Greg Kinnear

Didier Verdurand | 31 août 2004
Didier Verdurand | 31 août 2004

Peu connu en France, Greg Kinnear a pourtant de belles références dans son CV. Si le remake de Sabrina, réalisé par Sydney Pollack en 1995, n'a pas laissé de traces impérissables, Pour le pire et le meilleur lui a offert une nomination méritée aux oscars, dans la catégorie Meilleur Second Rôle. Mais c'est peut-être avec la comédie noire de Neil LaBute, Nurse Betty, qu'il marquera le plus les esprits, dans le fameux rôle du docteur David Ravell, qui rend littéralement hystérique Renée Zellweger. Aujourd'hui, il nous épate dans Deux en un des frères Farrelly, avec Matt Damon pour jumeau siamois. Tout seul comme un grand, il a répondu avec la plus grande courtoisie à nos questions.

Quelle a été votre première réaction en lisant le scénario ?
J'en avais déjà entendu parler avant de le lire. L'idée même du concept m'avait pour le moins intrigué, pour ne pas dire estomaché ! En le lisant, je me suis rapidement rendu compte à quel point Peter et Bobby Farrelly aimaient ces personnages. Ce ne sont pas des victimes, ce sont des vainqueurs ! On peut penser ce que l'on veut des comédies réalisées par les Farrelly, mais personne ne peut critiquer leur indéniable originalité, et j'ai vraiment été attiré justement par ce côté « jamais vu ». Il y a également une innocence assez étrangère à ce que l'on peut trouver à Hollywood, généralement.

Vous connaissiez Matt Damon avant de vous engager dans cette aventure ?
Je l'avais rencontré brièvement à New York en 1997, lorsque Will hunting et Pour le pire et le meilleur étaient nominés dans plusieurs catégories au National Board of review (organisme réputé composé d'enseignants, d'écrivains, d'acteurs et de producteurs, Ndlr). J'ai passé quelques coups de fil quand j'ai su que j'allais être collé à lui pendant quelques semaines, pour en savoir plus sur lui, et il en a fait autant ! Matt est très respecté, et pas seulement comme acteur.

Le maquillage devait être pour le moins gênant !
Je ne m'attendais pas à une telle préparation, à vrai dire... Je pensais qu'il fallait juste coller une prothèse et puis voilà ! La réalité était beaucoup plus complexe. Les maquilleurs ont fait un boulot extraordinaire. Il fallait commencer à 3 heures du matin pour être prêts à tourner dans l'après-midi, lorsque la prothèse qui me lie à Matt est visible à l'écran. Heureusement, tout ce manège était plus rapide lorsque nous étions habillés ! Bien entendu, nous sommes devenus très intimes, du fait que nous écoutions les conversations de l'autre au téléphone, aussi bien avec des professionnels qu'avec des proches... Nous pouvions nous dire : « Dis bonjour à ton père de ma part ! » Lorsque je me disputais avec ma femme, Matt prenait son parti !

Ce n'était pas intime au point d'avoir des relations sexuelles comme dans le film ?
Si, c'est arrivé !

(bouche bée)
(rires.) Non !!

Est-ce que vous envisagez de jouer un double dans un tournoi de tennis ?
Heu... Ça serait assez difficile. Nous nous sommes entrainés sur le court de tennis de Carrie Fisher, une amie des Farrelly, avant le tournage, pour assurer un minimum, mais de là à jouer un vrai tournoi... (rires.) Nous allons éviter !

Vos meilleurs films sont des comédies dramatiques...
C'est vrai que je suis intéressé par les drames comiques, ou les comédies dramatiques, pour la simple raison que dans ma propre vie, j'ai eu des expériences marquantes qui mêlent les deux genres. Mais je suis attiré par toutes sortes de film, et je viens d'en terminer un, très sérieux, avec Robert De Niro (Godsend qui a, depuis, quitté les écrans aussi vite qu'il y est arrivé, Ndlr).

Est-ce que votre nomination à l'oscar a changé votre carrière ?
J'ai été reconnu par mes pairs. Mais le plus important avec Pour le pire et le meilleur est la fierté que j'ai d'y avoir participé. Il n'est pas évident, malgré toute la bonne volonté du monde, d'être satisfait du résultat final après un tournage, et en l'occurrence, avec ce formidable film de James L. Brooks, j'étais très heureux.

Votre père était diplomate. C'est de lui que vous tenez vos talents de comédien ?
Je ne sais pas, mais j'ai souvent déménagé dans ma jeunesse, du fait que mon père était muté dans différents pays. Vous rencontrez un nombre incroyable de personnes différentes, et cela influe sur votre sens d'observation, ce qui est important dans la préparation d'un rôle, et votre manière de l'interpréter. Peut-être que si j'étais resté au même endroit toute mon enfance, j'aurai fini comme vendeur de voitures !

Avez-vous rencontré des fans cinglés comme Betty dans Nurse Betty ?
Plus quand je travaillais à la télévision. Quand vous rentrez régulièrement dans le salon d'un téléspectateur, tel jour à telle heure, certains peuvent perdre la notion de réalité. Nous ne connaissons pas ce problème avec le cinéma, et je n'ai jamais eu de malheureuses expériences. Les gens qui ne m'aiment pas se sont bien gardés de me le dire !

(Propos recueillis par Didier Verdurand en décembre 2003)

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