Lisa Azuelos (Comme t'y es belle !)

Sandy Gillet | 9 décembre 2006
Sandy Gillet | 9 décembre 2006

Son nom ne vous dit peut-être rien mais Liza Azuelos est la réalisatrice et co-scénariste (avec Michael Lellouche et Hervé Mimran) de Comme t'y es belle ! Soit l'une des comédies à succès de l'année (plus d'un million d'entrées pour un film qui n'a pas bénéficié d'un tapage médiatique à la Bronzés 3 et autre Camping). Pour autant elle n'est pas novice dans le milieu. Son précédent scénario lui avait en effet déjà permit de briller, au moins indirectement, puisque le très finement écrit 15 Août, réalisé par son ex-mari Patrick Allessandrin, avait déjà réunit près d'un million et demi de spectateurs. La sortie du DVD aidant, elle a bien voulu se plier à nouveau et avec gentillesse au rituel de la promo. Morceaux choisis.

Il est rare de voir une réalisatrice faire la promo d'une sortie DVD.
Ah bon ?!!! C'est peut-être parce que c'est mon premier film et que je ne connais pas les us et coutumes dans la profession (sourires entendus, Ndlr.). Non mais sérieusement, c'est toujours un plaisir de parler de mon film et puis la sortie en DVD est pour moi aussi importante que celle en salles. Cela va peut-être me rapporter autant de personnes voire plus.

Justement vous attendiez-vous à un tel succès ?
Oui (votre serviteur un peu surpris !)
J'adore répondre cela… Cela surprend toujours et jette un blanc. Non mais j'avais l'impression en tout cas de faire quelque chose qui répondait à une attente au demeurant assez comblée en télé d'ailleurs avec des séries comme Desperate Housewives et Sex and the city.

Vous êtes public de ce genre de séries alors ?
Non je ne regarde pas la télé en fait… Mais bon, je sais que cela existe.

Mais du coup vous n'aimeriez pas en crée une ?
Oui j'aimerais bien mais ce n'est pas possible en France. C'est juste qu'aux Etats-Unis ils ont 250 millions de téléspectateurs potentiels avec les moyens qui vont avec. En France, la télé c'est la Tchétchénie avec une mentalité de fonctionnaires. Ceci dit je comprends les « décideurs » car leur cahier des charges n'est tout simplement pas le même qu'outre-atlantique.

Avec le succès de votre film, vous a t'on « poussé » à en réaliser une suite ?
Malheureusement je n'ai pas eu cette chance. La France est un pays de cinéma où il vaut mieux être autonome. J'aurais bien aimé être harcelé pour écrire et réaliser une suite. Si quelqu'un avait été prêt à mettre un peu d'argent sur la table et de me dire « allez on remet cela ! », je pense que j'aurais dit oui. Pas tout de suite certes. J'aurais voulu réaliser un autre film entre les deux histoire de couper un peu mais oui car j'ai aimé faire ce film avec ces actrices… Et puis c'est même quelque chose qui peut se décliner sous la forme d'une série justement…

J'ai lu par contre que vous avez écrit la suite de 15 Août qui s'intitule… 16 Août !
Oui Besson m'a demandé faire la suite de 15 Août. J'ai donc écrit le scénario mais finalement je ne vais pas le réaliser.

Je n'ai pas l'impression à vous écouter que le succès de votre film vous ait ouvert des portes ?
En France vous savez on ne vous propose rien, à personne, jamais. Il faut être autonome, se battre et sans cesse se bouger les fesses.


Je présume tout de même que côtoyer une personnalité comme Besson, qui au-delà de toutes les critiques est tout de même quelqu'un qui a donné sa chance à bon nombre de jeunes cinéastes, cela aide non ?
Besson est d'ailleurs bien le seul en France à travailler de la sorte mais c'est parce que avant d'être un producteur, c'est un artiste et en tant que tel il a une ouverture d'esprit que les autres n'ont pas. Moi encore une fois, j'ai la chance d'être autonome dans mes idées, dans ce que je propose et aujourd'hui j'ai en effet la possibilité d'aller voir les gens sans que l'on me ferme la porte au nez.

