Blair Witch : pourquoi la suite du film culte est-elle un échec ?

Jacques-Henry Poucave | 21 septembre 2016
Jacques-Henry Poucave | 21 septembre 2016

Tout indique que le nouveau Blair Witch ne sera pas un succès. Si son budget modeste n’en fera pas un four financier, il y a fort à douter que le projet donne naissance aux suites espérées par ses producteurs. Pourquoi ce nouveau chapitre de la saga s’est-il planté ?

20 ans après sa sortie dans le monde entier, il y a toujours des spectateurs sceptiques pour taper sur Le Projet Blair Witch. Mais une chose est certaine, c’est le métrage qui a démocratisé un cinéma en vision subjective, rapidement appelé found footage, transformant radicalement l’esthétique et la narration du genre pour une nouvelle génération de spectateurs.

Après un Blair Witch 2 (exagérément) détesté, voici donc venir une suite en forme de remake. Mais pourquoi cette prolongation d’un classique n’a-t-elle pas trouvé son public ?

 

 

Le syndrome Resurgence ?

Roland Emmerich l’a douloureusement compris cet été : personne ne veut voir de suite après deux décennies d’attente. Non seulement parce qu’une grande partie des fans perçoit le procédé comme opportuniste et uniquement mercantile, mais aussi parce que le jeune public n’est pas ou plus connecté avec l’identité de la franchise en question.

Il en va de même pour Blair Witch. Non seulement les vieux fans ne voient pas nécessairement l’intérêt de reproduire leur madeleine de Proust à l’identique, mais pour les plus jeunes, il s'agit uniquement d'un produit comme les écrans en accueillent chaque année des dizaines et que rien ne vient distinguer du tout venant.

 

Photo Callie Hernandez

 

La fin du found footage ?

Le Projet Blair Witch a fait découvrir au monde entier les qualités immersives du procédé, défriché par Cannibal Holocaust en 1981. S’en est suivi un raz-de-marée de productions à destination du jeune public, dont les produits Paranormal Activity furent l’exemple le plus rentable.

Mais à force de copies désincarnées, d’absence d’idées, d’interprétation désastreuse et de sur-représentation à l’écran, le genre s’est totalement vidé de sa substance. Et aujourd’hui quand Blair Witch arrive, personne ne croit sérieusement que le film soit capable de réinventer une forme qui paraît complètement desséchée et trop cynique.

 

Photo Callie Hernandez, James Allen McCune

 

Pas une franchise ?

La question se pose. Une des grandes forces du film originel était sa mythologie ouverte. Vrai film fantastique ? Récit d’une descente aux enfers ? Film d’horreur sur la sorcellerie ? Création de petits malin ? Si aucune de ces théories ne s’exclut, il est paradoxalement impossible d’y répondre sans détruire simultanément ce qui fait l’intérêt de Blair Witch, à savoir sa nature insaisissable et volatile.

Comme l’a prouvé la réception de Blair Witch 2 et le peu d’enthousiasme autour de cette séquelle, de toute évidence, le public ne l’attendait pas. Peut-être tout simplement parce que cet univers ne se prête pas à la franchisation. Adam Wingard et son Blair Witch 2016 se gardent d’ailleurs bien de développer la mythologie du premier film, sans doute conscient que le matériau d’origine ne se prête pas facilement à la déclinaison.

 

Photo

 

Hara Kiri marketing ?

Sur le papier, la promo « sous-marin » du métrage était plutôt bien vue et permettait à la production d’avancer ses billes, de créer l’attente autour d’un projet sans en dévoiler la véritable nature. Précédé d’échos positifs, réalisé par Adam Wingard (réalisateur dont la hype semble de plus en plus disproportionnée), The Woods attise la curiosité et se transforme logiquement en évènement quand le marketing dévoile qu’il s’agit en fait de la suite du Projet Blair Witch.

Problème il n’y alors plus que deux mois pour assurer au film une véritable visibilité. Un délai bien trop court pour raccrocher les wagons entre fans sceptiques, nouveaux spectateurs qui s’en tapent ou frange du public passée à côté du barouf promotionnel.

S’ajoute à cela la difficulté de définir clairement le film, mi-suite mi-remake. Ajoutons à cela des critiques glaciales venues des Etats-Unis et on obtient un cocktail qui aura empêché la production d’exciter véritablement les cinéphiles.

Photo Callie Hernandez

 

Carton plein sur le papier, Blair Witch n’aura pas atteint ses objectifs, subissant un démarrage encore plus faible que Blair Witch 2. Et si ses coûts de production modestes ne devraient pas empêcher le studio de rentrer rapidement dans ses frais, notamment grâce aux entrées à l’international, l’avenir de la saga semble perdu, quelque part au fond des bois de Blair.

 

Affiche

 

 

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commentaires
Geoffrey Crété - Rédaction
22/09/2016 à 21:25

@cepheide

Notre critique est en lien sur la fiche du film.

http://www.ecranlarge.com/films/955933-blair-witch/critiques

cepheide
22/09/2016 à 18:25

mais le film, en dehors des considerations mercantiles, est il simplement bon ?

nimbari
22/09/2016 à 16:46

Même échec est un terme un peu trop fort, je dirait plutôt déception et encore, le studio savait bien que le carton du premier était du à l'énorme buzz sur internet, un truc impossible à reproduire, je pense qu'ils s'attendaient dès le départ à un succès moindre pour cette suite. La rentabilité du film sera quand même supérieure à la plupart des films qui sortent actuellement.

Chris MacNeil
22/09/2016 à 10:09

@Paehon

Merci, je connais ces chiffres. C'est pour ça que je ne nie pas "échec", mais que je réagis au terme "bide". Un bide, ce n'est pas un film qui rembourse largement son budget en quelques jours. Y'a des nuances dans les échecs.

Paehon
22/09/2016 à 08:59

@Chris MacNeil

Le premier film a coûte entre 50 000 et 75 000 dollars, et il en a rapportés 250 millions. Donc pour eux ça restera un échec même si c'est de l'argent "facile".

Chris MacNeil
21/09/2016 à 18:22

@Naam

"Echec", en l'occurrence, c'est quand on le compare aux films sur le même créneau, et son démarrage aux US où il n'était pas en première place (comme Don't Breathe récemment par ex). Mais le film a déjà remboursé son budget en quelques jours (15 millions de recettes, 5 millions de budget ; et il sa carrière n'est pas finie), donc c'est tout sauf un "bide".

Naam'
21/09/2016 à 18:14

@Y Boy ...Je ne fais que donner mon point de vue sur cette suite ... pourquoi c'est elle planté ? Parce que c'est un calque de l'original sans apport scénaristique supplémentaire... et donc si le 1er se suffisait, il ne fallait pas produire de suite et de se demander "putain, pourquoi ça marche pas?", c'tout ... Maintenant, je pense que la piste de développement des auteurs d'origine pour un autre opus était la plus intéressante .. mais comme d'habitude, Hollywood a préféré nous resservir la même soupe donc faut pas qu'il s'étonne du bide... et comme tu dis, Nanar suivant ! ;),

Bibi
21/09/2016 à 17:20

On veut des vraies suites !

Y Boy
21/09/2016 à 17:18

Une mythologie ? Quelle mythologie ? Comme précisé dans l'article, le premier Blair Witch se suffisait à lui-même. Nanar suivant !

Naamlock
21/09/2016 à 16:51

Parce que les gens en ont plein le cul des fausses suites/vrai remake ... S'ils avaient été couillus, ils auraient fait avancer la mythologie mais à priori, c'est pas le cas donc, aucun intérêt.