Après Babylon, les cinq films à (re)voir absolument

La Rédaction | 6 février 2023
La Rédaction | 6 février 2023

Babylon, avec Brad Pitt et Margot Robbie, est l'un des films les plus marquants de ce début d'année. L'occasion de recommander cinq autres films du même genre à voir absolument.

Oui, Babylon est un énorme bide au box-office, et une douche froide pour Damien Chazelle après le succès phénoménal de La La Land. Avec un budget de 80 millions (hors marketing) et environ 40 millions au box-office, le film porté par Brad Pitt, Margot Robbie et Diego Calva restera dans l'histoire récente comme un petit fiasco.

Mais Babylon divise, nourrit de riches débats, et même chez Ecran Large personne n'est d'accord (comme d'hab). C'est donc la preuve que le film mérite l'attention, et sera certainement redécouvert et réévalué dans les prochains années.

D'ici là, on en profite pour conseiller quelques films évidents à (re)voir après Babylon

 

 

CHANTONS SOUS LA PLUIE

Sortie : 1952 - Durée : 1h43

 

Chantons sous la pluie : photo, Gene KellyOn ne s'en lasse pas

 

Le cinéma aime depuis toujours mettre en abyme sa propre histoire et ses évolutions, et la transition vers le parlant reste peut-être la période préférée d'Hollywood pour évoquer la chute de certaines de ses icônes, et la naissance de nouveaux talents. Dans le genre, Chantons sous la pluie demeure un classique indétrônable, dont l'ombre plane sur tous les films ayant cherché à traiter le même sujet.

C'est pourquoi Babylon a d'ailleurs la bonne idée de l'assumer et de l'implémenter dans son écriture. Chazelle reprend certains des passages-clés du long-métrage de Stanley Donen et Gene Kelly, à l'instar d'un premier enregistrement en parlant catastrophique, pour mieux tisser des parallèles entre les deux oeuvres. Si Hollywood dévore et digère ceux qui veulent pénétrer le temple, Chantons sous la pluie devient littéralement le chef-d'oeuvre qui s'est nourri du malheur nécessaire de ceux qui ont essuyé les plâtres.

Difficile de lui en vouloir quand le film s'impose encore aujourd'hui comme l'une des meilleures comédies musicales de tous les temps. Un sommet de chorégraphie, de scénographie et de pure cinégénie, où les corps et les voix se mêlent, se démêlent et se cherchent une identité. Le septième art est peut-être fondé sur des incertitudes et des expérimentations permanentes, mais une chose reste éternelle : la joie que procure la danse de Gene Kelly au milieu de cette magnifique averse.

 

BOULEVARD DU CRÉPUSCULE

Sortie : 1950 - Durée : 1h50

 

Boulevard du Crépuscule : Gloria SwansonL'antre de la folie

 

Avant que Damian Chazelle ou Stanley Donen et Gene Kelly s'en emparent, le réalisateur Billy Wilder s'est lui aussi penché sur les bouleversements de l'industrie hollywoodienne avec le passage au cinéma parlant dans l'envoûtant Boulevard du Crépuscule. L'histoire s'articule autour de la rencontre et de la relation malsaine et opportuniste qu'entretiennent un scénariste raté et une ancienne idole du muet persuadée qu'elle pourra un jour faire son grand retour devant les caméras, sans prendre la mesure de sa propre obsolescence (et ce avec encore plus d'aveuglement et d'amertume que le personnage de Brad Pitt). 

Le film est un reflet d'un paysage hollywoodien métamorphosé et joue habilement avec ses références et repères temporels, notamment en ayant confié le rôle de l'extravagante Norma à Gloria Swanson, une grande star du muet en déclin avec laquelle elle partage plus d'un point commun (bien qu'elle ait réussi là où son personnage a échoué). Certaines personnalités jouent également leur propre rôle, à l'image du réalisateur Cecil B. DeMille, tiraillé entre son affection pour son ancienne protégée et l'évidence qu'elle ne sera jamais capable de s'adapter au nouveau monde. 

