Branchage Film Festival - J2

Lucile Bellan | 4 octobre 2009
Lucile Bellan | 4 octobre 2009

Deuxième et déjà dernier jour pour votre envoyée spéciale, troisième et avant-dernier jour pour le festival. Pour cette seconde édition, Ecran Large propose donc plus de tâter le terrain avant peut-être de revenir l'année prochaine pour suivre avec énergie les quatre jours complets du Branchage Film Festival. En attendant, et après une matinée à visiter un peu la belle ville de Saint Hallier (le temps aussi de remarquer que culturellement la ville propose à ses habitants et aux voyageurs de passage, un nombre impressionnant de festivals et activités en tous genres tout au long de l'année), c'est donc avec Le donk, le nouveau film de Shane Meadows, que cette journée de cinéma s'ouvre.

 

 

 

Le Donk de Shane Meadows (Royaume-Uni, 2009)

Alors qu'on le connaissait attaché au regard social qu'il porte sur son Angleterre natale, avec This is England par exemple, et qui lui vaut d'être comparé à Ken Loach ou encore Mike Leigh, Shane Meadows sort des sentiers battus avec Le Donk, chronique humoristique tournée en 5 jours sur un personnage aussi haut en couleurs que profondément crétin. Pour incarner le fameux Donk, un roadie qui rêve de gloire, le réalisateur choisit un de ses acteurs fétiche : Paddy Considine. Et c'est par la forme d'un faux documentaire, dirigé par Meadows himself, que le film prend son sens. L'acteur et le réalisateur y dévoilent toute leur complicité au travers d'un éclat de rire, d'une réflexion déplacée et complètement hors contexte. La force de Le Donk, le film comme le personnage, c'est sa naïveté renversante et son honnêteté, impossible donc de ne pas adhérer à 100 % aux tribulations de ce personnage. A noter que la présence de Scor-Zay-Zee, le rappeur qui accompagne Le Donk est juste désopilant et aussi chapeau aux Artic Monkeys qui prêtent leur scène et leur image.

 

Le temps n'étant pas à la fête, plus question de déambuler dans les rues. A la place, il est temps de commencer à se préparer pour la longue nuit de ce soir avec la soirée « Branchage in the asylum » dont la durée court de 19h à 1h du matin. C'est dans ce charmant lieu qu'est le Live Lounge (au décor rock qui a du en voir de belles) que s'enchaînent toute la nuit concerts et documentaires sur la musique entre rock et electro-pop.

 

 

 

Soulwax : Part of the Weekend Never Dies de Saam Farahmand (Royaume-Uni, 2008)

Sorti en DVD à la fin de la tournée mondiale de Soulwax fin 2008, ce documentaire retrace à la fois la tournée « Part of the Weekend Never Dies » mais revient aussi sur l'influence considérable du groupe sur les nouveaux DJs ainsi que les relations qu'entretiennent les différents membres du groupe. Alternant les scènes de concert explosives et électriques aux quatre coins du monde et interviews, c'est un groupe majeur que l'on découvre sous un nouveau jour. Impossible après de ne pas faire le rapprochement avec les petits nouveaux (comme Justice) qui concilient attitude de rockstar et vie à 100 à l'heure... ils leur ont tout pompé !

 

Pour respirer un peu, et dans la lignée de tout le festival qui propose à chaque début de séance un mini-concert, c'est au tour de Brobots de faire son entrée en scène. Ce groupe local d'electro-pop assume complètement son style « à la Daft Punk » et sait mettre le feu à la salle quand il le faut. Tout est fait pour nous faire retomber en enfance (mais sous acides) avec ces sons aigus de jeux vidéo, ces voix venues de l'espace et ces costumes à tomber par terre. Pas de doute, les Brobots (et leurs groupies), c'est quelque chose.

 

Juste le temps de démonter « les instruments » et de virer la table à repasser qui sert à poser les synthés que le documentaire All Tomorrow's Parties commence, ça tombait bien, je l'attendait avec impatience.

 

 

 

All Tomorrow's Parties de All Tomorrow's People et Jonathan Caouette (UK/US, 2009)

Quelle gymnastique du cerveau que de regarder All tomorrow's parties ! Composé de scènes filmées (par diverses personnes dont Jonathan Caouette et Vincent Moon) pendant plus de 10 ans d'un festival de musique anglais indépendant, ce documentaire est en soit un document inestimable. Mélange d'époques, de retours en arrière, de scènes live qu'on devine cultes pour ceux qui ont la chance d'y participer, ce film est aussi une compilation de morceaux magiques de groupes aussi éclectiques que très bons (Sonic Youth, Belle & Sebastian, Patti Smith, Animal Collective, Mogwai, The Gossip, j'en passe et des meilleurs). Difficile alors de réussir l'immersion totale dans ces moments d'émotion qui nous échappent, dans ces morceaux de musique grandiose mais tronqués. Malgré tout, All Tomorrow's Parties reste un témoignage hallucinant autant qu'un apport intéressant à la problématique de la musique live au cinéma.

 

 

 

Dans l'ambiance électrique qui règne au Live Lounge, il ne me reste qu'à me retirer. Le festival se termine donc là pour cette année. Laissant dans la bouche comme un petit goût de « reviens-y », je pense très certainement retenter l'expérience Branchage sur une plus longue période l'année prochaine. Comme remarqué sur le programme, c'est effectivement dans une ambiance bon enfant mais un peu fouillis que se cachent de véritables pépites pour un festival qui ose avec un naturel déconcertant mélanger les genres et les arts. Pour accueillir une telle orgie des sens, il n'en fallait pas moins que cette belle île de Jersey et principalement la ville de Saint Hallier. C'est la bonne humeur qui y règne, la convivialité et l'art de vivre de ces gens qui donnent tout son sel à ce Branchage Film Festival. Je n'ai qu'un mot à dire en guise de conclusion : si vous passez par là, ne le ratez pas !

 

 


 

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