Oscars : l'académie promet plus de diversité avec de nouvelles règles opportunistes

Mathias Penguilly | 9 septembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Mathias Penguilly | 9 septembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Souvent critiquée pour son manque de diversité, l'Académie des Oscars a mis en place une stricte grille d'évaluation pour favoriser la diversité à Hollywood.

Depuis 2016 et la polémique lancée par le hashtag #OscarsSoWhite, l'Académie des Oscars fait régulièrement l'objet de critiques quant au manque de diversité de ses nominations. L'année dernière encore, la célèbre société chargée de distribuer les précieuses statuettes avait fait l'objet d'une nouvelle controverse après n'avoir nommé que des hommes dans la catégorie de meilleur réalisateur. L'actrice Issa Rae (Insecure), chargée de dévoiler le nom des nommés avait alors souligné cette inégalité par une remarque appuyée : "Félicitations à ces hommes".

Alors que le mouvement de contestation Black Lives Matter secoue les États-Unis et le monde, l'Académie a pris des mesures pour essayer de remédier à cette situation. Dans un communiqué, David Rubin et Dawn Hudson, ses présidents, ont ainsi dévoilé une grille d'évaluation plus stricte, visant à mettre en place une forme de "standard de diversité" dans les films primés à Hollywood.

 

Photo Mahershala AliLe sacre du très beau Moonlight, une réaction directe à #OscarsSoWhite ?

 

Dans cette déclaration, ils ont ainsi cherché à expliquer les efforts qu'ils cherchent à encourager dans l'industrie :

"Nous devons élargir l'ouverture pour refléter la diversité de la population mondiale, à la fois dans la création de films, mais aussi dans la manière dont les spectateurs s'y identifient. L'Académie s'engage à jouer un rôle vital dans la manière de refléter cette réalité. Nous croyons que ces standards d'inclusivité seront un catalyseur pour ce changement essentiel et pérenne de notre industrie."

Leur grille assez complexe est divisée en quatre standards à respecter (pouvant être complété en réalisant un objectif parmi deux ou trois). Pour pouvoir être sélectionné dans la sacrosainte catégorie de meilleur film, un long-métrage devra respecter au moins deux de ces quatre standards.

 

photo, Mahershala Ali, Viggo MortensenUne déclaration qui ne convainc pas grand monde

 

L'Académie des Oscars souhaite promouvoir la diversité aussi bien devant que derrière la caméra en témoigne les trois critères retenus : Représentation à l'écran ; Équipe créative et leadership ; Égales possibilités d'accès à l'industrie ; et Développement du public. La production d'un film devra offrir des opportunités de travail aux personnes sous-représentées dans l'industrie hollywoodienne (minorités ethniques, de genre, d'orientation sexuelle), y compris les personnes en situation de handicap, dans au moins deux des catégories citées précédemment.

Sur le papier, ces standards progressistes vont dans la bonne direction pour diversifier l'industrie hollywoodienne. Dans les faits néanmoins, les plus conservateurs peuvent se rassurer : ces standards ne vont quasiment rien changer au fonctionnement de l'industrie. Ce dernier communiqué ressemble surtout à un énorme effet d'annonce un peu opportuniste.

 

photo, Jean DujardinBlack & White

 

D'après le magazine américain The Playlist en effet, tous les lauréats de la fameuse statuette du meilleur film ces dix dernières années remplissent déjà ces critères, y compris les films les moins inclusifs comme Le Discours d'un roi ou The Artist, respectivement lauréat de l'oscar du meilleur film en 2011 et 2012. De même, la déclaration des présidents de l'Académie précise que "toutes les autres catégories que celles de meilleur film continueront d'être évaluées d'après leurs critères actuels". Peu de changement en perspective.

Tout n'est pas à jeter néanmoins dans cette nouvelle grille d'évaluation : si certaines mesures suggérées pour remplir les standards évoqués risquent de faire grincer des dents (notamment celles qui préconisent un quota minimal de professionnels "issus de la diversité" sur chaque tournage), d'autres permettront sûrement de faire évoluer l'industrie en profondeur. C'est le cas en particulier des mesures permettant de compléter le troisième standard (sur l'égal accès à l'industrie), qui préconise la mise en place de stages et de contrats d'apprentissage rémunérés.

Dans tous les cas, ces nouvelles mesures risquent de faire couler beaucoup d'encre.

 

photo, Colin FirthDe bien beaux discours, mais une grille d'analyse bancale...

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
RobinDesBois
10/09/2020 à 21:28

Pour qu'un film soit oscarisable il devra donc respecter toutes les mesures d'une grille raciste et sexiste ? Parce que bon si je comprends bien un film avec trop de femmes blanches ça passe pas. Trop d' hommes noirs hétéros ça passe pas non plus. Trop d'hommes blancs hétéros là c'est foutu de chez foutu le réal et le casting sont bannis des oscars à vie.

Et par LGBT ils entendent quoi ? Le personnage ou l'acteur ?

