Caroleen Feeney

Didier Verdurand | 13 septembre 2004
Didier Verdurand | 13 septembre 2004

L'une des interprètes principales de Duane Incarnate, en compétition au festival de Deauville, a la particularité d'être franco-américaine et d'avoir joué dans le premier film de Hal Salwen, Denise au téléphone. Caroleen Feeney, remarquée au dernier festival de Paris dans Happy Hour, avec Anthony La Plaglia et Eric Stolz, nous a rencontrés – et charmés – pour nous en dire un peu plus sur elle…

Vous avez essentiellement été dans des films indépendants !
Je voudrais me retrouver dans une grosse production seulement si cela m'offrait l'occasion de travailler avec des réalisateurs que j'admire. Il y a tellement de mauvais blockbusters que jouer dedans reviendrait à vendre mon âme. Être dans un film indépendant représente beaucoup pour moi, à chaque fois, car c'est une aventure extraordinaire dans laquelle je m'investis totalement. Il existe une intimité durant le tournage, il y a une collectivité et une camaraderie telles que je m'y sens bien. Le problème qui touche ce cinéma actuellement est que beaucoup de stars veulent faire des films indépendants pour y trouver une crédibilité. Le seul intérêt pour moi d'enchaîner quelques succès commerciaux serait justement de trouver plus facilement une qualité de travail chez les indépendants !

Les actrices déclarent souvent qu'il y a plus de rôles masculins que féminins…
Ça ne date pas d'hier, mais le problème supplémentaire qui se pose concerne l'âge. Je n'ai plus 25 ans et le choix est plus réduit pour une trentenaire. Je ne rentre pas dans ce jeu et refuse de vouloir toujours paraître jeune au point que cela devienne une obsession, comme chez des comédiennes à succès que je côtoie.

Et si le cinéma français vous tendait la main ?
J'adorerais ! Je me suis formée au théâtre à New York, San Francisco, et dans une moindre mesure à Londres, donc il était naturel que je commence ma carrière dans le cinéma américain. Je suis à un stade aux États-Unis où je dois me battre pour chaque rôle, donc il m'est impossible de tout laisser tomber un moment, le temps d'aller tenter ma chance en France où je ne connais personne. Mon réseau américain ne s'est pas fait du jour au lendemain, et aujourd'hui je ne suis jamais inactive, je fais du théâtre quand je n'arrive pas à trouver un bon rôle.

Vous arrivez à voir des films français ?
Tous ceux qui passent la frontière. Leur accès est plus facile à New York. Sinon j'essaie d'en voir le plus possible quand je suis en France.

Quelle est votre comédienne française préférée ?
Isabelle Huppert. J'ai aussi une sensibilité qui me rapproche du cinéma d'auteur.

Et le réalisateur avec qui vous rêvez de tourner ?
Jean-Pierre Jeunet, qui m'avait bouleversée avec La Cité des enfants perdus.

Dans votre filmographie se trouve Los Angeles 2013. Racontez nous votre expérience avec John Carpenter !
Au départ, je devais avoir un petit rôle dans 2 scènes ½, et finalement je n'ai fait qu'une apparition ! Le tournage de Los Angeles 2013 a duré des mois, de nuit. Je pensais être engagée pour une semaine, et à cause de la pluie j'y suis restée trois fois plus longtemps. Je rentrais le soir chez moi sans avoir pu travailler ! Cette expérience a été étonnante car, le budget étant d'environ 50 millions de dollars, je découvrais un nouveau monde dans lequel il y avait assistants, chauffeurs et argent, car j'étais plus payée à ne quasiment rien faire alors que sur un film indépendant, c'est le contraire. John Carpenter était sur une plateforme dans l'air et donnait des directives grâce à un haut-parleur : « Chérie, mets-toi un peu plus sur la gauche ! Non, baby, à droite ! Bien ma belle ! » Bref, rien à voir avec un tournage new-yorkais où on se retrouve à moitié nue derrière une voiture pour se changer entre deux scènes !

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