Marc Gibaja (Ma vie n'est pas une comédie romantique)

Louisa Amara | 23 décembre 2007
Louisa Amara | 23 décembre 2007

Ma vie n'est pas une comédie romantique, mettant en scène Gilles Lellouche et Marie Gillain vient de sortir sur nos écrans et a du mal à trouver son public. Une situation bien triste tant ce premier film, drôle et touchant, mérite plus que le détour. Comme il n'y a pas que Will Smith en cette fin d'année, nous donnons la parole au réalisateur, Marc Gibaja en espérant que cet entretien vous donnera l'envie d'aller voir cette jolie comédie romantique.

 

 

 

Avant l'écriture de ce premier long-métrage, quel a été votre parcours artistique ?
J'ai fait beaucoup de choses différentes : du théâtre, de la BD, du théâtre de rue, des courts-métrages et puis La minute blonde  ... Ce long-métrage n'est pas le premier que j'écris... mais le troisième... Les deux précédents n'ont pas trouvé le financement nécessaire... Ils étaient, je crois, « trop étranges ».

 

 

Comment s'est passée l'écriture à 4 mains avec votre co-scénariste ? Certains personnages semblent assez autobiographiques...
Mon co-scénariste, Laurent Sarfati est mon meilleur ami depuis à peu près 33 ans, puisqu'on s'est connu sur les bancs du CP. Alors quand on travaille avec son meilleur ami, ça ne peut que bien se passer. On a trouvé un système d'écriture qui nous convient bien. On part s'isoler un mois quelque part et l'on revient avec un long-métrage... et des kilos en trop, parce que Laurent fait très bien à bouffer. Effectivement il y a une part autobiographique dans ce film. Laurent et moi avons connu les mêmes échecs que le personnage de Gilles Lellouche... On est retourné vivre chez nos parents après une déception amoureuse. Et puis pendant longtemps nous avons habité près du Chesnay, donc on connaît bien cette région. Et enfin, Laurent a été, pendant longtemps, testeur de jeux vidéo chez Joystick...

  

Quels sont les réalisateurs et les films qui vous ont marqué ? (Tous genres confondus)
Oh la, il faut savoir que je suis une vraie groupie en matière de cinéma... J'adore les réalisateurs ! J'ai vu absolument tous les films de Bergman, de Cassavetes, de Fellini, de Jarmusch,  de Lynch, de Woody Allen, de Scorsese, de Coppola, de Moretti, de Terry Gilliam, de Spielberg, de Cameron, de Sam Raimi, de Todd Solondz et en France de Bertrand Blier. Vous dire les films qui m'ont marqué, c'est vous dire les films que je préfère chez ces réalisateur... Alors par ordre d'apparition dans la liste ci-dessus, je dirais : Persona, Husbands, 8 et demi, Down By Law, Eraserhead, Manhattan, Taxi Driver, Apocalypse Now, Palombella Rossa, Brazil, Les Aventuriers de l'Arche Perdue, TerminatorEvil Dead 2, Happiness et... Buffet Froid.

 

 

Plusieurs films sont cités dans Ma vie n'est pas une comédie romantique, où s'arrête le clin d'œil et où commence la parodie (et vice versa) ?
C'était toute la difficulté de l'écriture. Où placer le curseur humoristique ? Je ne voulais pas faire une parodie de comédie romantique, à la ZAZ (Zucker Abraham Zucker), mais plutôt une comédie romantique qui parle des comédies romantiques, en rendant un hommage, peut-être parfois un peu trop appuyé, à ces films qui me font un bien fou, à chaque fois que je les regarde. Alors finalement, savoir où s'arrête le clin d'œil et où commence la parodie, c'est presque à vous de me le dire. 

 

Revenons sur le concept de l'amitié sexuelle cher à Florence (Marie Gillain) dans le film... Etait-ce en réaction à ce phénomène très à la mode chez les célibataires en ce moment ?
Non pas vraiment. C'est plutôt un type de relation que j'ai vécu et auquel je crois. Il me semble qu'aujourd'hui, le couple doit être réinventé. On ne peut plus se contenter du schéma traditionnel. Les mœurs ont évolué. On peut le regretter, mais nous sommes entrés dans une société où l'on « consomme » l'amour comme un hamburger. Alors, peut-être que la valeur-refuge de ces prochaines années sera l'amitié. Dans un autre scénario, j'ai fait dire à l'héroïne principale qu'aujourd'hui, pour faire un enfant, il fallait trouver un homme avec qui l'on s'entende bien après la séparation inévitable... Un ami de longue date pourrait alors très bien faire l'affaire...

 

 

Comment avez-vous choisi vos acteurs et quelle a été l'ambiance sur le tournage ?
Gilles Lellouche s'est imposé immédiatement. J'ai vu Ma vie en l'air, et je l'ai trouvé fantastique. Pour Marie Gillain, le processus a été plus long. Je la trouvais trop jeune pour le rôle... Mais en même temps, elle a une telle fraîcheur, un tel sourire que c'était la comédienne parfaite pour ce genre de film. On a tourné l'été 2006, et ce fut les plus belles vacances de ma vie. L'ambiance était assez exceptionnelle. On s'est tellement bien entendu que vers la fin du tournage, on a tous posé tout nu, toute l'équipe technique et tous les acteurs, pour créer une sorte de calendrier de tournage. Ca nous a fait un chouette souvenir...

 

Le film est sorti mercredi, quel a été l'accueil du public ? Quelles ont été vos impressions ? Avez-vous un message à transmettre ?
Je crois que le problème de ce film, c'est qu'il n'est pas complètement identifiable. Ce n'est pas une romance traditionnelle, et pas non plus une grosse comédie française. Le ton est assez particulier, me semble-t-il. Du coup, le film peine à trouver son public. Mais les gens qui le voient sortent très heureux de la projection. Et c'était finalement mon but. Je crois que le film est sincère, chaleureux, décalé et plutôt marrant... C'est du moins les retours que nous en avons. En ça, je suis très heureux... Evidemment, je serais encore plus heureux si les spectateurs se ruaient dans les salles... mais bon, c'est comme ça.
Je n'ai qu'un message à faire passer : allez le voir ! Si le film vous plaît, parlez-en autour de vous, et s'il ne vous plait pas... je vous laisserai une boîte mail où vous pourrez m'insulter.

 

 

Quels sont vos projets ?
J'écris énormément. Mon ordinateur est rempli de scénarii, de pièces de théâtre ou de romans. Si demain, le cinéma ne veut plus de moi, je retournerai au théâtre, et si le théâtre ne veut plus de moi, j'essaierai de publier des livres, et si les éditeurs ne veulent pas de moi, j'irai cultiver mon jardin en Ardèche... et si l'Ardèche ne veut pas de moi ben...

 

Propos recueillis par Louisa Amara.

 

 

 

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