Mort sur le Nil, Moonfall, Les Vedettes... les nouveautés cinéma du 9 février

La Rédaction | 9 février 2022 - MAJ : 23/08/2023 10:55
La Rédaction | 9 février 2022 - MAJ : 23/08/2023 10:55

Mort sur le Nil, Moonfall, Les Vedettes ... quelles sont les sorties cinéma de la semaine du 9 février 2022 ?

Chaque semaine, Écran Large fait son marché dans les salles de cinéma, et sélectionne quelques sorties et films incontournables (pour de bonnes ou mauvaises raisons).

Avec le retour du Palmashow et d'Hercule Poirot au cinéma (mais pas ensemble), une nouvelle catastrophe planétaire de Roland Emmerich, la mafia à la française, les problèmes de couple de Marguerite Duras, une histoire d'amour et d'après-guerre, un film d'animation chinois, comment élever un super-héros norvégien et un classique adapté de Stefan Zweig.

 

Moonfall : Photo, Halle Berry, Patrick WilsonÇa va péter en salles

 

LES SORTIES QU'ON CONSEILLE

 

Les Vedettes

Durée : 1h42

 

 

De quoi ça parle : Tout oppose Daniel et Stéphane. L'un est un ancien chanteur en quête de reconnaissance. L'autre est un acheteur compulsif psychorigide. Mais puisque chacun a des dettes, ils vont s'allier pour participer à des jeux télévisés, et espérer au passage devenir célèbres.

Pourquoi il faut le voir : Parce que c'est le retour du Palmashow sur grand écran, après La folle histoire de Max et Léon. Le duo formé par Grégoire Ludig et David Marsais s'est montré clairement capable d'éviter les pièges inhérents au passage d'humoristes sur grand écran. Ici, les deux compères ont décidé d'offrir un vrai et beau portrait de personnages, losers magnifiques représentatifs d'une France incomprise et délaissée.

Au final, c'est même pour sa dimension amère et sociale que Les Vedettes convainc le plus, quitte à ce que ses ruptures de ton peinent à fonctionner sur la durée. À vouloir bouffer à tous les râteliers niveaux inspirations, de Will Ferrell à The Office en passant par Quentin Dupieux, le Palmashow se perd un peu dans son mélange. Mais qu'importe puisque sa démarche bienveillante, à l'opposée des comédies débilitantes, est déjà franchement rafraîchissante. 

La note d'Écran Large : 3/5

Notre critique des Vedettes

 

Enquête sur un scandale d'état

Durée : 2h03

 

 

De quoi ça parle : Contacté par un infiltré auprès de trafiquants de drogue pour le compte de l'État français, un journaliste découvre que le directeur de la lutte contre les stupéfiants pourrait bien être le premier dealer de France, au nez et à la barbe de l'administration.

Pourquoi il faut le voir : Transformer des faits réels en fiction n'est jamais évident, et ça pose toujours des questions quant au positionnement du conteur, son point de vue, ainsi que notre rapport au réel. C'est fort de ces interrogations que le réalisateur Thierry de Peretti a mis les mains dans le cambouis d'une des affaires les plus sordides et scandaleuses de la Ve RépubliqueEnquête sur un scandale d'État n'est donc pas qu'un thriller journalistique, c'est une formidable réflexion sur le sens de l'investigation, ses zones d'ombre, ses inévitables échecs, mais aussi ses puissantes réussites.

L'autre grande force de cette enquête trouble, où la vérité se dérobe un peu plus à chaque scène, c'est de se poser en puissante réflexion sur le sens du journalisme. Quel est le poids d'une accusation ? La valeur d'une source ? Peut-on accuser, et comment le faire en son âme et conscience ? Rarement la parole, la délibération, mais surtout, l'hésitation auront été aussi bien filmées. Admirablement mis en scène, tout en tension procédurale et inéluctabilité tragique, le film découpe les mécaniques ombrageuses de la République au scalpel. Loin de tous les clichés ou lecture facile, la narration impressionne.

La note d'Écran Large : 4/5

 

Great Freedom

Durée : 1h56

 

 

De quoi ça parle : L’histoire de Hans Hoffmann. Il est gay et l’homosexualité, dans l’Allemagne d’après guerre, est illégale selon le paragraphe 175 du Code pénal. Mais il s’obstine à rechercher la liberté et l’amour même en prison...

Pourquoi il faut le voir : Parce que Great Freedom a fait partie des jolies surprises du Festival de Cannes 2021, où il a d'ailleurs gagné le prix du jury de la sélection Un Certain regard. Prix amplement mérité tant ce long-métrage est d’une beauté assez terrassante. À la fois âpre et délicat, le film de Sebastian Meise épouse la violence de l’univers carcéral tout en collant à la candeur de son personnage principal, contaminant la gravité du film par sa douceur, sans jamais le rendre niais ou inconséquent.

