Mon héroïne : on a vu le film le plus new-yorkais du FIF de Saint-Jean-De-Luz

Christophe Foltzer | 8 octobre 2022 - MAJ : 08/10/2022 12:05
Christophe Foltzer | 8 octobre 2022 - MAJ : 08/10/2022 12:05

Comme tous les ans, Ecran Large est présent au Festival International du Film de Saint-Jean-De-Luz, festival de référence pour les premiers et deuxièmes films. L'occasion d'assister à l'émergence de nouveaux auteurs tout autant que d'avoir des étoiles dans les yeux. Et ce fut clairement le cas avec Mon héroïne.

 

Photo Pascale ArbillotPascale Arbillot est là, et bien là.

 

De quoi ça parle ?  Alex est dingue de cinéma depuis qu'elle est gamine mais elle est encore plus folle de Julia Roberts. Depuis qu'elle sait tenir une caméra, elle n'a qu'un rêve : tourner avec elle. Alors, maintenant qu'elle a le Bac en poche, elle décide de tenter le grand saut. La voilà partie à New-York pour remettre en mains propres à la star son scénario et vivre son rêve. Mais le parcours ne sera pas si simple.

C'était comment ? Avant de parler plus avant de Mon héroïne, il faut dire un mot sur sa réalisatrice Noémie Lefort parce que, aussi incroyable que cela puisse paraître, son premier long-métrage est en réalité une histoire vraie. Son histoire. Comme la Alex du film, l'autrice s'est envolée pour la Grosse Pomme il y a 20 ans pour investir les bureaux de Shoelace Productions, la société de Julia Roberts, et y rencontrer la star. Si nous ne dévoilerons pas l'issue de cette aventure, il est évident que, quoi qu'il advienne, il y avait là matière à un film.

 

Photo Chloé Jouannet, Louise ColdefyRecherche Julia désespérément.

 

Disons le tout de go, sans détours, Mon héroïne est une excellente surprise. Un film qui nous touche du début à la fin par sa grande humanité et le soin apporté à ses personnages et à son univers. Jouant habilement avec les codes du genre des "films de filles", Noémie Lefort les aborde avec grande intelligence et sait s'en écarter quand il le faut, totalement dévouée au bien de son histoire. On irait même jusqu'à dire que la réalisatrice est pleinement consciente du genre de film qu'elle emprunte, de ses limites comme de ses écueils et qu'elle assume le tout sans hésiter, sacrifiant à quelques passages obligés pour mieux nous surprendre ensuite.

La crainte d'avoir un film assez plat et impersonnel, décalque des figures tutélaires du genre, est balayée dès ses premières scènes, tant Mon héroïne s'attache à nous raconter une histoire autre que celle amorcée : là où l'on pouvait redouter un récit de "fangirl" destiné exclusivement à la gloire de Julia Roberts, Noémie Lefort contourne une nouvelle fois l'obstacle en restant constamment à l'écoute du coeur du récit : la relation d'une mère et de sa fille au moment des premiers vrais choix d'adultes alors que le fossé se creuse dangereusement entre elles. De ce fait, la thématique du film utilise son gimmick (Julia Roberts) pour lui donner une résonnance inattendue et très belle jusque dans sa conclusion particulièrement tendre et émouvante.

En fait, et c'est assez triste de devoir le préciser, Mon héroïne est un film frais qui fait beaucoup de bien là où il passe. En cette période de sinistrose totale, d'incertitudes et d'angoisses de l'avenir, voir un long-métrage aussi passionné, aussi drôle et aussi tendre se révèle autant salvateur que précieux. Avec lui, nous nous rappelons ce qui nous a fait aimer le cinéma étant enfant sans pour autant nous enfermer dans le piège nostalgique évident. Il nous rappelle aussi qu'il nous est encore permis de rêver mais que cela ne suffit pas. En sa compagnie, nous retrouvons cette espèce de naïveté qui nous permet de gravir des montagnes, de défier l'impossible, ce même sentiment qui nous parait si incongru quand on y repense quelques années plus tard. Alors quand, en plus, on nous offre tout cela avec des comédiennes en état de grâce (Chloé Jouannet et Pascale Arbillot, phénoménales), on serait vraiment stupides de refuser l'invitation.

 

Louise ColdefyLes girls se Kiss.

 

Evidémment, premier film oblige, tout n'est pas parfait et il convient aussi d'aborder cet aspect. Pourtant, il ne s'agit que de menus détails comparés à la grande qualité de l'ensemble : le personnage incarné par Louise Coldefy montre quelques fois ses limites et peut se révéler plus irritant qu'escompté mais dès que ce sentiment s'installe, une scène de comédie particulièrement efficace vient le balayer. Bien entendu, le film soumis aux codes du genre ne s'en affranchit pas totalement et ne peut éviter complètement certains lieux communs qui le définissent. Mais, encore une fois, à partir du moment où c'est assumé et non subi, tout de suite, ça passe mieux. Et c'est à peu près tout ce que l'on peut dire des quelques scories de Mon héroïne.

Et ça sort quand ? C'est le 14 décembre prochain que vous pourrez découvrir les aventures d'Alex à New-York. Et on vous conseille de vous y précipiter tant le film est beau, tendre, drôle et rafraîchissant.

 

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commentaires
Cinégood
08/10/2022 à 18:30

Sortie le 14 décembre, contre-programmation ou suicide face à Avatar 2 ?
Le film aura peu de chance d'exister, c'est dommage.