Quels sont donc vos projets actuellement ?
Là je suis en train d'écrire un film sur le monde des adolescents qui va s'appeler Lol.

L'expression qui vient du web pour dire « Lot of Laugh » ?
Oui. À l'instar de Comme t'y es belle ! je puise mon inspiration sur ce et ceux qui m'entourent et avec mes enfants je n'ai pas à aller la chercher bien loin. Le projet est même bien avancé car le tournage est prévu pour l'été 2007.

Au-delà de cette inspiration de proximité, le fait de réaliser Comme t'y es belle ! a-t'il procédé dès lors d'envies spécifiques ?
Clairement oui. J'avais envie de parler des femmes, des juifs, de la cuisine, de la tradition… Tous ces sujets qui sont finalement assez peu exploités au cinéma et qui me sont chers.

J'ai été étonné justement de voir dans votre film que la tradition ne s'oppose pas obligatoirement avec les clivages religieux ou ethniques. On est peu devant un conte de fées là non ?
J'avais évidemment la volonté de faire un « good movie » et je n'étais pas là pour stigmatiser des problèmes qui existent certes mais qui prennent la tête. En fait les problèmes je les évoque dans l'autre sens : le fait de voir par exemple qu'une juive et une arabe s'entendent bien, on se dit que c'est possible mais en même temps on sait aussi que la chose est très difficile. J'en ai marre en effet de voir que quand il y a un film sur les adolescents c'est obligatoirement pour les voir se droguer, être des délinquants, se suicider… J'ai l'impression qu'aujourd'hui on ne peut plus traiter des sujets avec cette grâce qui pouvait y avoir dans les années 70/80 quand le politiquement correct n'était pas aussi sclérosant…


Vous pensez à quels films en particulier ?
Tous ! Allez essayer de monter un film comme Les Aventures de Rabbi Jacob de nos jours. Accrochez-vous ! Allez essayer de monter Dupont Lajoie (le seul film sur le camping qui vaille en effet le coup d'être vu soit dit en passant, Ndlr.), bon courage ! Aujourd'hui on ne peut plus dire un arabe, on dit un « rebeu », pour dire un noir il faut dire un « black », quant aux juifs, il faut passer par la case « feuj »… Quelque part ce n'est pas anodin quand dans le langage de tous les jours on n'ose plus dire les choses telles qu'elles le sont. Pourtant c'est peu de dire que dans la vraie vie la plupart des arabes et des juifs cohabitent sans problèmes. Maintenant il y a peut-être 5% de cons chez les uns et les autres qui font qu'au final c'est la merde partout. Il suffit de pas grand chose pour que les gens s'entendent bien comme il ne suffit de rien non plus, pour qu'ils se foutent sur la gueule.

Les deux films que vous venez de me citer, c'est le cinéma qui vous ressemble ?
Oui comme j'adore me repasser les deux premiers Bronzés voire toute la série du Splendid. Des films comme Hôtel de la plage (de Michel Lang pour qui la postérité se souviendra surtout de son À nous les petites anglaises, Ndlr.), la série des Sous doués m'a aussi marqué pour sa liberté de ton que l'on ne retrouve plus du tout aujourd'hui. J'aime cet esprit un peu libre et frondeur des années 70/80 à la Viens chez moi j'habite chez une copine… Côté américain j'ai une évidente passion pour Woody Allen. J'aime voir à l'écran tout ce qui touche aux relations humaines. sans elles et même si je sais reconnaître les grands films, cela ne me parle pas plus que cela. Par exemple je ne suis pas fan d'Eastwood période cow-boy mais par contre son Sur La route de Madison me touche au plus haut point.

Pour terminer sur le DVD, quel est votre degré d'implication dans cette édition vu que pour vous cette sortie est aussi importante que la salle ?
On a fait des images sur le tournage que l'on retrouve montées sur le premier disque. Ceci était une initiative de ma part. Le reste c'est Wild Side, l'éditeur qui a géré les choses et je n'ai pas eu de droit de regard. Chose que je borderai totalement et bien en amont pour mon prochain film.

Autoportrait de Liza Azuelos qui en voyant le résultat fit le commentaire suivant : « c'est tout moi cette photo, schizophrène »

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