Ce protagoniste, interprété par le magnétique Franz Rogowski, forme un tendre duo avec Georg Friedrich, dont l’imposante présence imprime constamment l’écran. Le deuxième long-métrage du cinéaste, après Stillleben en 2011, dépasse donc très largement son apparente froideur pour livrer un récit structuré avec soin et mise en scène avec fièvre.

La note d'Écran Large : 4/5

 

White Snake

Durée : 1h38

 

 

De quoi ça parle : Un chasseur de serpent nommé Xuan s'acoquine avec une jeune femme nommée Blanca, amnésique et en quête de ses souvenirs. Mais les souvenirs en question feront ressurgir sa vraie nature.

Pourquoi il faut le voir : Soyons honnêtes. Aléas de la distribution et de la pandémie obligent, nous avions vu White Snake en 2019 (!), lors du festival des Utopiales. Deux ans et demi plus tard, il débarque enfin en salles, juste après l'arrivée de sa suite, Green Snake, sur Netflix. Il est donc possible, moyennant une place de cinéma et un abonnement au N rouge, de découvrir le diptyque entier, très populaire en Chine, pendant la même journée.

D'autant que, malgré le temps qui nous sépare de sa découverte et une animation techniquement moins aboutie que celle des gros studios américains, on s'en rappelle comme d'un divertissement enlevé, une oeuvre de fantasy peu originale dans son développement, mais très jolie par moments. C'est également l'occasion de redécouvrir un mythe local très important, déjà adapté par le maître Tsui Hark bien des années auparavant. Évidemment, les deux versions n'ont pas grand-chose à voir, mais celle-ci saura charmer un tout nouveau public.

La note d'Écran Large : 3/5

 

The Innocents

Durée : 1h57

 

 

De quoi ça parle : D'une bande d'enfants qui se découvrent des pouvoirs surnaturels, et qui ne se transforment pas vraiment en super-héros.

Pourquoi il faut le voir : Alors qu'on pensait avoir fait le tour de la question des gosses flippants, voilà que The Innocents débarque et nous assène une baffe monstrueuse, se propulsant directement aux côtés des meilleurs films du genre, comme Les Révoltés de l'an 2000L'autre, Goodnight Mommy ou bien sûr Les Innocents, dont il prolonge le malaise. Pas loin d'être aussi terrifiant, il mérite largement la pluie de récompenses qu'il a glanées ici et là, traumatisant bien des festivaliers au passage.

À force de séquences mémorables, il dépeint l'enfance comme une phase communautaire, archi-violente et opaque, voire une société secrète inconsciente qui pousse les cellules familiales et les sociétés adultes (représentées par ces HLM dont on ne sort jamais) au point de rupture. Si bien qu'il agit comme un substitut trois cents fois plus subtil et maitrisé au Chronicle de Josh Trank. Armez-vous de courage et aiguisez vos nerfs : c'est l'occasion d'être dévoré tout cru par un vrai grand film fantastique.

La note d'Écran Large : 4,5/5

 

LES SORTIES QU'ON CONSEILLE MOINS

 

Mort sur le Nil

Durée : 2h07

 

 

De quoi ça parle : Hercule Poirot monte dans un bateau, un meurtre y a lieu et il va forcément tout faire pour résoudre l'enquête.

Pourquoi il faut le voir : Parce que le whodunit est un des genres les plus fun de l'histoire, et les novices du bouquin éponyme d'Agatha Christie prendront sûrement un peu de plaisir à chercher qui est coupable du meurtre au centre de l'intrigue. Toutefois, il faut préciser que le long-métrage est réalisé par Kenneth Branagh qui, avec son narcissisme habituel, préfère surtout s'attarder sur la figure d'Hercule Poirot (qu'il incarne) plutôt que l'enquête en elle-même.

En résulte un film bancal narrativement, souvent bordélique à cause de son trop grand nombre de personnages et d'autant plus désagréable à regarder à cause de ses effets spéciaux médiocres et de sa mise en scène à l'abandon. Alors pour ceux qui se demandent si Mort sur le Nil parvient à être pire que Le Crime de l'Orient-Express, on ne cachera pas qu'il est difficile de répondre à la question. Alors, allez vous faire votre propre avis, même s'il y a bien mieux à voir cette semaine.

