Lambert Wilson

Didier Verdurand | 8 septembre 2004
Didier Verdurand | 8 septembre 2004

Lambert Wilson se prête à Deauville au jeu des tables rondes, c'est-à-dire des discussions avec quelques journalistes (en l'occurrence, nous étions six). Malgré la mauvaise et au final injuste réputation qui poursuit Catwoman, Lambert a parlé sans langue de bois de sa dernière expérience hollywoodienne.

Les divas
Sharon stone est un archétype des années 80/90 assumant jusqu'au bout le jeu de la séduction, ménageant ses effets, très intelligente. Halle Berry est très XXIème siècle, dans le sens où elle vient sur un plateau pour travailler. Il n'y a pas eu de confrontation entre ces deux écoles, du moins pour ce que j'en ai vu, car je n'ai que deux scènes avec Halle et Sharon en même temps, dont une où je ne suis que simple observateur (ceux qui auront vu Catwoman comprendront…). Il y a tout de même une façon plus simple pour Halle de rentrer sur un plateau que Sharon, qui arrive comme un ouragan.

Rêve Américain
J'ai voulu devenir bilingue parce que j'adorais le cinéma américain, dans lequel j'avais déjà fait des incursions, mais dans des petits films (XXX avec Brooke Shields par exemple) sans succès... Le théâtre m'a aussi emmené là-bas, mais ce sont les Matrix qui m'ont reconnecté à ce vieux rêve. On ne peut pas lutter contre les désirs archaïques qui sommeillent au plus profond de nous-même.

Méchant Français
Warner m'a tout naturellement offert ce rôle dans Catwoman après le triomphe de Matrix Reloaded, produit par le même studio. La récompense fut immédiate et j'en fus très honoré. D'un autre côté, je suis bien conscient qu'il va désormais falloir varier les rôles car pour un acteur français, il y a deux types de personnages : le méchant ou le cuisinier à moustache ! Je ne considère pas l'option des séducteurs à la Olivier Martinez dans Infidèle, pour montrer mes pectoraux. Le problème principal des français résident surtout dans la langue anglaise et ses accents.

Seuls au Monde
Un chiffre me terrifie : 7% des américains possèdent un passeport ! J'ai eu cette sensation en restant si longtemps à Los Angeles que les américains n'ont pas besoin du reste du monde, ils sont heureux dans leur bulle et ont peur de ce qui vient de l'extérieur.

Plan de carrière
J'ai réussi en France à sortir des rôles sophistiqués dans lesquels on voulait m'enfermer. On m'offre aujourd'hui toutes sortes de rôles et il n'y a pas de raisons que je n'arrive pas à la même situation aux Etats-Unis, tout en étant bien conscient des limites. Il faut apprendre à réduire ses aspirations et ne pas s'enfermer dans un genre. Je n'arrêterai pas de faire un Colette après un Matrix, même si vous gagnez en prestige après avoir joué dans une grosse production américaine, essentiellement à cause des médias d'ailleurs, qui parlent de ce qui se vend le plus, donc les films américains, distribués partout sur la planète... Pour moi, les frères Wachowski sont de brillants auteurs au même titre qu'Alain Resnais. Je me suis concentré jusqu'à présent à pénétrer le cinéma hollywoodien sans avoir malheureusement de contact avec le cinéma indépendant qui est surtout présent à New York. J'hésite d'ailleurs à accepter une pièce de théâtre là-bas et en profiter pour me faire des contacts. Je ne veux pas me cantonner au cinéma des Majors, même dans mes pires cauchemars je ne voudrais pas avoir la vie de Tom Cruise.

Prisonnier du système
Heureusement, aux Etats-Unis, il est beaucoup plus facile de passer des essais pour un rôle qu'en France. Et ce, à tous les niveaux de notoriété. En France, c'est une calamité quand vous êtes célèbre pour passer des auditions pour des rôles auxquels vous n'êtes pas forcément déstinés. Je me suis retrouvé ainsi dans Prisonniers du temps de Richard Donner à jouer un chevalier qui se battait comme une brute dans la boue ! Le résultat est une grosse daube mais on ne s'en doutait pas à ce moment-là !

Tout savoir sur Catwoman

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