (215 de budget pour 260, en 2013). Sorti glorieux de son premier essai derrière la caméra avec Mission : Impossible – Protocole Fantôme, après un passage magique chez Pixar (Les Indestructibles, Ratatouille, et deux Oscars), Brad Bird s’est depuis retranché dans une zone confortable puisqu’il prépare Les Indestructibles 2.

 

Photo George Clooney, Britt Robertson

« Chut ! Je crois que leur vision est basée sur le mouvement.. » (Clooney à l’approche des critiques ciné)

 

Si Ecran Large n’a à l’époque pas caché son enthousiasme énorme face à cette fabuleuse aventure, drôle et inventive, A la poursuite de demain n’a visiblement pas gagné en popularité depuis sa sortie. Collider (qui, au passage, avait descendu le film à sa sortie) a néanmoins saisi l’occasion d’interroger Damon Lindelof, co-scénariste du film avec Brad Bird, à l’occasion de la promo de la série The Leftovers.

Et si le scénariste tant décrié n’a pas hésité à confirmer que World War Z avait été un sacré chaos en coulisses, ou à reconnaître les fautes de Star Trek Into Darkness, il semble avoir un amour plus sincère pour le monde Tomorrowland :

« J’ai beaucoup appris de Tomorrowland. Je pense qu’il y a de bonnes choses dans ce film, mais la meilleure partie de l’expérience était de travailler avec l’une de mes idoles, Brad Bird. Je suis sûr qu’on aurait tous les deux souhaités que le résultat soit mieux qu’il n’était mais… on essayait de dire quelque chose à propos du futur, sur la manière dont les gens pensent le futur, qui renvoie fondamentalement à la vision de Walt Disney dans les années 50, selon laquelle futur était lumineux. Et c’est une idée bien plus difficile à amener de nos jours, parce qu’on a une obsession de l’apocalypse. »

 

Photo Britt Robertson

Britt Robertson : à la poursuite du futur alternatif où sa carrière a explosé

 

« J’ai l’impression qu’on continue à faire des films où le futur est sombre et que Tomorrowland essayait d’aller à contre-courant. Je suis toujours fier de l’ambition du film et la manière dont Disney nous a laissé le faire. Je n’ai pas encore vraiment de réponse sur ce qu’on aurait pu faire différemment pour que ce soit fantastique, mais au moins on a essayé… »

 

Photo Hugh Laurie

Hugh Laurie en bad guy pro-apocalypse : l’un des aspects les moins réussis du film

 

Par ailleurs, Lindelof commente le cinéma hollywoodien actuel en évoquant les réflexions derrière A la poursuite de demain :

« Je ne pense pas qu’il y ait eu beaucoup de conversations sur ce que serait la suite du film, parce qu’aujourd’hui on vit à une époque où on ne peut pas juste faire un film, il faut qu’il y ait une scène post-générique qui prépare quelque chose. Quand ils font fait Fast & Furious, je ne pense pas qu’ils se disaient, ‘Qu’est-ce que serait la suite ?’, et encore moins le huitième épisode. Leur travail était en gros de faire un bon film, une aventure sympa. Je pense qu’on a eu une approche similaire sur A la poursuite de demain : ‘Faisons juste un film avec un début, un milieu et une fin, et on verra ce que ça donne, puis on s’inquiètera de la suite si on est tous contents du résultat’ »

Ni lui ni Brad Bird n’auront eu l’occasion de pousser la réflexion plus loin, ce qui reste probablement une très bonne chose au final. Reste qu’A la poursuite de demain est un film qui méritait certainement mieux, vu ses ambitions, son imagination, sa douce candeur et sa mise en scène joyeusement grandiose (la découverte de Tomorrowland, la scène dans la maison piégée, la dynamique avec Athena). Gageons qu’il gagnera immanquablement une place dans le cœur des futures générations de cinéphiles.

 

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benn

Un excellent film comme on n’en fait plus. Équivalent récent d’un Retour vers le Futur, d’une inventivité folle comparée à la paresse de ce qui nous est proposé récemment.

Le flop et la non réhabilitation du film sont tragiques pour le cinéma et le cinéphile.

Quelle tristesse.

Ghob_

Pas mieux : rien à foutre du box-office ou du consensus mou d’un public englué dans ses conceptions de blockbusters/recettes faciles.
Tomorrowland est un très bon film (parfois excellent mais pas tout le temps), comme j’aimerais en voir plus, ces derniers temps. Le genre de films qui font du bien, en réveillant nos duces rêveries d’enfance…

Merci à Brad Bird et son scénariste, donc.

RiffRaff

Un film qui aurait mérité un plus grand enthousiasme. Perso je l’ai trouvé rafraichissant, un blockbuster un peu différent et très agréable à suivre. Pas exempt de défauts mais globalement bien au dessus de la moyenne.

theo

rrr

pepe

Oui un bon film inventif, exotique, mais qui laisse 1 peu sur sa faim. Faudrait que je le revoie.
Meilleures scènes : effectivement la maison truffée de gadget et les cyborgs un peu kitchs 🙂