Harvey Weinstein est jugé coupable de viol et d'agression sexuelle, mais échappe quand même à la prison à vie

Harvey Weinstein ne repartira pas libre et dormira en cellule un moment. Une première victoire pour le mouvement #MeToo qui a libéralisé la parole des femmes.

Il n'avait déjà plus rien de L'Intouchable, Harvey Weinstein qui faisait la pluie et le beau temps à Hollywood depuis l'article d'octobre 2017 du New York Times rapportant les témoignagnes d'une douzaine de femmes, notamment Ashley Judd et Rose McGowan, qui accusaient le producteur d'harcèlement, d'agression sexuelle et de viol. De nombreuses autres femmes ont depuis pris la parole pour dénoncer à leur tour les agissements d'Harvey Weinstein, véritable secret de polichinelle, ou ceux d'autres hommes influents d'Hollywood.

L'affaire a ensuite dépassé l'industrie cinématographique pour s'implanter dans le débat public autour de la place des femmes et des violences à leur encontre. Le procès du producteur très médiatisé s'est ouvert il y a un peu plus d'un mois et représentait ainsi un enjeu majeur pour cette profonde remise en question de la société.

Extrait du documentaire de 2019, L'Intouchable, Harvey Weinstein d'Ursula MacFarlane

C'est donc une demi-victoire pour le droit des femmes, Weinstein ayant été reconnu coupable de viol et d'agression sexuelle par un jury de Manhattan composé de sept hommes et cinq femmes après cinq jours de délibération. S'il s'agit de la première condamnation post #MeToo, il a cependant été disculpé des accusations aggravantes de comportement sexuel "prédateur", qui lui aurait coûté la prison à vie et a décidé de faire appel. 

L'ancien producteur de 67 ans risque ainsi jusqu'à 25 ans de prison, mais il faudra attendre jusqu'au 11 mars pour que le juge James Burke de la Cour suprême de New York annonce sa sentence. Jusque-là, son placement en détention a été ordonné, malgré la demande de liberté surveillée de son avocat qui a invoqué en vain ses problèmes de santé.

Pour rappel, le procès s'est tenu sur l'accusation de deux femmes. La première, Mimi Haleyi, est une ancienne assistante de production et a témoigné d'un cunnilingus forcé en 2006 par Harvey Weinstein, ce qui lui valait d'être poursuivi et reconnu coupable d'agression sexuelle au premier degré (c'est-à-dire sous la contrainte).

Rose McGowan qui est une des premières a avoir accusé publiquement le producteur

La seconde, Jessica Mann, qui rêvait auparavant de devenir actrice, l'a accusé de la même chose en plus de deux viols en 2013, pour lesquels il était poursuivi pour deux chefs d'accusation : viol au premier degré, autrement dit avec violence, pour lequel il a été disculpé, et viol au troisième degré (sur une personne en incapacité de donner son consentement), pour lequel il sera bientôt condamné.

Le caractère "prédateur" sexuel de Weinstein pouvait également être établi d'après le témoignage de l'actrice Annabella Sciorra, dont l'agression est prescrite, mais qui n'a cependant pas été retenue par le jury. Il s'agit tout de même d'un grand pas en avant pour la cause féministe, surtout avec la discréditation honteuse des deux plaigantes, que l'avocat d'Harvey Weinstein a dépeint comme des femmes opportunistes, prêtes à céder aux pulsions sexuelles du producteur pour se faire une place dans le milieu. Accusé par plus de 80 femmes depuis que l'affaire a éclaté, la persona non grata numéro un d'Hollywood n'en a pas fini avec les tribunaux pour autant. Il devra répondre d'une autre inculpation annoncée en janvier dernier, cette fois-ci pour deux agressions sexuelles à Los Angeles.