Olivia Bonamy & Michaël Cohen (Ils)

Vincent Julé | 18 juillet 2006
Vincent Julé | 18 juillet 2006

On ne peut pas dire que les acteurs principaux de Ils, Olivia Bonamy et Michaël Cohen, soient très bavards dans le film. Au mieux s'expriment-ils par cris d'horreur interposés. Il était donc logique et légitime d'aller à leur rencontre pour en apprendre un peu plus sur ce qui ressemble à tous points de vue à une vraie expérience d'acteurs. Interview croisée aussi décontractée dans la vie qu'ils étaient paniqués à l'écran.

 

 

 

Pour bien commencer, le sujet qui fâche, ta première incursion dans le genre et donc : Bloody Mallory.
Olivia Bonamy : C'est derrière moi maintenant. Ce fut une expérience, et surtout c'était un pari difficile. Et pour le coup, dans une économie de budget... dans une économie de beaucoup de choses à vrai dire. On s'est très vite rendu compte que ce film était difficilement réalisable et on s'est heurté à divers problèmes. Avant même le tournage d'ailleurs, puisque je n'ai eu que quinze jours de préparation physique pour intégrer toutes les chorégraphies. Même si je faisais moi-même un peu de kung-fu, je n'avais pas l'impression que l'on puisse être crédible. Surtout, lorsque l'on vous demande de faire des coups de pied circulaires avec un pantalon en combinaison de plongée et des bottes de 1,5 kg chacune. J'ai eu la nette impression que malgré une bonne idée de base, tout a été un peu chaotique. Maintenant, le film est ce qu'il est, il est rigolo et on s'est vraiment marré à la faire.

 

D'où vient ton attirance pour les films de genre ?
Olivia : En fait, je n'aime pas le cinéma d'horreur, les films gores, par contre je suis une férue des films d'ambiance. Shining de Kubrick et d'autres chefs d'œuvre absolus, certains Hitchcock aussi, il y a beaucoup de films qui fonctionnent sur la tension et la peur… ça, j'adore !

Michaël Cohen : Lorsque la peur est plus suggéré que montré.

 


 

Olivia : David Lynch aussi, même si c'est dans un autre cadre. Mais je n'étais vraiment pas une aficionados de tout ce qui était un peu gore. Petite, j'ai vu les Amityville et j'ai été complètement traumatisée. Ce ne sont donc pas les films que j'ai voir.

 

Donc, ce qui vous a plu à la lecture du scénario, c'est que la caméra se mette à votre niveau et à celui du spectateur.
Michaël : Exactement. Cela fait travailler l'imagination d'une manière assez incroyable et en lisant le scénario, moi-même j'avais peur, car je ne savais pas ce qui allait se passer. Le scénario décrivait des situations sans les expliquer. Il n'y avait pas le son, pas l'ambiance à proprement parlé, et pourtant… ces deux personnes seules dans leur maison face à un envahisseur, cela a fait appel à des peurs infantiles, primales, presque animales. 

Olivia : Moi c'est un peu pareil, c'est ce que je raconte toujours. Quand j'ai eu le scénar dans les mains, j'ai entamé la lecture tard le soir. Et à un moment donné, j'étais toute seule chez moi et j'ai préféré arrêter la lecture alors que d'habitude j'aime bien lire d'une traite. Mais là, j'étais vraiment mal à l'aise. J'ai alors compris à quel point le film allait fonctionner.

 

J'ai ouï dire que pour le casting, Michaël, tu as eu trente partenaires différentes.
Olivia : C'est chaud ! Quelle énergie.

Michaël : Quelle fougue ! Non, c'est-à-dire, ils m'ont choisi assez rapidement apparemment mais sans me le dire.

 


 

Ça veut dire que toi Olivia, tu n'as pas eu le droit aux trente partenaires ?
Olivia : Non moi, j'en ai eu qu'un.

Michaël : Ils m'ont demandé de donner la réplique a près d'une trentaine de jeunes comédiennes pour trouver le couple parfait. Cela m'a permis de rentrer vraiment dans le vif du sujet, de voir David et Xavier, les réalisateurs, travailler, et au final de s'adapter. Ce qui était intéressant aussi pour moi, c'était de voir qu'à chaque fois, on pouvait faire un film différent avec chaque comédienne. Les essais étaient très durs, des choses qu'on demande rarement en essai, jouer des scènes du film, et d'autres qui n'y étaient pas, plus improvisés. Ainsi, jouer la peur comme ça, tout de suite sur le moment, c'est très particulier et très difficile. Et c'est vrai qu'avec Olivia, il me semble qu'il s'est passé quelque chose d'évident entre nous. On se connaît bien et on s'aime beaucoup, ça a dû aider.