La note d'Écran Large : 1,5/5

Notre critique de Mort sur le Nil

 

Vous ne désirez que moi

Durée : 1h35

 

 

De quoi ça parle : Compagnon de Marguerite Duras depuis deux ans, Yann Andréa éprouve le besoin de parler : sa relation passionnelle avec l’écrivaine ne lui laisse plus aucune liberté, il doit mettre les mots sur ce qui l’enchante et le torture. Il demande à une amie journaliste de l’interviewer pour y voir plus clair. Il va décrire, avec lucidité et sincérité, la complexité de son histoire, leur amour et les injonctions auxquelles il est soumis, celles que les femmes endurent depuis des millénaires…

Pourquoi il faut le voir, mais surtout le lireClaire Simon tente ici non pas l'exercice du biopic, mais bien un format quasi-expérimental et encore plus complexe : transformer un entretien enregistré, un témoignage sonore, en un récit de cinéma. Comment faire d'un pur dialogue, d'un pur texte, un récit visuel ? La réalisatrice s'attache à travailler son cadre, la direction de ses comédiens, mais aussi la forme de la narration, pour essayer de transformer un matériau réservé aux fanatiques hardcores de Marguerite Duras en un film.

Hélas, en dépit d'une thématique puissante, à savoir l'amour impossible, vénéneux, toxique, basé sur la domination puis la réification de l'autre, des interprètes investis et quantité de tentatives pour dynamiser son récit, le résultat demeure terriblement froid et théorique, quand il ne vire pas à la performance d'acteurs un peu vaine. Demeurent une relation sidérante, un texte superbe, et une expérience audacieuse.

La note d'Écran Large : 2,5/5

 

LE FILM QU'ON N'A PAS VU, CAR ON N'ÉTAIT PAS INVITÉ MAIS QU'ON VA RATTRAPER 

 

Moonfall

Durée : 2h

 

 

De quoi ça parle : C'est la fin du monde, parce que la Lune va s'écraser sur la Terre. Mais la partie n'est pas encore perdue, parce qu'un trio de deux astronautes et un complotiste se lance dans une mission folle pour stopper l'apocalypse... et affronter ce qui se cache derrière.

Pourquoi il faut le voir : Parce que c'est le nouveau film de Roland Emmerich, le grand gamin allemand qui aime tout exploser à Hollywood, et a marqué les esprits avec Independence Day, Godzilla, et Le Jour d'après. De retour dans son bac à jouet préféré après quelques sorties de route plus arty (Anonymous, Stonewall) et des superproductions plus oubliables (Midway, Independence Day : Resurgence), le cinéaste rappelle que son fidèle co-scénariste Harald Kloser et lui ont un très bon dealer, avec ce cocktail dingo.

Et personne ne s'en plaindra. Alors que Gerard Butler investit le territoire du film catastrophe, entre le débilos Geostorm et le pseudo-sérieux Greenland, le réalisateur de Stargate revient en territoire conquis avec Halle Berry et Patrick Wilson vs l'espace et ses dangers. Nul doute que Moonfall va exaspérer une partie du monde avec ses gros sabots, mais peu importe : les vrai.e.s savent que tout ça est le premier pur film pop-corn de 2022. Et bordel qu'on en a bien besoin.

La note d'Écran Large : Avec un peu (beaucoup) de chance, 3,5/5. En étant raisonnable et réaliste, un 2,5/5.

 

LA RESSORTIE COOL 

 

Lettre d'une inconnue

Durée : 1h26

 

De quoi ça parle : Un homme, musicien célèbre et séducteur impénitent, reçoit un jour une lettre, signée de la main d'une jeune femme dont le nom lui paraît inconnu. Elle y révèle comment il a bouleversé son existence, jusqu'à causer sa perte.

Pourquoi il faut le voir : Si vous n'avez jamais lu d'ouvrage de Stefan Zweig, courez. Si vous n'avez jamais vu de film de Max Ophüls, courez. Si vous aimez le cinéma, courez. Si vous êtes un être carboné (vous êtes un être carboné), foncez. Le célèbre cinéaste, qui accepta le projet du fait d'un manque d'activité préoccupant, retrouve ici le chef opérateur avec lequel il adapta un premier texte de Zweig, et aboutit à un chef-d'oeuvre absolument bouleversant.

Riche d'une grammaire cinématographique d'une variété et d'une précision stupéfiante, Lettre d'une inconnue parvient à détourner tous les interdits du code Hays en vigueur du temps de sa production, pour narrer une histoire d'amour tragique, fataliste et amère, où brillent Louis Jourdan et Joan Fontaine. Une merveille à redécouvrir, à fortiori restaurée en 4K.

La note d'Écran Large : 5/5

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