Moi, moche et méchant 3 : peut-on encore chier sur Les Minions ?

Ils sont partout. En trois films et un spin-off, ils ont envahi notre quotidien. Des écrans de cinéma en passant les devantures de kiosque, emballages de bonbons, photomatons, fournitures scolaires, baskets cartables et autres joyeusetés dérivées, les Minions ont investi notre monde, avec un succès qui semble toujours s’amplifier.

Alors que des trillions d’enfants, de trentenaires à la dérives ou de parents inconscients adulent ces abominations jaunâtres, une question essentielle se pose. Peut-on encore chier sur les Minions ?

Au mitard les Minions ! 

LES RACINES DU MAL

Apparus dans Moi, Moche et Méchant en 2010,  les Minions sont de petites créatures accompagnant Gru, l’anti-héros de la franchise. De couleur jaunes, ils sont généralement surexcités, très bruyants et incapables d’articuler correctement (le réalisateur Pierre Coffin les double). Sorte de décalque des Lapins Crétins, la création d’Ubisoft, leur succès et les ventes de produits estampillés Minions furent tels, que les cyclopes nains eurent même droit à un film dédié.

Les Minions fut appréhendé par la presse pour ce qu’il était, à savoir un triste colombin numérique. Une opinion partagée par nombre de spectateurs. Et pourtant, il aura rassemblé dans les salles obscures françaises 6 236 868 spectateurs, et rapporté plus de 330 millions de dollars, rien que sur le territoire américain. Au final : 1, 159 milliard au box-office, soit le plus grand succès de la franchise à ce jour.

 Une certaine idée de l'enfer

Au vu des insuccès de plusieurs blockbusters et du semblant de lassitude que paraît exprimer une partie du public (Pirates des Caraïbes, Transformers, La Momie, Alien : Covenant n’ont pas aussi bien marché qu’espéré), on pouvait espérer que Moi, Moche et Méchant 3 se prenne un bon gadin au box-office. Las, le film vient de réaliser le meilleur démarrage de 2017 sur le sol hexagonal et a rapporté plus de 130 millions de dollars à peine 72 heures après sa sortie sur le territoire américain. Et que le film soit de loin le plus naze de la trilogie n’y a rien changé.

Se taire n’est plus possible : il convient désormais de révéler au monde la vérité nue et d’expliquer enfin pourquoi Les Minions, ça craint du pâté.

ON LES DETESTE TOUS

Inutile de vous mentir, ou d’essayer de protéger vos arrières en nous laissant un commentaire bourré de fautes de syntaxe. Vous ne pouvez pas blairer ces pygmées manifestement victimes de défaillance hépatique chronique. C’est un secret de polichinelle. Si vos enfants feignent d’aimer Les Minions, c’est justement pour vous mettre à l’épreuve.

Enfin le naufrage ? 

Quiconque a déjà passé plus de vingt minutes avec un enfant humain le sait : les marmots, en plus d’être très sales, sont des colonnes de perversité indomptables. Bien sûr qu’ils ne peuvent pas blairer ces machins jaunes, gueulards, stupides et hyperactifs. Ils ne réclament leur dose de Minions que pour faire souffrir et appauvrir leurs parents. C’est évident. Regardez leurs yeux bordel.

Quant à leurs naïfs géniteurs, craignant d’être pointés du doigt par la communauté s’ils ne se cassent pas en quatre pour satisfaire le petit dernier, redoutant d’être identifiés comme de mauvais parents, ils sont prêts à s’infliger les pires sévices pour que leurs mômes paraissent heureux à la vieille voisine colle-aux-carreaux.

Foutus hippies 

Par conséquent, quasiment aucun n’ose regarder ses petits bien en face, et leur expliquer que Les Minions sont aussi divertissants qu’une bonne descente d’organes après une messe des rameaux en latin.

Mais Ecran Large est là pour vous mesdames et messieurs. N’ayez pas peur de parler ici. On le sait bien que vous n’en pouvez plus de ces saletés.

FRANCHEMENT. C’EST NUL

Le phénomène qui entoure Les Minions serait bien plus aisément supportable si, comme Shrek, Toy Story et consorts, il était issu d’un bon film. Moi, Moche et Méchant n’a jamais été qu’une tentative bien pétée de surfer à la fois sur la vague super-héroïque, sur l’humour un peu méta qui donne à un paquet de gens l’illusion d’avoir un cerveau, tout en profitant du phénoménal travail accompli par Pixar, afin d’en manger les miettes.

On aurait bien aimé que ce soit drôle et tout hein. Mais même toi qui a claqué quelques centaines d’euros dans la franchise (bah oui, avec tes marmots, leurs petits cousins et le meilleur copain à emmener au cinéma, ça chiffre vite), admets que la seule chose qui t’a franchement fait rire pendant toutes ces séances, c’est quand le petit Kevin est tombé dans les escaliers et que son appareil dentaire lui a percé le palais, occasionnant ce délicieux zozotement qui lui a fait passer un reposant vœu de silence.

LAISSEZ ILLUMINATION FAIRE AUTRE CHOSE. MERDE

Comme en témoigne leur succès délirant à travers le monde, les gens d’Illumination, la filiale animée d’Universal, sont sacrément doués et savent parler au public. Le problème, c’est que la réussite internationale des Minions leur interdit virtuellement de transformer leur formule et de changer leur fusil d’épaule.

Le succès de Moi, Moche et Méchant 3 appelle évidemment un quatrième épisode (quasi annoncé à la fin), tandis que Les Minions 2 est déjà en production, avec une date de sortie prévue pour 2020. De même, leurs autres créations, de Comme des bêtes à Tous en scène (également des succès en salles), souffrent d’une fabrication qu’on sent calquée, en termes d’écriture et de design, sur celle de Moi, Moche et Méchant.

En effet, quand on a trouvé une poule aux œufs d’or aussi puissante, on serait fou de l’abandonner ou la métamorphoser. Et c’est d’autant plus terrible que ce panzer commercial occupe un des plus éclatants talents français, à savoir Pierre Coffin, frenchy légitimement adulé pour sa création jaune. Vu le talent du monsieur, on aimerait bien que vous arrêtiez de dépenser vos sous pour aller voir Les Minions, qu’il puisse passer à autre chose et nous surprendre.

Vous l’aurez compris (et au fond de vous, vous le saviez) : non seulement on peut encore chier sauvagement sur les monstrueux Minions, mais plus que jamais, alors que notre pays est au bord du précipice, c’est un devoir.

Les Minions en marche vers le succès