L'impressionnant manoir de Norma symbolise quant à lui toute l'opulence et la décadence d'une époque euphorique, prenant des airs de sarcophage où s'empilent vainement trésors et antiquités dont l'ancienne actrice fait désormais partie (comme le rappelle également sa voiture de collection, qui contrairement à elle gagne en valeur à mesure qu'elle vieillit). Ce cynisme et cette amertume cinglante atteignent leur point culminant lors de la séquence finale, aussi grandiloquente, pathétique et culte que le personnage et tout ce qu'elle représente. 

 

BOOGIE NIGHTS

Sortie : 1998 - Durée : 2h33

 

Boogie Nights : Photo Burt Reynolds, Mark Wahlberg, Julianne Moore, John C. Reilly, Philip Seymour Hoffman"Family is our fortress"

 

Comme BabylonBoogie Nights est une grande fresque qui raconte le cinéma autour d'un groupe de personnages, au fil des années, des succès, des échecs et des drames. Certes, c'est du cinéma porno, mais peu importe : Paul Thomas Anderson attaque son sujet avec la même fièvre que Damien Chazelle, et raconte lui aussi l'avènement et la chute de tout un monde à travers le crash de plusieurs destins.

Il s'intéresse à Dirk Diggler, un Rocco Siffredi californien qu'il avait inventé au lycée pour un court-métrage sous forme de faux documentaire, en s'inspirant du véritable acteur porno John Holmes. Mais c'est une véritable "famille" qu'il raconte autour de lui, avec une brochette de personnages fantastiques, interprétés par les formidables Burt Reynolds, Julianne Moore, John C. Reilly, Heather Graham, William H. Macy, Philip Seymour Hoffman, Don Cheadle et bien d'autres. Incroyable mais vrai : même Mark Wahlberg est excellent.

Dernière raison de le (re)voir : c'était seulement le deuxième film de Paul Thomas Anderson, et c'était déjà un chef-d'œuvre. Et Magnolia, Punch-Drunk Love, There Will Be Blood, The Master, Inherent Vice, Phantom Thread et Licorice Pizza ont confirmé ce talent incédent.

 

MOULIN ROUGE !

Sortie : 2001 - Durée : 2h06

 

Moulin Rouge ! : photo, Nicole KidmanLe rouge et bientôt le noir

 

Comme Damien Chazelle, Baz Luhrmann aime la musique, et ça transpire dans son cinéma. Moulin Rouge ! est certainement son grand film, qui réunit tous ses excès, toute sa folie, toute son énergie et toutes ses ambitions dans un pot-pourri baroque susceptible de donner le tournis et/ou la nausée. A condition d'y adhérer, le spectacle est incroyable, et unique en son genre.

Comme l'histoire d'amour entre Nellie et Manuel dans Babylon, celle de Satine (elle aussi une star) et Christian (lui aussi un jeune homme doux et pur) sert à montrer que tout est un peu pourrissant dans ce monde. Mais ce monde brille aussi de mille feux, et Baz Luhrmann le filme comme une explosion de lumières, de paillettes, de cris, d'alcool, de drogue et de corps à moitié nus.

Comme Hollywood, le cabaret parisien est le théâtre de toutes les débauches, où l'amour pur ne peut évidemment pas plus survivre qu'un poisson à l'air libre. Et si la première heure de Babylon vous a retourné la tête, a priori, vous allez adorer (re)voir Sparkling Diamonds, Spectacular Spectacular, Elephant Love Medley, Come What May, El Tango de Roxanne et The Show Must Go On dans Moulin Rouge !.

