Un Prix Louis-Delluc 2012 tout moisi

Sandy Gillet | 14 décembre 2012
Sandy Gillet | 14 décembre 2012

Rappel des faits. Le prix Louis-Delluc, décerné tous les ans au Fouquet's par une vingtaine de critiques et de personnalités, récompense le meilleur film français sorti dans l'année. Il a été fondé en 1937 en hommage à Louis-Delluc, premier journaliste français spécialisé dans le cinéma et fondateur des ciné-clubs, disparu à l'âge de 33 ans.

 

Rappel des « nommés » :

Les adieux à la reine de Benoît Jacquot

Amour de Michael Haneke

Après mai d'Olivier Assayas

Camille redouble de Noémie Lvovsky

De rouille et d'os de Jacques Audiard

La désintégration de Philippe Faucon

Holy Motors de Leos Carax

38 témoins de Lucas Belvaux

 

Et le gagnant est Holy Motors, un prix largement mérité ne serait-ce que parce qu'il fut le grand oublié cannois de cette année. Et puis surtout parce qu'il enterre et de loin la concurrence de par son originalité, sa petite musique détonante dans la production plan-plan française de cette année, sa mise en scène baroque, son message anti conformiste à souhait. Bref le seul film de l'année qui propose un cinéma en avance sur son temps mais complètement en phase avec ce que l'on est en droit d'attendre du 7ème Art.


Mais en fait non. Les critiques et autres personnalités ont semble-t-il été hermétiques à ce cinéma considéré comme autiste à l'image certainement d'un cinéaste qui continue à se faire défoncer la couenne par une critique aussi atavique que rance à l'image ambiante du cinéma français de cette année. À croire d'ailleurs que 2011 fut un accident de parcours ou un raie de lumière dans la grisaille ambiante.

C'est donc Les adieux à la reine de Benoît Jacquot qui remporte le prix 2012. Film aussi inutile que radoteur, sans enjeux et qui ferait passer le Marie-Antoinette de Coppola pour un chef-d'œuvre. On aurait pu « pardonner » si le choix s'était porté sur La désintégration de Faucon qui proposait au moins quelque chose de politiquement fort et de très lucide sur la société française d'aujourd'hui. Quant au Haneke, très grand cru il est vrai aussi, sa Palme d'or le mettait hors course d'avance. En étant même un peu de mauvaise foi on peut même dire qu'Amour n'a rien d'un film français.  

On n'a rien contre Jacquot attention. On en veut plus à ces critiques qui en faisant ce choix semblent s'enfermer encore plus dans leur tour d'ivoire. Priez Saint Motor qu'à Ecran Large nous ne devenions jamais comme eux.  

 

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