Snake Eyes : le film G.I. Joe est donc l'un des plus grops flops de l'année

Snake Eyes, alias le film dérivé de G.I. Joe, est bien parti pour être un joli désastre financier, partout dans le monde.

Comme son nom ne l'indique pas, Snake Eyes devait relancer la machine (à jouets) des G.I. Joe, en passant par la case spin-off. Alors que le monde sobre essayait d'oublier G.I. Joe : Le Réveil du Cobra sorti en 2009 et G.I. Joe : Conspiration sorti en 2013, les producteurs ont ainsi décidé de miser sur Snake Eyes, second rôle propulsé au premier rang.

Après Ray Park dans les deux premiers films, c'est Henry Golding qui a repris le rôle. Grand mal lui en fait, puisque Snake Eyes se présente comme l'une des plus grosses catastrophes de l'année côté business. Bide aux États-Unis, crash en Chine, sortie sacrifiée en VOD en France : retour sur ce joyeux échec.

Parés pour le Comic Con 2022

G-aÏe joe

Dans Le Réveil du Cobra, il y avait Channing Tatum, Marlon Wayans, Dennis Quaid, Joseph Gordon-Levitt, Sienna Miller, Christopher Eccleston, et Stephen Sommers (La Momie) derrière la caméra. Bilan : un budget officiel de 175 millions. Dans la suite, Conspiration, l'équipe s'est un peu calmée. Malgré la présence de Bruce Willis et Dwayne Johnson, pour challenger (rapidement) la testostérone de Channing Tatum, le budget a été revu à la baisse, du moins en théorie - entre 130 et 175 millions, selon les sources.

Snake Eyes a visé encore plus bas : entre 90 et 110 millions, hors marketing. Mais ça n'a pas suffi à limiter la casse.

Yamacacazi

Avec environ 40 millions encaissés dans le monde, le spin-off s'est écrasé contre un mur. Le premier film avait passé le cap des 300 millions et le deuxième, celui des 375 millions. À titre de comparaison, en 2021, le box-office mondial a été bouffé par Fast & Furious 9 (721 millions) côté Hollywood, avec Mourir peut attendre qui s'approche des 700 millions. Snake Eyes a donc fait un score minable, similaire à Spirale – l'Héritage de Saw, un gros bide aussi... mais nettement moins cher.

Selon Variety, Snake Eyes devait atteindre les 160-175 millions au box-office mondial pour amortir le budget. Autant dire qu'avec seulement 40 millions, le compte n'est pas du tout bon, et que la perte est significative pour les producteurs.

Spin-off de G.I. Joe ou image promo de porno ?

le mur de CHINE

Les producteurs avaient probablement un espoir avec la Chine, territoire désormais très convoité pour les blockbusters américains. C'était le dernier gros arrêt de Snake Eyes, marquant la fin de sa carrière en salles - et sa dernière chance.

Là encore, c'est un crash absolu. Snake Eyes a démarré avec seulement 1,5 million, même pas de quoi intégrer le top des nouveautés. Conspiration avait encaissé 53 millions, soit un chiffre modeste, mais en 2013. Depuis, les succès phénoménaux des Marvel et autres Fast & Furious ont prouvé que la Chine était une réserve de pognon. Mais le serpent G.I. Joe n'y aura pas accès. C'est donc l'arrêt de mort du film côté exploitation salles.

C'est d'autant plus spectaculaire que Snake Eyes a certainement été pensé pour le marché asiatique avec sa nouvelle équipe de héros, après les têtes hollywoodiennes des deux premiers films.

Le public mondial jugeant Snake Eyes

les raisons du crash

Première raison, vilaine mais vraie : qui voulait de ce film ? Le succès des deux premiers G.I. Joe a prouvé qu'il y avait un public, mais Snake Eyes a changé la formule, en retirant les deux éléments qui expliquaient potentiellement son succès : le casting hollywoodien, et la marque G.I. Joe.

En troquant les Channing Tatum et autres mâles du secteur, pour une équipe d'acteurs asiatiques (Henry Golding, Andrew Koji, Haruka Abe, Iko Uwais, Takehiro Hira), les producteurs pensaient certainement pouvoir charmer le marché asiatique. Une stratégie aussi subtile que familière, qui a tendance à s'écraser contre le mur chinois, comme l'ont prouvé à différents niveaux Mulan (magnifique flop pour Disney), Pacific Rim : Uprising (qui n'a pas atteint le score du premier), ou encore Shang-Chi (qui n'est tout simplement pas sorti en Chine).

Image générique de blockbuster

En réduisant la marque G.I. Joe au maximum, puisque le sous-titre G.I. Joe Origins est quasiment caché, les producteurs ont également pris le risque de tuer le peu d'identité qu'avait le film. Avec un titre aussi générique, qui n'évoque rien au commun des mortels (hormis le film de Brian De Palma), Snake Eyes devenait simplement un film d'action avec des sabres, sorti de nulle part et s'adressant à... personne, peut-être. Le choix de se focaliser sur ce personnage, comme une superstar susceptible d'attirer un large public et tenir un film sur ses épaules, était pour le moins audacieux. Pour ne pas dire kamikaze.

Deuxième raison : le piratage. Snake Eyes était disponible en téléchargement illégal depuis sa sortie VOD américaine, en août. Avec en plus une critique pour le moins assassine, les chances de surmonter le piratage étaient minces.

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direct to (co)video

Plus globalement, la carrière de Snake Eyes a été légèrement chaotique, à cause de la pandémie, mais pas que. Aux États-Unis, le film devait sortir en mars 2020, avant d'être repoussé à octobre 2020, puis carrément octobre 2021. Avant d'être avancée à juillet 2021. Autant dire que tout le monde était perdu.

En France, c'est encore pire. La sortie prévue en août 2021 a été annulée au dernier moment, et un mois après, Snake Eyes était rétrogradé à une sortie en SVoD, annoncée deux jours avant. Autant dire que c'était un beau sacrifice à peine assumé.

L'équilibre financier très stable de Paramount

Ultime symptôme d'un film emporté dans la pandémie : Snake Eyes a eu droit à une sortie mutante, d'abord au cinéma puis en SVoD, sur Paramount+ aux États-Unis, 45 jours après. Difficile de savoir si ce choix a servi le business de Paramount, vu comme cette énième plateforme de streaming est encore discrète (42 millions d'abonnés dans le monde, en août 2021). Mais dans la guerre contre Netflix et compagnie, et dans un contexte de pandémie, tout est bon pour attirer l'attention. Et utiliser ainsi un film relativement mineur comme Snake Eyes a du sens, sachant que les plus gros produits d'appel de Paramount+ jusque là sont le navet Infinite avec Mark Wahlberg, Paranormal Activity : Next of Kin, et les séries Star Trek.

Et les affaires G.I. Joe dans tout ça ? Certainement au point mort, merci Snake Eyes. En mai 2020, une suite était déjà développée par Paramount et Hasbro. Depuis, les résultats ont sans nul doute calmé tout ce petit monde. Sachant qu'en septembre 2021, la direction de Paramount a changé, et serait en train d'amorcer une énorme bascule vers le streaming, il y a encore un (des)espoir : voir les babioles G.I. revenir, mais exclusivement sur Paramount+. Au cas où ça intéresse quelqu'un.