Parce que si c'est l'acteur, si ce dernier n'a pas envie de dévoiler son orientation sexuelle aux monde entier ça se passe comment ? Il est considéré comme hétéro par défaut ? Les acteurs homos et les actrices lesbiennes seront donc sommés de faire leur coming out publiquement s'ils veulent accroitre les chances du film d'être oscarisable ?

Bref tout ce bordel est un beau nid à dérives.

fuck
10/09/2020 à 13:21

Il va falloir boycotter ces films qui acceptent ces diktats racistes. Pas grave. A part certains blockbusters les films les plus intéressant sortent ou vont sortir sur les plateformes. Ils ne seront pas concernés par les Oscars ni par les Césars. Il va falloir d'ailleurs en pirater certains. Récemment est sorti sur Netflix le dernier Charlie Kaufman. 2 de mes plus grandes attentes vont sortir sur Netflix Big Bug de Jeunet et Mank de Fincher (2 films qui ne respectent pas les quotas). Sur Apple + on a le superbe film d'animation Wolfwalkers et sur Amazon on a Colour out of Space. L'avenir du cinéma libre de qualité est sur les plateformes.

rebelle33
10/09/2020 à 13:07

Ces nouvelles dispositions de l'Académie des Oscars découlent directement de cette RACIALISATION qui envahit nos sociétés...Autrement dit, on succombe à ces théories qui font de la race ou des conflits de race le facteur déterminant dans l'évolution des sociétés humaines.
Au nom de la "diversité", on entérine une sorte d'obsession de la race...C'est bien triste....
Je félicite le rédacteur de cet article qui a le courage...de bien poser le problème....

Dirty Harry
10/09/2020 à 12:17

Ce qu'on appelle "ouverture" en appliquant ce type de quotas est en réalité une fermeture : enfermer les gens dans leur race ou leur sexe et les assigner à cela jusqu'aux rôles qu'ils jouent. J'ai un plaisir énorme à voir des films coréens alors que ces gens ne me "représentent pas" (je m'en fiche mais à un point qu'ils doivent me "représenter" : un film n'est pas le parlement !). Je ne suis pas homosexuel mais Marcel Proust me touche par sa vision des rapports humains et sur la vision de la vie...Justement un comédien devrait être célébré pour sa crédibilité dans un rôle qu'il n'est pas dans la vie : assigner les gens à leur race ou orientation sexuelle est une régression et crée une standardisation de la société par cases....Un artiste ne doit pas obligatoirement "représenter la société" (sauf s'il est de l'école réaliste comme Flaubert, Caillebotte...) il peut nous proposer un monde neuf, loin de la réalité (Wagner , Van Gogh....) et justement : nous faire sortir des cases ! Ces idées bolcheviques sont délétères, hypocrites et en voulant rendre "justice" en consolident l'injustice initalie (ces bons points donnés par la maitresse d'école que sont les Oscars qui récompensent bien souvent surtout la mode du moment et pas l'immense travail accompli : Chaplin, Hitchcock, Kubrick n'ont pas eu d'oscars en leur temps pour leur travail de réalisateur)

fuck
10/09/2020 à 10:05

La tyrannie des minorités. Quand la majorité silencieuse va se réveiler, la Saint-Barthélémy à côté sera du pipi de chat.

Kastor
10/09/2020 à 07:22

Les seuls cas de règles à respecter dans la production d’œuvre d’art sous peine de sanction se trouve dans les régimes totalitaires
Nous remplaçons ici la gloire du despote par celle aux mille visages mais non moins tyrannique de la diversité
Gloire et prospérité !

Kyle Reese
09/09/2020 à 21:59

Ah les oscars, je suis content quand un film que j'ai apprécié gagne, même chose pour les comédiens. Je rage un peu quand ceux que j'apprécie ne gagne pas et quand ceux que je n'apprécie pas gagnent. Mais après tout, c'est tellement subjectif, je m'en fiche au final.
Maintenant que l’académie soit moins conservatrice et devienne plus ouverte c'est une bonne idée en soit, pas sur que ces soit disant règles apportent quoique ce soit ...
On verra bien.

Par contre le trophée du meilleurs comédien non genré pour l'ours de berlin je trouve ça idiot.
Ca limite le nombre de récompense.

Ethan
09/09/2020 à 20:00

Ces cérémonies sont incomprises. Bérénice Béjo pour the Artist n'a pas été nominée dans la catégorie meilleure actrice alors que franchement elle méritait!

Et c'est trop souvent les mêmes qui gagnent : Meryl Streep

Tom Cruise dont la filmographie est exceptionnelle a été nominée seulement deux fois.

alulu
09/09/2020 à 19:47

Il aurait pu en caster un vrai au lieu de se servir des FX pour l'homme invisible. C'est scandaleux, marre des inclusions de FX dans les films.

chr
09/09/2020 à 19:00

Par contre pour trouver Hulk, ils vont avoir du mal, sauf à faire un green face.

Plus