 

Ta carrière est plutôt récente. Ton premier film date de 2000.
Michaël : Non, non, j'ai fait d'autres choses avant. Beaucoup de théâtre, pendant plus de dix ans, et là depuis cinq ou six, il est vrai que je commence à avoir des rôles intéressants au cinéma.

 

J'ai même noté que t'as fait une apparition dans Sex and the City.

Olivia : Oui, je l'ai vu. (Rires.)

 


 

Michaël : Oui, mais je fais rien, je fais un mec qui ouvre une porte. Mais j'étais tellement fan de la série que j'ai dit à mon agent : « Ecoute, s'ils tournent à Paris, je veux faire n'importe quoi, même ouvrir une porte ». Et même pour ouvrir cette porte, ils on fait passé des essais à plein de comédiens. Au final, j'ai passé une journée entière avec Carrie Bradshaw. Elle était comme dans la série, c'était éclatant.

 

Par contre toi, Olivia, niveau expérience, j'ai lu que trois mois après la fin du tournage de Ils, tu avais des petits troubles de sommeil.
Olivia : C'est en effet la première fois que le tournage me poursuit ainsi après la fin du tournage. J'avais des troubles de sommeil, j'étais en état d'alerte, à guetter les choses, les bruits… et puis bizarrement je n'ai pas tout de suite associé ça au film. J'ai même consulté un docteur et il m'a dit que j'avais le syndrome du veilleur. J'ai trouvé ça charmant. C'est un peu passé maintenant, mais là à revoir des images, à faire ces interviews, il est fort possible que je passe une nuit un peu bizarre.

Michaël : Ce qui est bizarre, c'est que j'ai lu le scénario, j'ai tourné le film, et malgré tout, en le voyant en tant que spectateur, j'ai peur. C'est dire qu'il y a quelque chose qui est vraiment réussi dans l'écriture, dans la réalisation et peut-être dans ce qu'on a fait Olivia et moi. Il y a vraiment une réalité et une crédibilité.

 


 

Olivia : Moi, rien qu'en regardant le making of l'autre jour, j'ai dû sortir de la pièce tellement c'était fort. Cela m'avait remis dans le même état qu'à l'époque. C'était vraiment un tournage particulier.

Michaël : C'est rare au cinéma d'arriver à y croire si fort.

Olivia : Moi, j'ai mal pour elle, pour Clémentine …j'ai du mal à le redire avec des mots…c'est ce que disait Michaël tout à l'heure, ce sont des peurs primales.

Michaël : Et David et Xavier ont si bien digéré leurs références, qu'ils en sont arrivés à la forme la plus simple, la plus pure.

 

Au niveau des projets, vous en êtes où tous les deux ?
Michaël : J'ai un film qui sort au mois de décembre, Le héros de la famille, le deuxième long-métrage de Thierry Klifa avec Catherine Deneuve, Gérard Lanvin, Emmanuelle Béart, Miou-Miou, Géraldine Pailhas, Claude Brasseur…

 


 

Olivia : Et moi, je suis très contente, au mois de février 2007, je commence le tournage du prochain Olivier Marchal (36 Quai des orfèvres).

 

Qui s'appelle ?

Michaël : 37

Olivia : Quel humour ! (Rires.) C'est dans le ton de ce qu'il a déjà fait, avec Daniel Auteuil encore une fois.

 

Sinon pour l'anecdote, j'ai une question piège pour toi Michaël : Fanny Valette (avec qui il joue dans La petite Jérusalem, Ndlr.) ou Olivia Bonamy ?

Michaël : Oh non ! Je ne peux pas répondre à ça…! Y a pas de piège, Olivia c'est Olivia et Fanny Valette c'est Fanny Valette !

 

Propos recueillis et mis en forme par Vincent Julé.
Merci à Marjolaine Gout pour la retranscription.
Autoportraits par Olivia Bonamy et Michaël Cohen, avec les ratés dans la galerie ci-dessous.

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