 

ONCE UPON A TIME... IN HOLLYWOOD

Sortie : 2019 - Durée : 2h40

 

Once Upon a Time... in Hollywood : Margot RobbieAvec déjà Brad Pitt et déjà Margot Robbie

 

Les mauvaises langues (et il y en a à la rédaction) diraient que Quentin Tarantino a déjà fait en mieux ce que Damien Chazelle voulait accomplir avec Babylon. Les autres affirment que les deux films se complètent très bien. Certes, les deux longs-métrages ne s'attardent pas sur la même période de l'histoire hollywoodienne, mais ils content tous les deux la fin d'une ère. Et tous deux se terminent avec un rappel touchant : la période en question, bien qu'arrivée à son terme, persistera sur les écrans jusqu'à ce que le 7e art cesse de se mettre en scène lui-même.

Chez l'un, c'est via une déferlante d'images. Chez l'autre, c'est grâce à l'uchronie (procédé qu'affectionne particulièrement Tarantino). Mais la finalité est la même : qui mieux que le cinéma pour se replonger dans un âge d'or du cinéma ? Un sujet évident à une époque où la nostalgie est reine. À partir de cette comparaison, les correspondances sautent aux yeux : les comédiens sur le déclin voient leur gloire s'étioler dans des productions étrangères, la société américaine finit par rattraper une usine à rêve excessive... Instauration du code Hays et artificialité pré-années 80 : même combat ? Nous ne serions pas les premiers à poser la question.

En tout bien tout honneur, Once Upon a Time... in Hollywood reste l'oeuvre du réalisateur de Kill Bill : lance-flammes, références de nerd, dialogues truculents et bien entendu voûtes plantaires s'invitent à la fête. L'une des plus belles, par ailleurs, de la carrière de son auteur.

Tout savoir sur Babylon

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commentaires
JTLancer58
07/02/2023 à 09:14

A priori on parle de films au sujet d'Hollywood. J'ai donc du mal à comprendre ce que "Moulin Rouge" fait dans la liste. Il me semble que "Le Jour du Fléau" (Schlesinger) ou le méconnu "Wild Part" (Ivory) seraient plus pertinents ..

Chridoum
06/02/2023 à 19:46

Et living in oblivion

Birdy l'inquisiteur
06/02/2023 à 19:05

@ Ethan : tu devrais vraiment retourner 7x ton clavier avant d'écrire toi...

Ethan
06/02/2023 à 17:09

Les films des années 30 perso trop vieux pour moi

RobinDesBois
06/02/2023 à 16:55

@MisterThee Oui pour Whalberg c'est étonnant, c'est le rôle de sa vie, son meilleur film avec The Yards. Après il avait tenu ces déclarations il y a quelques années, j'espère qu'il a changé d'avis depuis.

Il ne pouvait pas y avoir d'autre Dirk Diggler que lui. PTA voulait Di Caprio dans ce rôle après avoir vu Basketball Diaries, heureusement qu'il a refusé, ça a beau être l'un des meilleurs acteurs de sa génération Whalberg était parfait pour le rôle.

RobinDesBois
06/02/2023 à 16:51

Boogie Nights l'un voir le meilleur film des années 90 à revoir régulièrement. Mais surtout pas OUATIH sa version vide et aseptisée qui se déroule 10 ans plus tôt à quelques km.

Sunset Boulevard chef d'oeuvre immortel.

Singing in The Rain génial.

Moulin Rouge ? Berk, le pire réalisateur de sa génération qui nous dégueule dessus à chaque films.

MisterThee
06/02/2023 à 13:55

j'adore " Incroyable mais vrai : même Mark Wahlberg est excellent"!
Quand on sait qu'aujourd'hui Wahlberg n'assume pas ce film.lol
En revanche, il a pas honte de la planète des singes,, Very Bad Cops, Transformers, phénomènes....?

NemesisTheWarlock
06/02/2023 à 13:21

Tout à fait d'accord sur le fait que ONCE UPON A TIME... IN HOLLYWOOD et BABYLON se complètent à merveille... Est-ce que Brad Pitt y est pour quelque chose ?